fbpx

Les MRE sont-ils gâtés ?

Débat août 2021

Les MRE sont-ils gâtés ?

La décision de prendre en charge une partie des billets d’avion et de bateau pour soutenir le retour des MRE au Maroc en cette deuxième année de pandémie a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux, notamment sur ce qui a été considéré comme du favoritisme vis-à vis de cette partie de la population marocaine. Une occasion de revenir avec Driss El Yazami et Mohamed Ezzouak sur les politiques publiques à destination des MRE ainsi que les perspectives de cette catégorie qui ne cesse de croître et de muter.

Le versement d’une aide aux MRE a fait beaucoup couler d’encre, notamment sur la légitimité de toucher des subventions alors qu’on n’est pas contributeur fiscal. Comment percevez-vous cette polémique ?
Driss El Yazami (D.E.Y) : Ce n’est pas en termes monétaires qu’il faut appréhender la relation à la communauté marocaine de l’étranger. Cette approche me rappelle un peu la polémique sur l’apport de l’immigration à l’économie française vs son coût. Un débat impossible. Le geste dont on parle est une nouvelle réaffirmation de la sollicitude royale d’abord. C’est ensuite un geste de solidarité et de compassion envers les Marocains du Maroc et leurs proches émigrés. Cette initiative permet à des familles de se retrouver après deux ans de séparation et de souffrances : de nombreuses familles n’ont pas pu faire leur deuil lorsque la pandémie a frappé ici ou là-bas. La contribution des MRE se mesure aussi de différentes manières, au-delà des transferts monétaires. Il y a eu une contribution historique à l’indépendance du Maroc, puis à l’édification de l’Etat et une contribution essentielle à la culture marocaine. On ne peut concevoir la culture marocaine du XXe siècle sans l’apport de l’émigration dans le cinéma, le théâtre, les arts plastiques, la littérature, la musique, etc.
Donc il faut la voir comme un moyen de maintien du lien social…
D.E.Y. : C’est une re-fécondation du lien. Le lien d’une population expatriée à sa terre d’origine, en prenant en compte la diversité des générations, la diversité des itinéraires migratoires, des histoires personnelles… Ce lien doit être en permanence nourri, réalimenté, ré-enrichi. Il ne doit pas rester désincarné. Il faut le nourrir et le réinventer. C’est ce qui vient d’être fait de manière remarquable comme l’a prouvé la réaction des Marocains du monde au geste royal.
Mohamed Ezzouak (M.E) : Je pense qu’il ne faut pas oublier que le Maroc et les Marocains résidant à l’étranger sont passés par une phase extrêmement délicate et violente. Le Maroc était obligé de fermer ses frontières et d’interdire plusieurs aspects de la circulation transfrontalière et notamment le cas du rapatriement des dépouilles. Les MRE avaient l’habitude de prendre une assurance auprès des banques marocaines pour pouvoir se faire rapatrier en cas de décès. Car pour une majorité il était inconcevable d’être enterré dans le pays de résidence. Ils avaient besoin d’être inhumés dans leur terre natale, voire dans leurs douars d’origine. Et ce n’était plus possible. Vous imaginez une famille pour qui le père souscrivait une assurance qu’il a payée toute sa vie sans pouvoir être enterré dans son pays? Ça a créé une grande déstabilisation des relations, face au deuil et à la violence de la situation. C’est un élément fondamental en termes de liens avec le pays. Certains pays subventionnent les rapatriements en cas de décès d’un des membres de leur diaspora. Ce n’est pas le cas du Maroc sauf dans des cas très particuliers. Beaucoup ont critiqué le Maroc sur ce point, même si c’est dans le cadre d’un cas de force majeure. Il y a aussi le fait que l’été dernier l’opération Marhaba n’a pas eu lieu, du moins elle a eu lieu de manière très restreinte, ce qui a distendu le lien. Ça a des effets sur les mentalités et les consciences sur le long terme, même si c’est difficile à mesurer. On sentait, que ce soit au niveau des forums de Yabiladi ou des commentaires, une tension qui montait chez la diaspora dès le début du Ramadan. Avec la détente pandémique, les gens ont commencé à acheter les billets pour les 10-11 juin, et avec l’annonce de l’ouverture des frontières, même restreintes pour le 16 juin, il y avait un soulagement. Mais quand les gens ont vu les tarifs des billets, il y a eu une désillusion. Il y a eu une polémique énorme que ce soit au niveau des réseaux sociaux ou des forums de discussion. Les mots utilisés étaient durs que ce soit vis-à-vis du pays ou de la compagnie nationale comme quoi le Maroc prenait ses MRE pour des «moutons qu’on veut tondre». Une partie de la population estimait qu’il était tout à fait légitime de rentrer au pays après plus d’un an et demi d’impossibilité de visiter sa famille. D’une certaine manière, le Maroc et les plus hautes autorités ont compris que la situation pouvait déraper dans la relation avec la diaspora avec une forme de cassure avec les nouvelles générations. C’est une mesure qui me semble prise un peu à la dernière minute. Je n’ai pas l’impression que c’était un choix fait il y a longtemps et c’est une manière d’éteindre un incendie et de calmer les choses auprès de la diaspora. Et je pense que c’est une bonne chose. Ceci dit, on pourrait faire la fine bouche et se dire qu’il y aurait eu d’autres manières de réagir pour envoyer un message à cette diaspora. Le financement des billets aurait pu être fait de manière plus optimale. Ce qui a été fait aujourd’hui c’est qu’on subventionne la compagnie nationale, ce qui pose un problème par rapport aux autres qui viennent via d’autres compagnies, et ce n’est pas encore très clair sur le remboursement des bateaux. Au final le Maroc n’a pas subventionné que les MRE, il a subventionné tous ceux qui prennent l’avion pour le Maroc, parce qu’il n’y a pas de critère de nationalité. Ce qu’il aurait été possible de faire c’est d’assurer une gratuité pour les enfants, ça aurait été plus fort symboliquement. C’est une manière de dire qu’on ne veut pas que le lien soit coupé. Ça aurait été une opération passerelle pour le maintien du fil avec ces générations, en plus de l’opération Marhaba. Et ça aurait été plus accepté par les Marocains du Maroc. Si on revient à la question d’un point de vue purement financier, premièrement les MRE contribuent fiscalement s’ils ont des activités au Maroc, en plus de la TVA, etc. Deuxièmement, il n’y a rien qui oblige que ce ne soit que les contributeurs fiscaux qui bénéficient des subventions. Sinon il faut instaurer le suffrage censitaire. Quand le Maroc décide (et c’est une très bonne chose) de donner l’aide Covid-19 à des populations qui avaient des emplois précaires dans l’informel qui n’ont pas de revenus déclarés, est-ce qu’il ne fallait pas le faire? Au contraire il fallait le faire. Quand Peugeot ou Renault bénéficient de subvention pour installer des usines au Maroc, est-ce que ces entreprises étaient contributrices fiscales avant?
Si c’est pertinent comme approche, pourquoi ne pas le faire de manière permanente ?
D.E.Y : Je ne conçois pas la relation entre « diaspora » et pays d’origine comme la résultante d’une panoplie de petites mesures financières. Les transferts des Marocains du monde ont augmenté en pleine pandémie, non pas parce qu’il y a eu une mesure publique, mais par sentiment de solidarité et de proximité avec les familles, alors même que les MRE ont eux-mêmes souffert de la pandémie et de la crise qui en a découlé. Il faut évidemment imaginer des mesures pour faciliter la circulation et la mobilité des MRE. Mais fondamentalement, c’est une politique globale inscrite dans la durée qui nourrit ce lien profond, multiple, complexe, diversifié selon les pays de résidence, les générations, le genre, les individus. Personnellement, je suis très sensible à l’apport scientifique et culturel des Marocains du monde. Nous avons une histoire qui est marquée par l’immigration. Le futur Centre des cultures du Maroc va ouvrir à Paris au 115 Bd Saint-Michel, le siège historique de l’Association des étudiants musulmans nord-africains depuis les années 1920. Des générations de nationalistes maghrébins y ont été formées, pratiquement tout le personnel politique au Maroc et dans les autres pays, jusqu’à récemment. De grands chanteurs marocains (Haj Belaid, Hocine Slaoui, …), des écrivains (Driss Chraïbi, Abdellatif Laabi, Tahar Ben Jelloun et aujourd’hui Leila Slimani, Abdelkader Benali aux Pays-Bas) sont des expatriés ou de descendants d’émigrés. C’est un apport qui n’a pas de prix et qui me semble essentiel. On sait qu’aujourd’hui la communication avec les MRE joue un rôle dans l’évolution des normes de la société marocaine et que les transferts renforcent la scolarisation des filles. C’est un apport multiple et c’est à cela qu’il faut réfléchir et repenser.
Est-ce que ce sont ces apports qui justifient l’existence d’un ministère des MRE ?
M.E : Le postulat de départ est que les Marocains de l’étranger ont un lien et ont maintenu ce lien de manière très forte de génération à génération, ce qui est un vrai exploit, car pour le coup on a eu d’autres diasporas où ce lien s’est distendu. C’est une vraie chance pour le Maroc. Ce pays a une longue expérience de politiques publiques à destination de sa diaspora. Déjà à l’époque de Hassan II, les TME, comme on les appelait, les Travailleurs Marocains à l’Etranger, il y avait des politiques qui visaient à envoyer de la force de travail, et donner une soupape dans nos régions où il n’y avait pas d’emploi. On laissait les gens travailler à l’étranger pour ramener de l’argent et d’autres choses qui n’étaient pas prévues et c’était tout bénef pour le Maroc. Je vous renvoie d’ailleurs au livre de Youssef Courbage sur le rôle de la diaspora marocaine versus la diaspora égyptienne. L’une qui s’est orientée vers l’Europe et elle a ramené, d’une certaine manière, une révolution des mentalités comme la scolarité des petites filles dans les campagnes versus la diaspora égyptienne essentiellement orientée vers les pays du Golfe et qui beaucoup a ramené l’islam politique dans son pays d’origine. L’existence de la diaspora a permis de mettre en place une expérience de politiques publiques, avec des députés issus des MRE dans les années 80, un secrétariat d’Etat, la Fondation Hassan II, le CCME, qui avec son rôle consultatif a pour mission de prendre du recul et de réfléchir de manière prospective… Tout ça a participé à un changement de mentalité par rapport à la diaspora. D’expliquer qu’elle a évolué d’un point de vue démographique, culturel, politique etc. Si tout ça c’est le côté positif, en même temps, il y a deux défauts dans cette logique de représentation politique des MRE, notamment avec le ministère ou le secrétariat d’Etat. C’est-à-dire qu’il est là beaucoup pour communiquer et très peu pour agir. Ça dépend bien sûr des ministres qui peuvent être volontaristes, comme Mohamed Ameur… Il y a eu aussi des moments de vide complet où le ministère ne faisait que de la communication, ce qui fait qu’on a l’impression que les MRE sont gâtés avec un ministère, un budget, une, voire deux fondations, le CCME… ça fait 3 ou 4 institutions qui s’occupent des MRE alors que la population du Maroc est dans le besoin. Ce qui me dérange c’est qu’il y a trop de communication par rapport à la réalité effective des politiques publiques. Deuxièmement, le fait que le ministère soit politisé. Ce qui fait que, selon le changement de gouvernement, il y a des blocages, du populisme parfois, des décisions qui sont parfois orientées de manière partisane, qui ne sont pas forcément dans l’intérêt du Maroc ou celui des MRE. A mon sens, l’idéal serait d’avoir une agence nationale qui regroupe les différents organismes qui s’occupent des MRE et qui a, à la fois un rôle d’étude, de prospective, ainsi qu’un rôle d’accompagnement des politiques publiques. Elle doit être mieux dotée de compétences, qu’elle les rassemble au lieu de rester chacun dans son coin. On gagnerait en efficacité s’il y a une grande agence publique à destination de la diaspora qui soit le bras armé de l’Etat, comme ce qui a été proposé, un peu, par la CSMD pour la culture.
Une agence dépendant de qui ?
M.E : Elle dépendrait du chef du gouvernement et devra avoir une large autonomie. Les institutions qui marchent le mieux au Maroc sont celles qui ont une indépendance surtout lorsqu’on est dans un domaine où on n’a pas forcément besoin d’un ancrage politique. On a un ministère de l’habitat, on a celui des affaires étrangères, avoir un ministère délégué qui dépend du MAE n’est pas la meilleure solution. Je pense qu’aujourd’hui il faut passer à un nouveau palier même si on a eu très tôt des politiques publiques à destination des MRE, une agence pourrait être plus efficace pour prendre en compte les évolutions de la diaspora. Elle gagnerait aussi en légitimité puisqu’elle ne serait plus sous le chapeau politique.
Vous pensez que l’existence d’autant d’institutions se justifie ?
D.E.Y : Il faut me semble-t-il considérer les choses sur la longue durée, en faisant en même temps du benchmark avec d’autres pays. Le Maroc a développé ce qu’on appelle une « politique de la diaspora » très tôt comme on vient de le rappeler : mise en place des Amicales des travailleurs et commerçants marocains dès les années 1970 parallèlement à l’ouverture des premiers guichets de banque, et dès 1984, quatre parlementaires de l’émigration sont élus. Nous sommes alors le troisième pays au monde à le faire après la France et le Portugal. Il y a 17 pays qui ont des conseils de la diaspora et une trentaine pays qui ont un ministère de l’émigration. En 1990, la Fondation Hassan II pour les MRE est créée. Elle est notamment dédiée à l’enseignement de l’arabe en Europe avec des centaines d’enseignants. Là non plus nous ne sommes pas seuls comme le montre le Portugal. Aujourd’hui donc, des pays, de plus en plus nombreux, s’occupent de leur communauté expatriée et développent divers dispositifs et modalités. Notre dispositif institutionnel est diversifié, certains disent divisé mais je ne suis pas d’accord. IRESEN a lancé un site sur les énergies vertes dédié aux Marocains du monde. C’est à mes yeux une bonne chose, qui n’est pas en contradiction avec d’autres initiatives. Elle les enrichit. En même temps, le conseil national de la recherche scientifique qui vient d’être créé a oublié d’intégrer les Marocains du monde, alors même que le rapport de la CSMD insiste sur la contribution scientifique des Marocains de l’étranger… L’enjeu est la cohérence globale, ainsi que l’évaluation permanente dudit dispositif pour l’adapter aux mutations des communautés. Ssi Ezzouak a parlé de la recommandation de la CSMD de créer une agence marocaine d’action culturelle. Je me félicité que cette proposition du CCME ait été reprise car une des principales attentes des MRE est une offre culturelle étendue. Une telle agence est d’ailleurs nécessaire et pas seulement en direction des Marocains du monde, mais aussi pour renforcer l’action diplomatique du pays, son positionnement comme destination touristique, etc. On peut rejeter la création d’une telle agence au prétexte qu’il y a déjà un dispositif institutionnel. Le fait est qu’aucune institution existante ne remplit de manière suivie et professionnelle ce vide.
Vous avez commencé à dérouler l’historique des politiques publiques vis-à-vis des MRE, je trouve intéressante cette perspective…
D.E.Y : l’élément marquant de cet historique est la démocratisation de l’approche de l’Etat marocain vis-à-vis de la communauté. Durant de nombreuses années, ce sont les Amicales qui ont l’exclusivité des relations avec l’Etat. Mais assez rapidement, plusieurs responsables mettent en doute leur représentativité et leur efficacité et se rendent compte de la prévarication de certains de leurs dirigeants. Dans son rapport final rendu public fin 2005, L’Instance Equité et Réconciliation demande aux pouvoirs publics de travailler avec toutes les associations et plus seulement avec ces Amicales qui jouaient un rôle négatif, notamment en dénonçant des militants aux autorités. La création du CCME après une consultation très large des associations de l’émigration est une des manifestations de cette démocratisation. Un autre élément de cette histoire est le développement du dispositif consulaire qui a dû s’adapter à une expansion démographique de la communauté qui s’est faite à un rythme rapide et soutenu : moins de 100.000 Marocains en Espagne dans les années 1990, 800.000 aujourd’hui ; de moins de 50.000 en Italie à 600.000 personnes de nos jours. Nous sommes aujourd’hui à 5.174.000 Marocains enregistrés par la Direction des affaires consulaires et sociales. En quelques décennies, le réseau consulaire a dû s’adapter à la mondialisation de la communauté marocaine à l’étranger qui s’est étendue à tous les continents même si elle reste essentiellement européenne, à sa diversification croissante avec la féminisation, le vieillissement, le rajeunissement et l’émergence de nouveaux profils socio-professionnels. Il a dû aussi s’adapter aux changements culturels au sein des communautés qui se révèlent plus exigeantes quant à la qualité des services publics et plus revendicatives, comme on peut le constater sur les réseaux sociaux. On est loin des années 1980 où les travailleurs marocains de l’automobile de la banlieue parisienne n’osaient même pas adhérer à des syndicats démocratiques parce qu’ils avaient peur d’avoir des problèmes au consulat ou en rentrant au pays. Le gouvernement marocain a dû faire face à des mutations profondes des communautés expatriées dont l’extension de l’émigration à toutes les couches sociales et à toutes les régions du pays. Songez par exemple à l’apparition du phénomène des mineurs non accompagnés. Si les autorités marocaines ont pu détecter puis s’adapter avec plus ou moins de rapidité et d’efficacité à ces mutations simultanées, c’est parce qu’il y avait ce dispositif institutionnel. Regardez par exemple le réseau bancaire, qui était il y a trente ans implanté dans les consulats, qui en est sorti et qui est présent aujourd’hui un peu partout en Europe. C’est grâce à l’accompagnement institutionnel que ce réseau a pu se constituer et a pu capter l’épargne des Marocains du monde.
M.E : Pour rester sur les banques, il y a eu quelque chose de très important aussi. Le réseau bancaire marocain en Europe et dans le monde a été développé grâce à la diaspora marocaine. J’irais encore plus loin, c’est que les banques et la bancarisation au Maroc se sont développées grâce aux MRE. Parce qu’ils ont ouvert des comptes à leurs familles pour leur envoyer des fonds, et que grâce à ces fonds en devises, les banques ont pu devenir plus solides leur permettant de se déployer par la suite en Afrique.
Le dispositif dont vous parlez était à la base avec des visées sécuritaires et de contrôle, est-ce que c’est toujours le cas ?
D.E.Y : Il eut en effet une période où feu Sa Majesté Hassan II déconseillait fermement aux Marocains des Pays-Bas de voter aux élections locales et où des dizaines de militants de l’immigration étaient arrêtés pour des périodes plus ou moins longues lors de leurs vacances. Je l’ai moi-même subi. Nous en sommes bien loin. Je crois qu’aujourd’hui, tous les acteurs marocains ont adopté de fait une double démarche : ils acceptent l’intégration définitive des expatriés marocains dans les pays de résidence et développent des politiques susceptibles de maintenir le lien avec la terre d’origine. Cette mue qui a touché progressivement tous les acteurs, publics et privés, peut être illustrée par trois inflexions « officielles » qui marquent autant d’étapes de la démocratisation des relations entre le Royaume et ses émigrés : le rapport final de l’IER en novembre 2005 ; l’avis élaboré à la demande de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Conseil consultatif des droits de l’Homme sur la création du CCME en novembre 2007 et la constitution de 2011.
M.E. : Ça correspondait à un contexte politique marocain des années 70-80, celui des années de plomb. Forcément ce désir de contrôle de la diaspora était un enjeu sécuritaire pour le Maroc. Ça servait aussi les politiques des pays de résidence. Pour casser les grèves on faisait appel aux Amicales. Elles faisaient courir la rumeur auprès des ouvriers que s’ils faisaient grève ils ne pouvaient plus rentrer au Maroc. Au-delà des aspects politiques, les «amicalistes» étaient des sortes d’interface avec les consulats. Pour avoir des papiers, beaucoup de MRE avaient tellement peur d’eux, car proche des consuls, qu’ils se sentaient obligés de passer par eux pour avoir des papiers au consulat. C’est-à-dire qu’ils avaient un pouvoir équivalent au Moqadem ou au Cheikh au Maroc. Ça a créé un rapport clientéliste qui a été contesté par les jeunes dans les années 90-2000. On voit bien qu’il y avait des dysfonctionnements, une économie rentière qui tournait autour, il y avait des privilèges, etc. Donc oui évidemment, il y a eu une évolution de l’institution qui représente l’état du pays d’origine et qui est en contact de la diaspora. C’est une bonne chose et beaucoup de MRE sentent ça même s’il n’y a pas mal de choses à améliorer. Par contre, il ne faut pas se satisfaire des évolutions quand les demandes sont à ce point énormes. Il ne faut pas oublier que les Marocains des Pays-Bas, de France, du Canada ou d’Italie, vont comparer les services que leur offrent les consulats avec ceux offerts par les processus administratifs de leurs pays de résidence. Et souvent ils sont déçus. Je pense que le Maroc a vécu une sorte de big-bang avec l’émigration de la fin des années 90 début 2000 vers de nouvelles destinations. Une explosion de la communauté marocaine vers l’Espagne, l’Italie, le Canada, ou les pays du Golfe, et il a fallu suivre ça. Effectivement ça demande un effort financier et organisationnel énorme. Mais en même temps les doléances et revendications sont encore là. Le Maroc a fait évoluer son état civil vers l’informatisation puis la numérisation, il a simplifié aussi d’un point de vue administratif certaines procédures. Mais il y a encore énormément d’efforts à faire pour arriver au niveau de ce que les Marocains vivent au Canada, aux USA ou en Allemagne. Il va falloir suivre, et là aussi ça va être bénéfique pour le Maroc. Les exigences très élevées de la diaspora vont tirer vers le haut tous les process administratifs. Et c’est dans l’intérêt du Maroc. On vit une révolution technologique qui peut rapprocher les Marocains du pays.
D.E.Y. : Il faut voir me semble-t-il les évolutions dans la durée et en tenant compte de la dimension humaine. Le développement du dispositif consulaire a permis d’absorber le choc de la mondialisation des migrations marocaines et de l’expansion démographique. Nous avons aussi une nouvelle génération de consul.e.s (il y a en effet de plus en plus de femmes consules) qui ont non seulement la volonté d’assurer une qualité de service optimale, mais aussi une vraie capacité de suivi des mutations des communautés. Ce n’est peut-être pas le cas partout, mais on voit de nombreux diplomates qui prennent en compte la montée en puissance des compétences et qui vont à leur contact. Des consul.e.s qui prennent attache avec les jeunes générations, les collectivités territoriales pour attirer des investissements ou développer des projets de coopération décentralisée.
Avec les changements de profils dans la diaspora, comment maintenir les liens avec le pays ?
D.E.Y. : Il nous faut d’abord comprendre ces mutations pour adapter les politiques publiques. J’en vois à minima cinq : la problématique, complexe, des jeunes générations nées et socialisées dans les pays de résidence, les femmes dans l’immigration, la migration des mineurs non accompagnés, les retraités et les personnes âgées et notamment ceux qui n’ont pas procédé au regroupement familial et enfin l’aspiration, croissante, des Marocains et notamment des plus diplômés à la mobilité. Sur toutes ces questions, nous devons développer la recherche marocaine, tout en n’oubliant pas que nous ne sommes pas le seul pays à connaître de tels phénomènes. Ainsi, sur ce qu’il est convenu d’appeler la fuite des compétences (appellation qui me semble trop réductrice), la chercheuse Catherine Wihtol de Wenden rappelle que le taux d’expatriation des diplômés est plus élevé que le niveau d’expatriation globale sur toute la planète, mais que ces taux sont plus élevés en Afrique et en Amérique latine. Alors que les nouvelles générations semblent s’inscrire d’emblée dans un marché de travail mondialisé, marqué par une compétition féroce pour la captation des compétences, est-ce que nous devons élaborer une politique pour « le retour » des compétences marocaines expatriées ou élaborer plutôt une politique pour attirer les compétences quelle que soit leur nationalité dans les secteurs en tension ? Certains responsables marocains semblent déjà agir dans ce sens comme le montre la loi sur les médecins étrangers. Ce n’est pas une politique unique qui considère les communautés de l’étranger comme un ensemble unique et homogène qui permettra de maintenir le lien. Mais plutôt plusieurs politiques ciblées mais articulées, tenant compte de dynamiques migratoires en permanente reconfiguration.
M.E. : Je pense qu’on a eu un très long chemin depuis que Hassan II avait dit que «les Marocains sont des Marocains. Ils feront de mauvais français», à aujourd’hui où le grand-père dans un douar accepte que sa petite-fille se marie avec un Néerlandais par exemple. Aujourd’hui, l’Etat intègre aussi les changements sociétaux et peut accepter que les jeunes marocains n’aient pas une relation exclusive avec le Maroc que ce soit pour les vacances ou pour le travail. Ça simplifie la relation avec sa diaspora, ça la rend plus sereine. La relation a changé le rapport au pays à diverses formes et peut aller de la nostalgie, à la recherche des origines ou le partage d’expériences intergénérationnelles. La relation a changé avec les nouvelles générations, mais le Maroc doit aussi se projeter vers l’avenir. Les liens vont forcément se distendre, mais est-ce qu’ils vont s’atténuer jusqu’à disparaître comme ça s’est passé pour d’autres diasporas, avec une intégration totale voire une assimilation de cette diaspora? C’est possible.
D.E.Y. : Le fondement de la relation est à mes yeux la constitution de 2011, notamment l’article 16 où il est clairement stipulé que « Le Royaume du Maroc œuvre à la protection des droits et des intérêts légitimes des citoyennes et des citoyens marocains résidant à l’étranger, dans le respect du droit international et des lois en vigueur dans les pays d’accueil », et que l’Etat « veille au renforcement de leur contribution au développement de leur patrie, le Maroc, et au resserrement des liens d’amitié et de coopération avec les gouvernements et les sociétés des pays où ils résident ou dont ils sont aussi citoyens. » Le rappel de cet article peut contribuer à instaurer un cadre serein des liens entre les communautés et le Maroc. Cet article dit clairement me semble-t-il que le Maroc est pour une intégration dans les sociétés de résidence dans le cadre du droit, dont le droit international des droits de l’Homme et les différentes lois nationales. Cette position de principe est essentielle lorsqu’on parle par exemple de l’insertion des musulmans dans des sociétés laïques et pluralistes. Il y a en outre dans cet article une reconnaissance explicite de la double appartenance. Ce qui est très rare au niveau international, où Il y a au mieux une reconnaissance de fait et qui correspond me semble-t-il aux dynamiques sociales à l’œuvre.
Au-delà, quels sont les leviers à mettre en place pour maintenir les liens ?
D.E.Y : Fondamentalement, ça dépendra des politiques qu’on développera, mais pas uniquement en matière de migration. Ça dépendra du pays qu’on construit, des valeurs qu’il met en avant, du modèle de société que l’on propose. Les Marocains du monde ne se déterminent pas seulement par rapport aux politiques en matière de migration, mais aussi par rapport au contexte global. L’épreuve qui vient d’être vécue par une jeune italo-marocaine qui se trouve condamnée à 3 ans et demi de prison pour un post sur Facebook est à cet égard emblématique. En dépit de toutes les difficultés qu’ils rencontrent, les MRE se sont habitués à vivre dans des sociétés avancées, démocratiques et pluralistes. Il y a bien évidemment ces poussées de fièvre identitaires qui les renvoient en permanence à l’origine et les somment de choisir, la montée de la xénophobie, … mais les migrants d’origine marocaine manifestent aussi un attachement indéniable aux sociétés où ils sont nés et grandi. Nous devons prendre en compte aussi ce sentiment et accompagner l’enracinement, et non le contrarier. Et en même temps comprendre que le lien n’est pas éternel. Il est fonction de toute une série de paramètres.
M.E : Il y a eu une conscience des transformations dans la communauté. Et il y a eu d’ailleurs des réformes : le code de la famille, le code de la nationalité, plus récemment la réforme de la loi sur l’état civil. On a eu la transformation de l’administration pour qu’il n’y ait pas de tension. Des transformations qui parfois, pas toujours, devancent la société. Mais on est à la croisée des chemins, où il y a énormément de défis. Vous avez cité les compétences. On sent que le Maroc, contrairement à l’époque des TME, a pris conscience qu’on a de super compétences et que le Maroc en a besoin. C’est plus seulement de la main-d’œuvre pourvoyeuse de devises, mais aujourd’hui on est dans une économie mondialisée et pour pénétrer des marchés, pour signer des contrats, pour le soft-power on a besoin de ces compétences à l’étranger. Le Maroc doit prendre les compétences là où elles sont. Le Maroc doit transformer sa relation avec cette diaspora et essentiellement d’un point de vue financier. Est-ce qu’on va rester en 2030 sur cette rente qui est formidable, et qui minimise le recours du Maroc aux marchés financiers internationaux, ou on va essayer de la rendre plus productive ? 6 milliards d’euros qui rentrent au Maroc annuellement ce n’est pas rien. C’est un véritable débat mais on n’a pas réussi encore à avoir des mesures pour pouvoir attirer des MRE investisseurs qui sont une population beaucoup plus exigeante. [Plus ou moins 3% des transferts sont destinés à l’investissement contre 16% en Chine, NDLR]. Les compétences aussi. C’est un débat qui date de l’époque de Nouzha Chekrouni [1998-2002, NDLR], mais qui n’a pas donné grand-chose.
Aujourd’hui ça a été dévolu aux consulats…
D.E.Y. : Contrairement à une idée répandue, le Maroc a été un des premiers pays d’émigration qui s’est posé la question de la mobilisation de ses compétences expatriées. Dès le début des années 1990, des rencontres internationales de Marocains hautement qualifiés ont été organisées sous l’impulsion de feu Abdelaziz Meziane Belfkih, conseiller du souverain, dans le cadre d’un programme du PNUD intitulé TOKTEN. Plusieurs autres programmes ont été lancés depuis (FINCOME, MDM Invest, …). Des acteurs privés comme les banques ou l’OCP se sont aussi intéressés à ces compétences et dans plusieurs pays, des associations de Marocains qualifiés ont vu le jour comme Maroc entrepreneurs, AMGE caravane en France ou DMK en Allemagne. Il y a des initiatives d’acteurs privés comme l’exemple, réussi, de l’Université internationale de Rabat, lancée par Nourredine Mouaddib. Il y a enfin des actions de mobilisation initiées dans le cadre de la coopération bilatérale par des pays comme la France, la Belgique, l’Allemagne ou multilatérale comme l’Université euromed de Fès, présidée par Mostapha Bousmina. Le CCME a contribué aussi à cet effort notamment par l’organisation de conférences et la publication d’une étude-bilan réalisée en 2013 par un anthropologue belgo-marocain, Farid El Asri. Ce qui manque, ce ne sont pas les actions, mais plutôt me semble-t-il une évaluation régulière rigoureuse, une articulation entre toutes les actions et un suivi continu. Il y a peut être une discontinuité avec les changements de responsabilité gouvernementale. Je note enfin que l’apport des compétences marocaines au travail de la CSMD a été significatif. Nous avons d’ailleurs élaboré une contribution sur le sujet à la demande de Si Benmoussa et le rapport final a fait plusieurs recommandations en la matière. Ceci étant dit, l’environnement international est en train de changer et nous avons intérêt à nous y insérer de manière plus active. Quatre dynamiques essentielles s’affirment dont la lutte internationale pour la captation des compétences et une mobilité étudiante croissante, avec dans ce domaine aussi une concurrence importante. En ce qui nous concerne, nous avons une communauté étudiante importante à l’étranger, mais nous sommes aussi un « hub émergent » en matière d’accueil d’étudiants étrangers. Nous assistons aussi à une mondialisation du champ de la recherche scientifique et au développement de niches au niveau du marché international de l’emploi avec une demande de main-d’œuvre peu qualifiée. Les saisonnières marocaines d’Espagne sont un exemple typique de cette dernière évolution.
Comment ces compétences ou High-Po peuvent s’intégrer au Maroc alors que des b.a.-ba, comme l’indépendance académique dans la recherche par exemple, sont sujets à caution au Maroc ?
M.E. : Ça c’est le gap entre pays d’origine et pays de résidence. Tout ne peut pas être changé d’un coup de baguette magique. On ne peut pas avoir la même relation à la ville que Boston ou Amsterdam. Un environnement aussi bon, avec le même climat, etc. Il y aura toujours ce gap que ce soit pour les compétences ou les investisseurs. Il faut essayer d’accompagner ceux qui reviennent, ce ne sont pas les 5 millions qui vont revenir. Ce sont des personnes très ciblées qui ont l’intention de venir, qui sont identifiées comme à forte valeur ajoutée, etc. Et c’est là où les dispositifs d’accompagnement sont importants. Si on prend l’exemple de l’Inde, les universitaires sont ramenés dans des universités spécifiques, où on leur assure le maintien de leurs salaires, un environnement pour leurs enfants avec l’enseignement des langues étrangères, pour leur garantir de maintenir le même niveau que les USA ou la Grande-Bretagne s’ils souhaitaient repartir, etc. Pareil pour les investisseurs que ce soit en Inde ou en Chine. Le Maroc a mis en place un dispositif, depuis longtemps comme Bank Al Amal, dans les années 80, ou plus récemment le fonds MDM Invest mis en place par le ministère des finances, mais ça n’a pas donné beaucoup de résultats. Mais ce n’est pas que financier, parfois c’est le foncier, ou les administrations, la préparation à l’environnement des affaires au Maroc, etc. Parfois ce sont les MRE eux-mêmes qui oublient qu’ils sont quasiment dans un pays étranger. Quand on vient pour investir ou pour travailler, ce n’est pas comme venir en vacances. Il faut pouvoir s’intégrer dans l’environnement. Il faut bien préparer son installation et ça peut durer des années avant de franchir le pas, ce n’est pas sur un coup de tête. Il faut maturer le projet d’installation, et du côté officiel il faut nuancer le discours, et ne pas vendre du rêve. Ce n’est pas «marhba bikoum au pays, revenez», c’est beaucoup plus complexe que ça. Il doit y avoir des dispositifs d’information et d’accompagnement et pas seulement financiers.
D.E.Y. : Comme indiqué, il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu dans la décision de revenir : le projet professionnel et l’évolution de carrière proposés, le salaire, l’environnement possible pour le conjoint, les questions de la santé, de la scolarité des enfants, la pression sociale, notamment pour les femmes, les libertés individuelles, la bureaucratie, etc. Tous problèmes sur lesquels il nous faut agir et cela prend du temps. Mais on voit bien qu’il y a aussi des compétences qui reviennent et il faut comprendre les ressorts de tels choix : est-ce l’histoire individuelle ? Le capital familial ? Le désir de participer à une ambition collective ? J’ai la faiblesse de croire que malgré tous les verrous évoqués, la mobilisation des compétences passe aussi par le politique, le rêve que le pays propose de partager et les défis qu’il décide de relever. Une dernière remarque : il faut semble-t-il autant sinon plus réfléchir en termes de circulation des compétences qu’en termes de retour définitif. On voit bien que de nombreux cadres et universitaires se coulent sans problèmes dans cette circulation permanente, assumant sans grands difficultés la présence dans deux univers professionnels, deux sociétés et deux appartenances. Pour d’autres, c’est plus complexe. Peut être parce que le pays change pendant leur absence dans immigration et qu’eux-mêmes se transforment aussi. Le sociologue de l’immigration, feu Abdelmalek Sayad, disait que l’on n’émigre pas impunément.
Mais ces dispositifs n’existent pas aujourd’hui…
D.E.Y : Il y a dans certaines communes des « maisons de l’immigré » dont l’action reste à évaluer. Mais de tels dispositifs seraient probablement plus pertinents s’ils étaient initiés par des migrants eux-mêmes ou la société civile marocaine de manière générale.
M.E. : Je pense aussi, car la parole de l’Etat, ça risque de ne pas être attractif. La sensibilité du parcours migratoire, qui est incompréhensible pour une bonne partie des Marocains y compris de l’Etat. Il faut que ça vienne d’initiative privée. Ça a été fait par exemple par des expatriés français, Casa Accueil ou Rabat Accueil, de petits bureaux d’information qui bénéficient d’ailleurs aussi aux binationaux. On peut profiter du virtuel pour ça, mais ça doit être plus structuré que ce qu’on voit aujourd’hui sur nos forums ou les réseaux sociaux.
La CGEM a lancé la 13e région destinée aux Marocains du monde, est-ce que c’est un début ?
M.E. : C’est une condition nécessaire mais pas suffisante. On a besoin de tous les acteurs. Que le patronat se mobilise pour essayer de comprendre les doléances, les besoins, etc. c’est très positif et ça va dans le bon sens. Mais la CGEM n’a pas le pouvoir de l’Etat. Il y a des politiques publiques qui doivent être menées, notamment la réforme de MDM Invest. Dans ce MDM Invest il y a un volet financier, qui n’a pas été très participatif. Il y a bien sûr les CRI qui sont impliqués, mais ce n’est pas un dispositif particulier pour les MRE, il faudrait aussi pouvoir impliquer des associations ou la CGEM et se dire qu’on doit les accompagner dans toutes les phases. Que ce soit les éléments financiers, administratifs ou fonciers, en plus de l’information pour des problématiques du quotidien. La phase d’installation est très critique et il faut que le dispositif puisse prendre en considération ça pour maximiser les chances de réussite de la réinstallation. Parfois, il y a des solutions simples, pas coûteuses, voire gratuites, il suffit juste d’être à l’écoute et que les responsables puissent avoir la latitude de répondre aux doléances.