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5G, ennemie de la planète ?

Dossier juin 2021

5G, ennemie de la planète ?

Certes, la 5G a été conçue pour minimiser la consommation d’énergie, mais, en parallèle, la fabrication et l’installation de nouveaux équipements risquent de compromettre le bilan énergétique.

On l’aura compris, la cinquième génération de la technologie de communication mobile procure des avantages certains, notamment en matière de débit, de transmission et de fiabilité de la communication. Les prouesses sont également multiples pour les professionnels. Cette technologie promet un vaste champ d’applications et permettra de développer la numérisation de la société telle que les voitures autonomes, la télémédecine ou encore les réseaux intelligents. En effet, l’objectif de la 5G est de connecter 7 milliards de personnes et 7.000 milliards d’objets. Mais comme toute innovation, des craintes inhérentes se manifestent à telle enseigne que des mouvements anti-5G se sont déclenchés un peu partout dans le monde. Des antennes qui brûlent, des demandes de moratoires, des polémiques médiatiques ont électrisé le débat public. Rétifs à toute nouvelle technologie, ce lynchage n’est pas propre à la 5G, mais les activistes estiment qu’il y a toujours un prix à payer suite à une évolution technologique.

Moins gourmande que ses précédentes

Si au niveau de la santé, l’impact des ondes et de la multiplication des antennes n’est pas avéré, pour l’heure, puisqu’aucune étude fiable n’a pu démontrer que l’amplitude de la puissance des antennes est nuisible, il n’en est pas de même pour l’environnement. Ces appréhensions sont-elles justifiées? A en croire les scientifiques, l’impact néfaste sur l’environnement est palpable à long terme. Selon Boujemaâ Belhand, président chargé des affaires administratives et financières de l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre, le rapport publié en décembre dernier par le Haut Conseil pour le Climat indique que l’intensité de l’impact carbone de la 5G pourrait atteindre 27 millions de tonnes de CO2 en 2030. «L’augmentation est liée aux émissions de gaz à effet de serre bien que la 5G soit moins énergivore. L’empreinte carbone est relative à la production du matériel d’usage qu’il faudra renouveler», s’inquiète-t-il. Petite précision par rapport à la consommation d’énergie. Contrairement aux idées reçues, la 5G consomme moins d’énergie que ses précédentes. «Le problème était relatif au réchauffement des terminaux. L’un des éléments que la 5G procure est justement de limiter ce réchauffement. Comme il y aura plus d’antennes proches des utilisateurs avec des fréquences basses, le terminal mobile consomme moins d’énergie et ne chauffe pas», indique Abderrahim Maroufi, responsable de la cybersécurité chez Cisco. Un constat corroboré par Fayçal Noushi, directeur de ZTE Network. «Le Beam Forwarding est une option qui permet d’envoyer un rayon directif lorsqu’un appel via mobile est déclenché, à titre d’exemple. Ainsi, le sens de l’antenne est dirigé, chose qui réduit la consommation», étaye-t-il. Et d’ajouter: «Autre point important. Les protocoles dits LPWA incluent la notion sleep mode. Le terminal entre en état de veille au cas où il n’y a rien à envoyer».
En revanche, le véritable souci concerne les terminaux. Cette nouvelle génération des télécommunications va obliger les utilisateurs à se doter de smartphones adaptés. Et qui dit objets désuets, dit déchets. Et c’est pire lorsqu’il s’agit de déchets non recyclables. Autre paramètre susceptible d’accroître le bilan énergétique, la surconsommation que va engendrer la 5G. «Grennet avait sorti des études inquiétantes à cet égard. Il en ressort que 60% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale émanent des smartphones. Ces derniers consomment également 80% d’eau et contribuent à l’épuisement abiotique à hauteur de 75%. Ce qui prouve que le danger est bien réel pour l’environnement. Equipementiers et opérateurs devraient prendre en compte cette dimension, notamment à l’heure où le changement climatique sévit», déplore Belhand. L’utilisation des énergies renouvelables pourrait-elle être une option au lieu d’utiliser les énergies fossiles? Aucune information n’a été communiquée par les équipementiers dans ce sens. Qui va contrôler les technologies d’Internet reste la principale préoccupation. L’enjeu est tel que le «grand jeu» de la 5G est mené sur le terrain géopolitique avec, en filigrane, l’affrontement âpre entre les Etats-Unis et la Chine et plus précisément Huawei qui est actuellement l’équipementier à même de fournir le système 5G le plus complet et le moins cher. Face à un géant de la technologie, les autres équipementiers tentent tant bien que mal de développer des solutions innovantes ou même de mutualiser leurs efforts pour gagner du terrain. C’est le cas d’Ericsson et de Samsung qui ont conclu un accord pluriannuel sur les licences de brevets mondiaux y compris ceux relatifs à toutes les technologies cellulaires. En outre, les deux équipementiers ont convenu de mener des projets de coopération technologique pour faire progresser l’industrie mobile dans la normalisation ouverte et créer des solutions précieuses pour les consommateurs ainsi que les entreprises. Pour eux, ce règlement met fin aux plaintes déposées par les deux sociétés devant la Commission du commerce international des États-Unis (USITC) ainsi qu’aux poursuites en cours dans plusieurs pays.

Réseaux plus sécurisés

Outre le souci écologique, la cybersécurité n’est pas moins inquiétante. L’Union Européenne avait publié, en 2019, un rapport sur les risques de sécurité liés à la 5G. Sauf que cette technologie pourrait renforcer la sécurité du réseau à travers un protocole plus strict d’authentification et une détection automatique des menaces. Autre avantage, comme le signal se focalise sur le terminal de l’utilisateur, il est moins susceptible d’être intercepté. Il est ainsi possible de créer un réseau 5G privé, entièrement dédié à une usine ou un site distant. «Le déploiement de la 5G requiert des techniques qui vont permettre de sécuriser le réseau et le fait de disposer de plusieurs antennes fait que la surface d’attaque est plus exposée. Le Networking Slicing reste la seule technique qui permet de mettre des réseaux virtuels sur des réseaux physiques. Au Maroc, l’opérateur au moment d’implémenter la 5G mettra en place des techniques pour sécuriser le réseau et faire appel à des solutions pour automatiser les opérations de notifications et d’alertes», souligne Maroufi. Concernant la protection des données, les opérateurs nationaux disposeront d’une data center locale. «Bien que nos données soient d’ores et déjà chez les GAFA, les opérateurs sont soumis à la loi 09-02 qui impose des restrictions à l’utilisation des données personnelles. Par ailleurs, la 5G va augmenter le risque de cyberattaques. Plus de 80% des attaques sont basées sur le login et le mot de passe facile d’accès», insiste le représentant de Cisco. Pour contrer ces agissements, Cisco vient de lancer une solution intitulée «Passwordless», dont l’accès aux comptes personnels s’effectue via une donnée biométrique ou par empreinte.
Toutefois, l’équation risque/bénéfice semble trouver un équilibre aux yeux des intégrateurs. Mais le débat continue même si l’introduction de la 5G se fait à grande échelle. De plus, l’heure de la transformation digitale a sonné depuis que la Covid-19 s’est introduite dans nos vies et que la 5G poursuivra.