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Dynamisme tous azimuts

Dossier décembre 2017

Dynamisme tous azimuts

L’avènement de la banque participative apportera de réels changements; elle aura ainsi un impact aussi bien sur le consommateur final que sur le paysage économique national. Avec cinq banques et trois fenêtres participatives, elle permettra non seulement à l’activité de banque participative de démarrer avec une concurrence saine, mais également de concurrencer l’offre conventionnelle

La majorité des banques ayant reçu l’accord de BAM ont lancé leur entité participative. Entre fenêtre et filiale, les banques ont fait leur choix. Les activités étant lancées, la concurrence est donc déclarée.
Cela fait presque une année que Bank Al-Maghrib a accordé les agréments aux établissements participatifs. Sur plus de dix opérateurs ayant déposé leur dossier, cinq banques participatives ont été retenues par la banque centrale. Cette dernière avait également délivré trois autorisations à des banques classiques pour commercialiser des produits participatifs.
Ainsi, à date d’aujourd’hui, quatre banques ont déjà ouvert leurs portes aux clients. Il s’agit d’Umnia Bank (filiale de CIH Bank et Qatar International Islamic Bank), qui a été la première à le faire en mettant en rodage, depuis le 22 mai dernier, trois agences à Casablanca et Rabat, qui avaient pour seul objectif d’établir un premier contact avec le marché. La banque ne s’est réellement mise aux affaires que le 24 juillet. Le même jour, Bank Assafa, la filiale participative d’Attijariwafa bank ouvrait, d’une traite, 20 agences à travers le territoire national, en plus d’une agence digitale. Bank Al Yousr, filiale du groupe BCP et du Saoudien Guidance a démarré en aout dernier, et Crédit Agricole Maroc qui a donné en novembre dernier le coup d’envoi de sa banque participative Al Akhdar Bank, créée en partenariat avec la société islamique pour le développement du secteur privé (ICD). La filiale participative de BMCE Bank of Africa est donc la seule qui n’a pas encore entamé son activité. En ce qui concerne les autorisations accordées aux banques conventionnelles, c’est-à-dire la création de fenêtres participatives, Crédit du Maroc a annoncé le lancement de sa marque Arreda, dédiée à la finance participative. De son côté, Société Générale a lancé Dar Al Amane. Pour sa part, BMCI a annoncé le démarrage de la banque participative «Najmah» avant la fin de l’année. 

Le détail des offres
Selon le cadre législatif dédié à la finance participative, les établissements financiers peuvent donc aujourd’hui commercialiser quatre principaux produits: Mourabaha, Ijara, Moucharaka, Moudaraba. Les modalités de leur commercialisation et les conditions pour les dépôts des clients ont été fixées par des circulaires publiées au Bulletin officiel en mars 2017. «Nous travaillons activement pour répondre aux attentes de la clientèle, particuliers, professionnels et entreprises, tout en adoptant une démarche progressive. Pour les particuliers, par exemple, nous avons lancé une gamme complète de produits de banque au quotidien (comptes courants, cartes bancaires, service de banque par Internet, sur application mobile et par téléphone…), une gamme de produits qui sera bientôt complétée d’une offre de financement via Mourabaha, Ijara…et d’une autre offre d’investissement», annonce Hounaida Boukhari, directrice de Dar Al Amane, filiale de la Société Générale. De ce fait, les clients désireux de se tourner vers ces nouveaux établissements bancaires peuvent financer leurs projets en optant pour Mourabaha, le plus connu et le plus ancien des cinq produits alternatifs autorisés. C’est un contrat de vente par lequel la banque participative vend un bien meuble ou immobilier de sa propriété à un client moyennant une commission. Ijara désigne un contrat par lequel la banque participative met en location un bien en sa possession pour le compte d’un client, en contrepartie d’un loyer fixe ou variable. Le produit Moucharaka permet à la banque de participer au capital d’une société pour financer un projet nouveau ou existant. Pour Moudaraba, c’est carrément une somme d’argent qui est mise à la disposition d’un client pour la réalisation d’un projet. De son côté, Umnia Bank, la première à être opérationnelle dans l’activité participative, en plus des produits liés à la banque au quotidien, la monétique, l’épargne et le financement, «la banque compte mettre prochainement sur le marché de nouveaux produits que sont le financement automobile et les dépôts d’investissement et ce, dès validation des contrats par le Conseil supérieur des oulémas», assure Adnane El Gueddari, directeur général de Umnia Bank.

Environnement concurrentiel
Toutefois, le lancement de l’activité de la banque participative a été tout de même mouvementé, dans le sens où les banques qui étaient préparées au coup d’envoi de Bank Al-Maghrib se sont disputé le titre de «première banque participative». C’était le cas de Umnia Bank et Bank Assafa. Surtout quand la filiale de CIH a lancé sa communication autour de l’ouverture de ses agences en se targuant d’être la première banque participative marocaine, alors que les conventions de comptes n’étaient pas encore opérationnelles, Bank Assafa avait réagi par une conférence de presse où elle a insisté sur son histoire et sa présence sur ce marché depuis 2010. «Nous avons contribué à l’émergence de la finance participative en faisant la promotion de cette finance, en éduquant le marché et en vulgarisant ses concepts», appuyait Youssef Baghdadi, directeur générale de Bank Assafa. La position de leader est aujourd’hui disputée par ces deux entités qui se sont lancées avec un réseau d’une dizaine d’agences dédiées. Contactés par Economie Entreprises, les responsables de la banque n’ont pas donné suite à nos multiples demandes d’entretien. En tout cas, étant la première banque à s’être lancée, dès la publication de l’agrément de la banque centrale, Umnia Bank a ouvert ses premières agences à Casablanca et Rabat pour accueillir des clients et répondre à leurs questions. «Le succès était immédiat, en témoignent les milliers de clients qui ont visité nos agences. Cet engouement s’est traduit, par la suite, par plusieurs milliers d’ouvertures de comptes, de souscriptions aux produits et services, de centaines de dossiers de financement immobiliers», affirme le directeur général de Umnia Bank. Aujourd’hui, plusieurs clients ont ainsi pu concrètement financer leur acquisition immobilière grâce à la Murabaha. De son côté, Hounaida Boukhari est satisfaite du bilan de sa banque: «Le bilan est très positif, Dar Al Amane lance son activité avec un premier lot de quatre agences dans trois villes  pour plus de proximité: trois à Casablanca, une à Marrakech, et une à Agadir et bientôt une à Tanger». La filiale de la Société Générale a reçu un flux important de clients intéressés par l’offre Dar Al Amane, avant même de lancer sa campagne publicitaire. Ce flux a été accentué après la campagne. «Nous avons assisté à des centaines de comptes ouverts et cela continue avec l’offre produit que nous étoffons au fur et à mesure», annonce la DG de Dar Al Amane. Même si les banques participatives ont effectivement démarré leur activité après des années d’attente, il n’en reste pas moins que ces établissements ne tournent pas à plein régime.
Les produits plus complexes ne sont pas encore disponibles, car l’écosystème de la finance participative n’est pas encore complet. L’assurance Takaful et les Sukuk, mécanismes nécessaires au marché monétaire participatif sans lesquels les contrats de financement participatifs ne peuvent être opérationnels, ne sont pas encore mis en place.