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Pari mutuel, une autre paire de manches !

Dossier août 2021

Pari mutuel, une autre paire de manches !

Le pari mutuel connaît également une situation de monopole, l’exclusivité étant accordée à la Sorec. Les jeux hippiques gérés par la Sorec réalisent trois quarts du chiffre d’affaires du jeu sportif.

Le pari mutuel connait également une situation de monopole au Maroc. Sur le plan commercial, la Sorec est l’opérateur exclusif de pari mutuel sur les courses de chevaux. Les jeux hippiques sont organisés selon ce principe, qui consiste, comme son nom l’indique, à mutualiser l’ensemble des enjeux misés en une masse commune, redistribuée par la suite aux gagnants au prorata de leurs mises à hauteur de 70%. C’est en gros la mission de la Société royale d’encouragement du cheval, entreprise publique qui s’occupe aussi de l’élevage des chevaux, de la gestion des haras nationaux et de l’organisation des courses hippiques. Un prélèvement de 30% est effectué avant l’opération de la distribution et permet de financer la filière équine (10%) ainsi que de verser à l’Etat une contribution fiscale (20%). Autre spécificité, les joueurs ont la possibilité de jouer sur les courses marocaines et françaises, conformément à un programme que la Sorec réalise. En effet, à travers un ancien accord scellé avec l’opérateur historique français PMU, les joueurs ont accès aux courses hippiques qui se déroulent sur le sol français, au même titre que celles organisées dans les sept hippodromes nationaux. La Sorec dispose par ailleurs d’un réseau commercial de 600 points de vente, qui totalisent plus d’un million de transactions journalières.

Il y a quelques années, les jeux hippiques gérés par la Sorec réalisaient trois quarts du chiffre d’affaires du jeu sportif. Actuellement, le chiffre d’affaires annuel est de 7,2 milliards de dirhams, en baisse par rapport aux années précédentes, selon Omar Skalli, directeur général de la Sorec. Cette baisse est-elle due à la crise sanitaire? La Sorec répond par l’affirmative. «La Covid-19 a eu un impact certain sur plusieurs secteurs. La suspension des courses de chevaux dans plusieurs pays a eu pour conséquence une baisse de l’activité commerciale. Suite à l’annonce de l’état d’urgence sanitaire au Maroc, notre réseau physique était fermé pendant presque trois mois, nous avons donc mis en place un dispositif pour orienter toute notre offre vers nos services de jeux en ligne et de prise de paris par téléphone», nous dit Omar Skalli.

Boom digital

Sans aucun doute, de nouvelles orientations stratégiques s’imposent pour s’adapter à la nouvelle conjoncture économique et sociale. Déjà, à partir de 2021, la Sorec a intégré la nouvelle stratégie du Plan Maroc Vert, Green Génération 2020-2030. «Cette nouvelle stratégie de développement vise à consolider les acquis de la filière équine des dix dernières années, tout en donnant la priorité à l’élément humain, pour faire émerger une classe moyenne agricole en mesure de jouer un rôle important dans l’équilibre social et économique du milieu rural du Maroc», poursuit Omar Skalli. Quel que soit le bilan de cette décennie, la responsabilité sera endossée par la Sorec. Pour cause, depuis 2011, elle met en œuvre la stratégie nationale de la filière équine à laquelle incombe une mission très ambitieuse. Celle-ci consiste «à positionner le Maroc comme un pays du cheval et la filière équine comme un moteur de développement social et économique».
La filière équine étant une discipline très traditionnelle au Maroc, une question s’impose: comment la Sorec s’est-elle adaptée avec l’explosion des outils et des canaux digitaux? Omar Skalli est serein. «La notion d’adaptation est au cœur de la situation de crise que nous traversons. Durant ces dernières années, la digitalisation s’est fortement accélérée à la Sorec. Nos équipes se sont mobilisées pour placer le digital dans l’ensemble de nos démarches et de nos offres, y compris la prise des paris», nous répond-il. Aujourd’hui indispensable, cette digitalisation permet à la Sorec de suivre l’évolution des attentes aussi bien des clients que des partenaires. C’est pour cela que la Sorec a lancé plusieurs canaux et outils digitaux ciblant ses différents clients: éleveurs, propriétaires, joueurs et partenaires. «A titre d’exemple, le programme des courses est disponible aujourd’hui via notre application mobile Sorec Maroc, sur notre site internet et envoyé systématiquement par mailing à nos joueurs. Ces derniers peuvent aussi suivre les courses en direct et en streaming soit dans nos points de vente ou bien directement sur notre application mobile et sur notre chaine YouTube», tient à expliquer le directeur général. Depuis avril 2020, les clients ont aussi la possibilité de parier en ligne.

Logistique et infrastructures

Derrière le pari mutuel, les courses hippiques nécessitent des investissements et une logistique très développée. La filière équine est constituée d’un effectif de chevaux renforcé par le Barbe, dont le nombre a dépassé 100.000 depuis quelques années. Si ce chiffre n’est pas mis à jour, il a sûrement connu, selon le recensement régulier effectué par la Sorec, une croissance de plus 50% après le lancement de la stratégie nationale de la filière équine en 2011. Chaque année, les naissances atteignent environ 6.500, toutes races confondues. Mais ce sont plutôt les concours qui donnent aux paris mutuels une vie et une visibilité. Chaque année, plus de 2.300 courses nationales sont organisées, dont 23 avec prises de paris européens. En gros, ce sont environ 4.700 chevaux qui sont à l’entraînement, et 2500 propriétaires de chevaux. Pour ce qui est de la Tbourida, plus d’une vingtaine de concours sont organisés par la Sorec, avec plus de 5.000 chevaux partants. Enfin, une vingtaine de concours d’élevage a lieu annuellement, avec environ 4.000 chevaux participants. Mais ces deux dernières activités, si elles renforcent la filière équine, ne servent pas aux paris.
Par ailleurs, le nombre annuel des courses hippiques a connu une augmentation annuelle considérable qui a dépassé 30% (500 de plus entre 2011 et 2015). Parallèlement, le nombre de chevaux s’est également multiplié, surtout les premières années ayant suivi le lancement de la stratégie nationale. On parle d’un bond annuel de plus 40% des chevaux participants entrant en lice dans les compétitions hippiques nationales. Il y a eu également des nouveautés au cours de la dernière décennie, avec l’organisation des courses de pur-sang anglais, exportées vers les pays d’Europe à partir de 2014. En 2015, une vingtaine de courses de pur-sang anglais a été organisée au Maroc.