fbpx

Quand Paris fait pression sur les visas

Actualité #212 octobre 2021

Quand Paris fait pression sur les visas

 

Et si s’était le phénomène Zemmour ? A quelques mois des échéances présidentielle, la France est plongé dans un contexte où le discours de l’extrême droite cristallise le débat avec le projet de candidature du journaliste, polémiste, Éric Zemmour devenu ces dernières années la figure emblématique de ce courant ultra-nationaliste et dont le fonds de commerce n’est que Islam, phobie des étrangers, grand remplacement…Et aujourd’hui faut croire que ce discours commence à déteindre sur la France. Gérer depuis avec diplomatie, le gouvernement Macron décide de passer à la vitesse supérieure concernant le dossier d’expulsion des ressortissants des pays du Maghreb. Dans un communiqué, le gouvernement français a annoncé, le durcissement des conditions d’obtention des visas pour les citoyens du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, prétendant que ces pays refusent de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour de leurs ressortissants refoulés de la France. Cette décision à fait mouche non seulement du côté de l’opinion nationale française mais aussi dans la sphère maghrébine. Au niveau de l’opposition française, les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour l’opposition française, c’est une décision opportuniste. «Le gouvernement aura attendu septembre pour sévir sur l’octroi des visas», dénonce Marine Le Pen sur son compte Twitter. A gauche, la critique est plus vive. «Zemmour ne conseille pas seulement Macron, il inspire maintenant ses décisions», déclare Éric Coquerel, député LFI (la France insoumise) sur Twitter. Du côté Maroc, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, estime que cette décision est injustifiée pour deux raisons: la première est que le Maroc a toujours traité la question de l’immigration et de la circulation des personnes à partir de la logique de responsabilité, ainsi que celle de l’équilibre permanent entre le fait de faciliter la circulation des personnes, qu’elles soient étudiantes, hommes d’affaires ou voyageurs à des fins médicales, et le fait de lutter contre l’immigration clandestine. La deuxième raison est que le Maroc, sur la base de cette responsabilité, a donné des instructions claires dans cette démarche. Au cours des 8 derniers mois, les consulats marocains ont soumis environ 400 documents à des personnes en situation irrégulière, et donc se fier à ce critère n’est pas approprié. Bourita, a affirmé que le problème est purement français, car le retour de tout citoyen marocain au Maroc dépend de deux conditions: la première est un document qui prouve que la personne est marocaine. Et en raison de la pandémie de coronavirus, le Maroc a également posé parmi les conditions celle de fournir un test PCR avant de pouvoir entrer sur le territoire marocain. Contacté par Economie Entreprises afin de mieux comprendre cette décision de l’Elysée, le professeur en relation international Mohammed benhammou nous a fait savoir que cette décision est purement électoraliste et est destinée à un électorat de droite. Toujours selon notre interlocuteur, l’enjeu ce n’est pas en tout cas la gestion de l’immigration. «Cette une décision est inopportune et hâtive». Pour rappel, la France a délivré 18.579 visas en 2021 pour 24.191 demandés par des Marocains, un nombre par ailleurs très nettement en baisse. À titre de comparaison, en 2019, avant la pandémie de coronavirus, elle en délivrait 346.000 pour 420.000 demandes.