fbpx

L’esprit critique, rempart contre les infox

Édito avril 2021

L’esprit critique, rempart contre les infox

Les fake news deviennent l’ennemi public N°1 au Maroc. Non sans raison. Depuis quelques années, elles prennent une dimension inquiétante. D’abord en 2017, avec l’infox de «la caserne militaire attaquée à Larache», émise par le quotidien «Assabah» puis relayée par le «SiteInfo» avant de devenir virale sur les réseaux sociaux. L’emballement médiatique a été tel que l’information s’est retrouvée sur des comptes spécialisés dans le monitoring des risques terroristes dans le monde. Puis le boycott d’avril 2018 qui reste incontestablement la preuve que les entreprises ne sont pas épargnées par les intox. Car au-delà des personnes, aux motivations louables au demeurant, qui ont rejoint le mouvement, la viralisation du phénomène par de faux comptes Twitter, de faux retweets, des achats de «likes» et de «partages» Facebook, et même le cyber-harcèlement,… trahit une opération orchestrée contre les trois entreprises visées, Afriquia, Sidi Ali et Centrale Danone. En pleine période de Ramadan, Danone, en particulier, accusa un contrecoup économique terrible, avec une baisse du chiffre d’affaires de plus de 80%. L’autre problématique phare du Maroc, en pleine crise sanitaire, c’est l’infodémie qui s’est propagée plus rapidement que le virus lui-même, donnant ainsi à cette pandémie une dimension «trans-sanitaire». Plus récemment, la guerre de désinformation, visant le Maroc et ses symboles, avec une batterie de fake news digne de la propagande de l’ancien bloc soviétique.
Si les bobards, rumeurs, bourrage de crânes, et autres intox ne sont pas l’apanage des temps récents, les réseaux sociaux ont rendu les choses pires. Au cœur de la diffusion des fausses nouvelles, les algorithmes utilisés par les sites web et les réseaux sociaux mettent trop souvent en avant des informations fausses ou manipulées, avec de lourdes conséquences. Durement touché par les fausses informations et les mouvements virtuels manipulatoires, le Maroc a cherché à encadrer ces nouvelles formes de cybercriminalité. Le projet de loi 22.20, relatif à l’utilisation des réseaux sociaux et similaires, et baptisé par les internautes marocains «la loi bavette» a été adopté en Conseil de gouvernement le 19 mars 2020. Un tollé général avait causé un rétropédalage.
Le combat contre les fake news est actuellement mené par le biais d’un contrôle accru des réseaux sociaux. Parallèlement, de plus en plus, des journalistes se lancent dans le fact-checking, un rôle qui est aussi le leur parce que les fake news ont la couleur de l’information. Elles en utilisent les codes journalistiques, néanmoins réduits à un titre choc accompagné d’une image. Cette approche est nécessaire, mais insuffisante. Il reste aussi un autre rempart contre les fake news. Il faut se donner les moyens de favoriser le développement de l’esprit critique de chaque citoyen, tout au long de sa vie. D’autant plus que le pire reste à venir avec le deep fake, un rejeton hideux de l’intelligence artificielle.