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Les figures du capitalisme dans les régions

Enquête août 2021

Les figures du capitalisme dans les régions

Marrakech – Safi
Menara Holding, une «carrière» originale !
A l’image d’autres groupes familiaux marocains lancés par un self-made-man, Menara Holding préserve une certaine image d’humilité, que le groupe a su jusqu’à présent garder après le décès du père fondateur Abderrahmane Zahid en 2016. La holding familiale, spécialisée en carrières, en BTP et en transport de marchandises, est gérée actuellement par ses fils, Mohamed, président-directeur général, et Islam, vice-président. Le groupe est connu pour représenter la ville de Marrakech, mais les Zahid continuent à mettre en avant un détail qui peut paraître anodin: la famille est originaire de Kelaâ des Sraghna. La holding a plus de quarante-cinq années d’existence, une «carrière» couronnée par une expansion en Afrique, avec l’ouverture à Abidjan en 2019 de deux filiales MenaraPréfa et Carrières & Transport Menara. Mieux, la même année, le groupe, sous la direction de Mohamed et Islam, a lancé son IPO pour une introduction en Bourse en 2021. De la première PME, créée en 1976 par feu Zahid, à la holding actuelle, constituée de dix sociétés actives essentiellement en BTP, du chemin a ainsi été parcouru. La société filiale MenaraPréfa continue à être la plus visible et performante de ses consœurs, avec 70% des revenus de la société mère. Mais elle n’est pas la seule. Le groupe s’est même diversifié pour investir d’autres champs de bataille comme le prêt-à-porter avec la création en 2007 de la filiale MenaraFashion. Zahid père en a été témoin. Menara Holding s’est même payé le privilège de se doter d’une direction d’Innovation, R&D et Management de Projets, en plus de sept stations qui traitent 1,3 million m3 d’eaux recyclées annuellement. C’est l’un des derniers accomplissements du groupe.
El Baroudi, en plein dans le thé
Un CA consolidé d’un milliard de dirhams et 500 millions d’investissements au cours des cinq dernières années… Ces chiffres sont suffisants pour présenter Imperium Holding basée à Marrakech et dirigée par Amine El Baroudi. Un des derniers coups de maître de ce dernier, la mise en place de la filiale Marrakech Fine Food (MFF), la douzième du groupe et celle qui a introduit au portefeuille de la holding marrakchie de nouveaux entrants comme le café, le chocolat ou les biscuits. Avant cela, El Baroudi a scellé le projet de joint-venture avec le groupe japonais Maruzen Tea qui cible le marché européen et américain de thé vert. Chose qui n’est pas courante, Imperium Holding est spécialisée en export de thé vert (99% de son CA à l’export), notamment à travers la Société Impériale des Thés et Infusions (SITI) avec ses trois pôles. En amont, l’obtention par El Baroudi du diplôme de master en management des affaires à HEM Casablanca en 2000 a coïncidé avec une échéance très importante: l’approche de la fin du contrat avec le client principal, le groupe Yves Rocher. Dès lors, les principaux changements survenus au groupe portent la signature d’El Baroudi, qui a apporté une nouvelle vision et plusieurs partenaires commerciaux mondiaux comme le japonais Bag Filter. Cette vision a consisté principalement en la recherche d’autres clients et à consolider la position du groupe dans le marché des thés et des infusions de luxe. Ainsi, le groupe s’est doté de ses propres plantations «biologiques», pour contrôler partiellement le sourcing en thé et en plantes médicinales, ainsi que l’unité Unique Blending Solution (UBS) qui fabrique les mélanges de fusion, et Impelab, un laboratoire microbiologique. Peu commun, Imperium Holding a racheté UCC (United Canister Corporation), une société française spécialisée dans les boîtes métalliques. Elle a été transférée de l’Hexagone à la ville ocre.
Souss – Massa
El Mokhliss , Femme dans un monde d’hommes
Le groupe El Mokhlis, spécialisé en industrie, en promotion immobilière et en construction, est l’une des étoiles montantes des holdings familiales de la région de Souss et il a choisi une femme pour piloter son pôle immobilier. Âgée à peine de 32 ans, Fatima Zahra El Mokhlis dirige depuis neuf ans la société de promotion immobilière Moubina qui a mené jusqu’à aujourd’hui plusieurs projets, toutes gammes confondues. Un des partenaires renommés du groupe est le groupe Webhelp, pour lequel Moubina construit ou loue des locaux dans la ville d’Agadir, selon le besoin. Mais il en existe d’autres comme Marjane Market et Carrefour Market. Son frère Noureddine, son cadet, chapeaute le pôle BTP du groupe, notamment Vetcam, société spécialisée en matériaux de construction et en exploitation des carrières de roches massives. Vetcam a six unités industrielles à Ait Melloul, installées sur une superficie de plus de 10 hectares et une autre implantée à Chtouka Ait Baha. Le père Lahoussine El Mokhlis tient les rênes du groupe, mais ce sont les enfants qui «sont dans l’opérationnel». Mais la tâche de Noureddine est beaucoup moins ardue que celle de Fatima Zahra qui évolue dans une activité réservée pratiquement aux hommes. Elle se remémore ses débuts en tant que directrice générale de Moubina et «les réticences qui entouraient l’exercice de ses fonctions». A Agadir, «il faut fouiner pour trouver une femme qui occupe un poste similaire», dit-elle. Les réticences n’étaient pas les seuls obstacles rencontrés par la jeune CEO. Les problèmes de communication avec la gent masculine ont toujours été un souci. Mais la présence de la famille a toujours permis de surmonter «les blocages». Maintenant, l’entourage, les clients, les partenaires «se sont habitués», et «l’expérience» permet de tout régler.
Belhassan est mort, vive Belhassan !
Au sein de presque toutes les holdings familiales du Souss, la transition se fait de manière discrète et fluide. Après le décès l’année dernière d’Ahmed Amsrouy, président du groupe Belhassan, son frère Hassan a pris la relève automatiquement. Cela ne s’est presque pas senti au sein de ce groupe qui a bâti sa réputation grâce à plusieurs produits agroalimentaires dont l’huile de table Lousra et surtout l’huile d’olive Oued Souss, la plus emblématique. Ce produit, commercialisé au Maroc et exporté aux quatre coins de la planète, est produit par la filiale Huileries du Souss Belhassan (HSB), active depuis 1948. Elle est dirigée par Hassan Amsrouy qui est également président-directeur général de la Société des Boissons Gazeuses du Souss (SBGS), réputée pour être l’un des trois embouteilleurs de Coca-Cola, avec un cinquième de l’activité de l’embouteillage du géant mondial des soft-drinks au Maroc. Le nouveau président, qui fêtera en octobre prochain une année à la tête du groupe soussi, se fait épauler par des responsables opérationnels dans chaque filiale du groupe qu’il préside. On ignore si les enfants de feu Ahmed Belhassan, à savoir Mehdi, Hassan et Fatima-Zahra, occupent des responsabilités au sein du groupe. Logiquement, ils doivent endosser un rôle au sein de la holding familiale, mais ils ne sont pas visibles. Leila Belhassan, nièce d’Ahmed et fille d’un autre frère qui s’appelle Mohamed, décédé il y a très longtemps, occupe une responsabilité opérationnelle au sein du pôle immobilier, Groupe Belhassan Immobilier (GBH). La filiale est aussi dans le giron de Hassan qui y perpétue un mode de gestion purement soussi: un mélange d’attachement aux valeurs familiales, voire tribales, de discrétion et de fidélité aux secteurs ayant permis l’épanouissement du groupe. Lorsque le groupe s’est diversifié une énième fois, en créant Maxyes, une agence de communication «multi-supports», on a confié sa gestion à Tarik. Un Amsrouy évidemment!
Cherradi El Fadili, intégration accélérée
C’est à la fin des années 80 que sont fondés les domaines Cherradi dans la région d’Agadir par Taquie-dine Cherradi El Fadili. C’est grâce à un crédit jeune promoteur que le jeune Rbati développe son affaire pour atteindre aujourd’hui une exploitation de près de 1.100 hectares dédiés aux agrumes, tomates et légumes avec plus de 90.000 tonnes d’exportations vers plusieurs destinations mondiales. Le groupe est aussi intégré en amont et en aval que ce soit à travers une pépinière pour les jeunes plans, notamment d’agrumes, ou encore dans le conditionnement situé à Taroudant, le transport ou encore un centre de dispatching international basé à Perpignan en France. Le groupe qui génère près d’un milliard de dirhams de chiffre d’affaires est rassemblé dans la holding Cherradi et ne compte pas s’arrêter là. A la faveur d’une première expérience dans le pompage solaire, Taquie-dine Cherradi El Fadili voit grand et compte se lancer dans la production électrique avec une microcentrale de 2,3 mégawatts-crête lui garantissant à court terme une autosuffisance électrique à plus de 60%. Une ferme solaire 4 MW est aussi prévue en partenariat avec la SIE. Le groupe a aussi annoncé le lancement d’une zone industrielle en 2017 et de l’activité de transformation et de valorisation. Le groupe se diversifie aussi dans l’élevage.
Loultiti, le fédérateur des laitiers
Copag a le mérite d’avoir fait connaître Ait Iâzza, village situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Taroudant. C’est dans cette petite bourgade plantée au milieu d’un large couloir plat et fertile, entre le versant sud du Haut Atlas et le versant nord de l’Anti-Atlas, que Copag a vu le jour en 1987. Son président, Moulay M’hamed Loultiti, a eu l’idée ingénieuse de rassembler ses pairs, au nombre de 39, et de les organiser au sein de coopératives afin d’avoir plus de poids. M’hamed Loultiti a eu également assez de recul pour former plusieurs coopératives locales, avec une visée non seulement nationale mais internationale: l’exportation en Europe des agrumes, une filière qui réussit au Souss. Aujourd’hui, on compte environ 20 mille producteurs agricoles, membres des coopératives Copag. D’ailleurs, Copag, connue au Maroc grâce notamment à ses produits laitiers Jaouda, est à la base un projet d’agrumes. On ne sait pas depuis quand l’idée d’ouvrir une laiterie a commencé à germer dans la tête de Loultiti, mais c’est en 1993 qu’il décide de passer à l’acte. En tout cas, l’idée a surpris tout le monde, car inédite pour une coopérative exportatrice d’agrumes. Elle est aussi pertinente puisque Jaouda n’a cessé de grignoter des parts de marché jusqu’à devenir un des plus grands producteurs et distributeurs des produits laitiers. Les chiffres relatifs à la production de lait ont évidemment explosé. En même temps, Copag, toujours sous l’impulsion de Moulay M’hamed Loultiti, poursuit sa stratégie de diversification agroalimentaire, avec, entre autres, la création d’une unité de fabrication des aliments composés en 1999, d’une plateforme d’élevage en 2005 et d’une station d’élevage en 2007. L’année suivante, le président de Copag entame une restructuration qui a débouché, en 2015, sur l’ouverture d’un abattoir, activité précédemment réservée aux communes. Il poursuit investissements et créations, notamment le lancement d’une nouvelle marque de viande presque homonyme de Jaouda : Jayda. Son goût pour le lexique de la qualité est resté intact en 34 ans de service.
Bicha, l’aventure continue
Le groupe Bicha est l’une des entreprises les plus dynamiques dans la région de Souss, détenu par feu Haj Brahim Id Hali, plus connu sous le nom «Bicha». L’homme d’affaires soussi s’est imposé comme étant un des acteurs économiques les plus actifs à l’export. Sa filiale Nouvelle Aveiro Maroc reste l’un des acteurs majeurs de la conserve avec une capacité de transformation de poisson de plus de 40.000 tonnes par an dont seulement 10% de la production est destinée au marché local. D’ailleurs, le chiffre d’affaires du groupe est réalisé dans de grandes proportions par les exportations, à destination de l’Europe, des États-Unis, de l’Amérique latine, de l’Afrique et du Moyen-Orient. Le patrimoine familial est assez diversifié. Il va de l’agriculture et l’agroalimentaire à l’hôtellerie, en passant par le pétrole. Bicha c’est aussi Gazafric, la deuxième plus importante capacité de stockage d’hydrocarbures dans le pays, ainsi qu’un réseau de stations d’essence. Récemment, le groupe s’est orienté vers l’écologie à travers des investissements pour l’installation d’un système de traitement des eaux usées et de gestion des déchets. Bien des chantiers ont été entamés du vivant de Brahim Bicha et la famille animée d’un esprit nationaliste hors pair continuera à se débelopper dans la région du Souss et bien au delà.
Fès – Meknès
Belmekki, du négoce à l’industrie
Originaire d’Er-Rachidia, c’est à Meknès, l’ex chef-lieu de la région, que va s’installer Abdelmadjid Belmekki, avec son navire amiral Rivera Métal et une usine flambant neuf en 2009. Il se lance dans l’activité du tréfilage (clous, grillages, baguettes de soudure, fil barbelé…). Toutefois, la famille n’est pas novice dans le secteur. Elle est présente dans les matériaux de construction depuis 3 générations, soit plus de 40 ans. Elle est présente dans la sidérurgie depuis 2005, notamment avec Dijla Fer. C’est Abdelmajid Belmekki, l’aîné de la fratrie, qui va réellement lancer le groupe familial anciennement dénommé Entreprises Belmekki. La nouvelle holding, Meski Holding, constituée en 2014, sera valorisée avec un capital de 4,15 milliards de dirhams. En 2017, il lance un audacieux programme d’investissement dans un secteur fortement concentré et concurrencé de l’étranger avec Riva industrie à Jorf Lasfar, pour un investissement de plus de 800 millions de dirhams engagé pour la construction d’un laminoir à chaud Hi-Tech. La nouvelle filiale se spécialise dans la production de rond à béton et ambitionne d’arriver à produire des aciers spéciaux de qualité suffisante pour l’industrie automobile ou aéronautique grâce à un programme d’investissement de plus de 3 milliards de dirhams en 6 ans. La famille Belmekki exerce aussi dans les carrières, et le préfabriqué à base de béton. Le groupe est aussi actif dans la concession automobile, notamment Meski Auto détenant la carte Renault à Meknès et région, dans le transport et la logistique, l’immobilier, etc. En tout, ce sont 16 filiales générant près de 4 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et employant près de 1.000 personnes dans les différentes régions d’installation.
Zalar holding, … vivons cachés
Depuis la création de la première usine de nutrition animale, Al Alf, au Maroc en 1974, la famille Chaouni, fondatrice du groupe Zalar Holding, précédemment dénommé Zalagh holding, a bâti un empire au point de devenir leader du secteur avicole. L’ascension est telle qu’il est l’unique acteur verticalement intégré sur l’ensemble de la chaîne de valeur. La nutrition animale, l’élevage et l’accouvage, le négoce ainsi que l’abattage et la transformation sont les différentes activités dans lesquelles opère le groupe familial dont la présidence du conseil d’administration est confiée à Ali Berbich car les héritiers du magnat Chaouni ont fait le choix d’une gouvernance des plus modernes. Un choix qui s’est avéré payant. En 2013, l’ascension du groupe a pris un nouveau tournant suite à l’ouverture de son tour de table à des investisseurs internationaux tels que la Société Financière Internationale, filiale de la Banque Mondiale, l’américain Seaboard Corporation ou encore le japonais Mitsui & Co. Dès lors, le groupe a réalisé une expansion à l’échelle nationale et internationale. En 2019, le chiffre d’affaires de la holding a enregistré une évolution de 17% par rapport à 2018, soit 5,5 milliards de dirhams. Actuellement, le groupe compte près de 2.800 collaborateurs répartis principalement dans des zones d’influence de Fès et Casablanca. La famille Chaouni détient également des fermes de pommiers dans la région de Fès.
Lebbar, le politique converti
L’homme d’affaires, député et président de l’association régionale de l’industrie hôtelière de Fès, Aziz Lebbar, est l’un des businessmen qui ont le vent en poupe dans la région. Ayant fait ses débuts dans le BTP et la promotion immobilière, Lebbar a voulu diversifier ses activités, notamment dans le secteur touristique à travers la construction et le rachat d’hôtels. C’est ainsi que la Société Multi Hôtels National (SMHN) pour la promotion et l’exploitation hôtelières a vu le jour en 1999. D’ailleurs, le rachat en 2007 et l’extension du fameux Hôtel des Îles à Essaouira, qui date de 1947, a été un des projets phares de la structure familiale. D’autres projets du même ordre ont été réalisés dans la ville ocre. Après les hôtels et la restauration, la famille fassie a convoité le juteux marché des maisons d’hôtes et des riads et a créé la Société Multi Hôtels Nord-Ouest pour la gestion de ce segment. Mais l’appétence du businessman fassi s’est étendue au tourisme d’affaires, d’où la création d’une autre filiale du groupe, la Société Multi Hôtels Centre à Casablanca. Les investissements déployés par le groupe familial lui ont permis de se hisser au rang des hôteliers marocains dont la capacité dépasse les 1.000 chambres.
Belkora s’impose en leader
En 2010, avec la création de l’entreprise AJP, Agro Juice Processing, Ibrahim Belkora, qui n’est autre que le fils d’Aboubakr Belkora, l’ancien maire PJD de la ville de Meknès, avait vu juste. Armé d’une grande expérience dans la culture des fruits, le groupe Belkora qui détient 4 domaines de 1.200 hectares, dont le père est également le président de la fédération de développement de l’arboriculture, a voulu se lancer dans la valorisation des fruits à travers la mise en place d’une ligne de production des jus emballés, un filon en plein essor. Une décision qui a germé pendant quelques années avant le lancement. Cette filière gérée par le fils Belkora, plus connue sous le nom de la marque Valencia, a connu une ascension fulgurante en peu de temps à telle enseigne qu’elle est vite devenue leader des jus en boîte avec une part de marché de l’ordre de 28%. Le jeune Belkora se distingue par ses qualités managériales. D’ailleurs, il a occupé la 51ème position dans le classement des jeunes dirigeants africains, Choiseul Africa 2020. Le sang neuf apporté par Ibrahim a propulsé le groupe au point de produire pour le compte de la société émiratie AlRawabi. Il a également pu acquérir une grande notoriété à l’international et notamment en Afrique pour laquelle le manager nourrit de grandes ambitions. Après une forte présence en Afrique de l’Ouest, le leader national s’attaque à l’Afrique subsaharienne à travers le lancement d’un produit adapté. A noter que 10% de la production d’AJP est destinée à l’export, notamment en Libye, au Sénégal, au Canada, en Espagne, et en Belgique. Le groupe détient également la carte de la distribution des produits du géant Simsek, leader turc de la biscuiterie et chocolaterie.
Ed Dakhla – Ouad ed Dahab Hormatallah
un “american” à Dakhl
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Fils d’un grand notable de la tribu Ouled Dlim, Sidi Ahmed Hormatallah est un jeune entrepreneur qui souhaite donner à la ville de Dakhla une dimension culturelle et touristique au-delà des frontières. Après avoir obtenu son master en comptabilité professionnelle et taxes pétrolières aux Etats-Unis, Sidi Ahmed Hormatallah a rejoint un cabinet de consulting auprès des sociétés pétrolières pendant 5 ans. De retour au bercail, en 2007, après 10 ans d’absence, l’entrepreneur a repris la société fondée par son père, Louman Invest, créée en 2000, qui opère dans la promotion du secteur touristique, le BTP et la construction. Depuis qu’il est à la tête de l’entité, son unique objectif est de promouvoir la destination, notamment auprès des marchés américain et canadien, à travers une offre exhaustive et conforme aux standards internationaux. Ainsi, l’investisseur a concocté avec des partenaires étrangers et nationaux une carte touristique susceptible d’augmenter la capacité hôtelière de la région avec le lancement d’un chantier qui comprend 7 projets novateurs entre hôtels, restaurants, théâtre ou encore une marina. Et pour la gestion optimale du projet, Hormatallah est en cours de regroupement des sociétés de gestion des 7 projets dans une holding. Ainsi Loman Invest deviendra Louman Invest Holding. L’entrepreneur a également créé une joint-venture avec Sky H2O, une entreprise américaine qui produit de l’eau à partir de l’air. Le coup d’envoi d’une expérience pilote sera donné courant 2021. D’autres projets en dehors du secteur touristique sont dans le pipe. Des discussions sont menées avec des opérateurs du Mexique pour installer de petites raffineries de pétrole brut.
Laâyoune – Sakia el Hamra
A. Derhem poursuit l’épopée
L’épopée de la holding baâmranie Derhem a commencé aux années 30 du siècle dernier par feu Si-Hmad Derhem. Son fils Dahman a repris le flambeau après lui et c’est maintenant Abdellah, le petit-fils, qui est l’administrateur directeur général (ADG) de ce groupe sis à Laâyoune. Si la holding Derhem a commencé sa réelle structuration après le rachat en 1976 d’une entreprise espagnole spécialisée dans la distribution des carburants, Abdellah mène actuellement un groupe qui touche aussi aux carrières, au transport (cabotage), à l’immobilier, aux produits de mer et, dernièrement, aux médias. Après la signature, en 2019, d’un partenariat avec le groupe pétrolier espagnol Cespa, un investissement de 1,4 milliard de dirhams, le projet de mise en place d’une centaine de stations-service sur tout le territoire national a été lancé. Les échos qui nous arrivent de Laâyoune font état d’une complète refonte du réseau de distribution du carburant du groupe, supervisée sur place par Abdellah en personne. La joint-venture créée par les deux groupes construira une installation de stockage à Jorf Lasfar. Mais le projet le plus significatif que mène actuellement l’héritier Derhem est la diversification. La filiale Comptoir Commercial et Industriel Derhem (CCID), créée à Dakhla trente années plus tôt, poursuit parallèlement le développement de ses activités de congélation, de transformation et de vente des pélagiques. Ayant toujours vécu et grandi au Sahara, où la famille a tissé des relations étroites avec les autorités, Abdellah continue à garantir à sa plus importante filiale, Atlas Sahara, les contrats de distribution de carburant aux Conseils des villes, comme à Dakhla. C’est de bonne guerre dans les provinces du Sud.
Sbayou dans le cercle des initiés
Ancien résistant reconverti aux affaires, Omar Sbayou s’est associé à deux hommes d’affaires de la région de Laâyoune pour créer une société spécialisée dans le bâtiment et travaux publics. En 1990, Sbayou a lancé une entreprise éponyme qui opère dans le BTP et la construction des ponts et tunnels. Et actuellement, c’est le fils cadet, Mohamed, qui gère la structure familiale. Ce jeune entrepreneur a d’abord commencé sa carrière d’ingénieur auprès de GTR. Dès qu’il a rejoint le groupe, il a apporté sa touche d’expert à l’activité au point de décrocher des projets de grande envergure. En effet, l’entreprise se charge de réaliser les travaux de la voie express Tiznit-Dakhla. L’entreprise familiale s’est diversifiée pour compter à son actif différentes activités telles que la valorisation des produits de la mer, la promotion immobilière, la fabrication et distribution de bitumes, ou encore le pneumatique. Et il y a tout juste deux ans, le groupe sahraoui a regroupé l’ensemble de ses activités dans une holding dénommée Mina holding. Sbayou fait actuellement partie du cercle des hommes d’affaires les plus influents des provinces du Sud à l’image des Joumani, Derham ou encore Bouaida. A noter que la holding réalise un chiffre d’affaires consolidé de près d’un milliard de dirhams.
Ouled Errachid sur tous les fronts
Homme politique des plus notables de la région du sud, Moulay Hamdi Ouled Errachid est le président du Conseil municipal de Laâyoune. Mais la politique n’est pas la seule corde à l’arc de Ouled Errachid. C’est un redoutable homme d’affaires qui pèse de tout son poids dans différents secteurs d’activités. Ce richissime politique et homme d’affaires a fait ses premières armes dans la pêche côtière. Myher Best Holding compte également comme activité l’immobilier, et les projets d’infrastructures hôtelières et le transport (Ghazala). En 2019, le groupe s’est lancé dans la distribution, le stockage et la commercialisation de carburants en s’associant à Vivo Energy à travers la société Sopétrole dont 51% des actions reviennent au magnat sahraoui et 49% au pétrolier Shell. La structure familiale s’est également lancée dans les matériaux de construction pour compléter l’arsenal relatif à l’immobilier dans lequel l’homme d’affaires est très actif. Et la kyrielle des investissements dans de nouveaux créneaux se poursuit malgré un climat des affaires peu favorable. Myher Best Holding vient de lancer la construction d’une unité de production de glace à la pointe de la technologie.
Oriental
Les Houar, bâtisseurs de père en fils
C’est la troisième génération en affaires de cette famille d’Oujda spécialisée dans le BTP. Présente dans le secteur depuis les années 70, la Société d’Entreprises Houar a réellement été lancée par Driss Houar, premier héritier de l’affaire familiale. L’entreprise se spécialise dans les ouvrages hydrauliques (barrage Ouljet Essoltane par exemple), les chemins de fer et ouvrages d’art (LGV Tanger Kenitra), et a participé à la construction de l’autoroute Casa-Oujda, etc. Elle s’est diversifiée aussi dans l’immobilier, dans le bitume à travers l’entreprise bitume de l’Oriental ou encore dans l’agriculture à travers AgriMadagh ou dans les énergies renouvelables à travers l’entreprise Houar Maroc Energy située à Ain Beni Mathar. Bien que Driss Houar se maintienne au poste de PDG, c’est bien son fils Mohamed qui reprend le flambeau familial. Ingénieur de formation, le directeur général, du haut de ses 38 ans, tente de restructurer le groupe et de continuer la stratégie de diversification. Il est épaulé dans sa mission par son frère Youssef, né en 1988, qui représente aussi la famille en politique en tant qu’élu au parlement sous les couleurs du PAM. Mohamed Houar est par ailleurs président du club de foot de la ville, le Mouloudia d’Oujda. Le groupe qui réalise près de 2 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en 2019 et emploie plus de 300 personnes directement, se positionne aussi sur le secteur portuaire où il a déposé une offre pour l’extension de la jetée de Casablanca.
Bioui, de l’entreprise à la politique
A 49 ans, Abdenbi Bioui a construit un mastodonte dans le BTP de ses propres mains. Le président de la région de l’Oriental était il y a quelques années un parfait inconnu au bataillon, même dans sa ville Oujda. C’est depuis son entrée en politique en 2011 que commence la montée de celui qui aurait commencé à travailler, selon la presse régionale, dès l’âge de 16 ans suite au décès de son père. Comme relevé en 2015 par EE, Bioui est à la tête d’une entreprise de BTP et matériaux de construction immatriculée à Oujda début 2000. Il s’est aussi diversifié dans les carrières. Son navire amiral, Bioui Travaux, a réalisé en 2019 près de 700 millions de dirhams de chiffre d’affaires après avoir frôlé le milliard de dirhams en 2017. Le groupe emploie près de 3.000 collaborateurs. Présent sur la plupart des grands chantiers du Maroc, y compris les travaux d’autoroutes ou encore la trémie du boulevard Ghandi, à Casablanca, la montée fulgurante de l’entreprise reste un mystère même pour les grands mastodontes du secteur. Selon des sources locales, le financement de son affaire aurait été assuré via un beau-frère installé aux Pays-Bas. Celui qui a fait du mélange entre business et politique a fini par être rattrapé en 2019 à travers une condamnation à de la prison ferme en première et deuxième instances. Une sentence toujours pas appliquée…
Casablanca-settat
Zine, redresseur d’entreprises
Connu dans le secteur de la minoterie par la marque Alitkan, le groupe Zine est néanmoins bien intégré dans la chaîne de valeur et aussi assez diversifié. Le groupe est fondamentalement lié à l’histoire de son fondateur Noureddine Zine (51 ans) originaire de Doukkala et qui commença à travailler chez les fournisseurs de gros à Derb Omar dès l’âge de 9 ans. Il reviendra dans sa région natale dès les années 90, cette fois comme distributeur de produits alimentaires de base, notamment le sucre, le thé et le riz dans les souks à travers ce qui deviendra sa société Canal Food (fondée en 2005). Son activité essentiellement de négoce et de distribution lui permettra de développer une flotte de 500 camions sillonnant les campagnes marocaines rassemblée dans la société Transdine (fondée en 2002). Il se lancera par la suite dans l’industrie agroalimentaire en rachetant une première minoterie dans la région casablancaise pour directement enchaîner avec les acquisitions, notamment dans les pâtes alimentaires (semoules et spaghettis), puis dans la biscuiterie donnant corps à son pôle agro-industriel. Dans la foulée il se diversifiera dans la machinerie agricole et l’agrofourniture, notamment la distribution d’engrais à travers Zine Céréales. Il continue sa stratégie de diversification industrielle, notamment dans les couches culottes, les aliments pour bétail… En 30 ans, le groupe rassemblé sous la holding Zine Capital Invest (créée en 2015) pèse plus de 2 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et revendique plus de 2.000 collaborateurs.
Tanger- Tétouan- Al Hoceima
Ibno Bachir, conglomérat en accordéon
C’est au début des années 70 que débute l’aventure des Ibno Bachir à Tanger et Tétouan. D’abord dans les matériaux de construction, le groupe va de plus en plus se diversifier dans les textiles, la céramique, le BTP, et l’immobilier (Amanah). Plusieurs filiales à participations vont voir le jour soit par investissement direct ou par acquisition comme Codersa (textile), HS Infra (travaux hydrauliques et conduite d’eau), mais aussi Rimass Clothing (prêt-à-porter) ou Multicéram. Plusieurs structures supportent le groupe comme Investorama ou bien Ibno Bachir Group (IBG). Si le fondateur n’est autre qu’Abdessalam Ibno Bachir, il sera rapidement rejoint par son fils Mohamed (69 ans) qui s’occupera de l’activité textile dès les années 80. De plus en plus de responsabilités sont désormais accordées à la 3e génération, notamment Mehdi en charge de la direction générale d’IBG épaulé par Houssam et Noureddine comme DGA. Vu les diverses activités et la fréquente restructuration du périmètre des entreprises du groupe, il a été difficile de tracer les valeurs des entreprises, mais les chiffres d’affaires de IBG et de HS Infra dépassent les 400 millions de dirhams. Amanah revendique, elle, un portefeuille de 25 projets réalisés depuis 22 ans aussi bien dans les logements abordables que dans le luxe et plus de 1.000 emplois créés.
Béni Mellal- Khénifra
Mojahid, de l’épicerie au BTP
A 42 ans, Brahim Mojahid, le plus jeune des présidents de région au Maroc, est en train d’assurer une des montées les plus fulgurantes d’un patron issu d’une des régions les plus pauvres du Maroc. A la tête du groupe Mojazine, une SARL à associé unique, l’entreprise de transport, de BTP et de matériaux de construction qu’il dirige depuis 2005 son siège a connu plusieurs déplacements de siège. De Beni Mellal à Casablanca, en passant par Marrakech, ce natif de Foum Jemaa non loin d’Azilal est le fils de l’épicier du douar. Il a débuté très jeune dans l’activité commerciale, notamment en transportant des gravats puis du bitume pour les chantiers de la région. Il ne finit pas ses études comme relevé par EE dans un papier spécial élections régionales. «Calme et conciliant», selon son entourage, ce profil atypique a fait son entrée en politique en 2015 en réalisant une double élection au Conseil régional mais aussi à celui de la commune d’Azilal. Il était aussi président de la CGEM régionale à Tadla-Azilal depuis février 2015 après qu’il a mobilisé une grande partie de ses nouveaux adhérents. Depuis, il n’a pas arrêté de développer son business en se diversifiant notamment dans l’immobilier et le tourisme à Marrakech, dans l’agriculture (Abrar Agro), dans l’éducation à Casablanca, etc., en plus du BTP avec le groupe Mojazine dans lequel il réalise un chiffre d’affaires de près d’un milliard de dirhams et revendique 1.200 emplois.