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Un secteur en profonde mutation… Silencieuse

Dossier mars 2021

Un secteur en profonde mutation… Silencieuse

Le Plan Halieutis est venu pour stimuler le secteur de la pêche maritime. Une partie du chemin a donc été parcourue, mais des enjeux majeurs, environnementaux et climatiques, se dressent à l’horizon. Y répondre nécessite de changer de cap vers une économie bleue, plus durable et inclusive.

Le Plan Halieutis est arrivé à son terme en décembre 2020. Mis en cause, en 2009, par la Cour des comptes pour ses nombreux dysfonctionnements, le Plan, initié pour développer et moderniser le secteur de la pêche, est taxé de «lenteur dans la réalisation de certains objectifs stratégiques, faible taux d’exécution de certains projets programmés, insuffisance au niveau du suivi et du pilotage et de décisions ministérielles arbitraires». L’Institution constitutionnelle de contrôle dézingue la gestion du ministère de la tutelle et dénonce l’absence de document global «faisant foi du Plan Halieutis avec l’enveloppe budgétaire globale, ainsi que les budgets alloués et les sources de financements des différents projets structurants programmés». La Cour des comptes, que préside Driss Jettou, appuie là où ça fait mal: elle pointe le conflit d’intérêts avec «le même cabinet qui élabore la stratégie et fait le bilan de son exécution», ce qui présente un risque d’incompatibilité et de subjectivité des analyses menées.
Piqué au vif

Sur la défensive, le Département de la pêche maritime avait dénoncé à son tour la charge au vitriol de la Cour des comptes. Une source du ministère nous révèle «que les critiques sont toujours bonnes à prendre lorsqu’elles sont constructives, mais dans cette évaluation, la «magistrate» qui conduisait la mission avait ignoré nos justificatifs en se contentant d’une lecture sélective pour aboutir à ce pamphlet à charge fondé sur des inexactitudes ou tout le moins sur plusieurs approximations». En colère, Aziz Akhannouch, ministre de la pêche maritime, avait déclaré que Jettou n’avait pas le droit de dévaloriser un plan qui a réalisé 80% de ses objectifs. En 2019, profitant de la perche tendue par un député Rniste lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, Akhannouch défend sa stratégie halieutique en communiquant des résultats et indicateurs «à la hauteur des attentes». Le PIB sectoriel s’est amélioré de 8,7% par an pour atteindre les 17,3 milliards de dirhams en 2018, avait révélé le ministre avant d’énumérer ses performances: «la quantité des poissons pêchés s’est élevée à 370.000 tonnes en 2018, soit une progression de 74% par rapport à 2007. Les exportations, elles, ont enregistré une hausse sans précédent avec un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de dollars, contre 1,2 en 2007, ce qui représente 9% du total des exportations marocaines et 45% des exportations agroalimentaires. Le Maroc exporte du poisson à près de 134 pays, un réel record sous l’angle de la diversification des marchés. Pour arriver à cette efficacité du secteur, quelque 44 points de débarquement et villages de pêcheurs ont été construits ou aménagés en plus de 10 marchés de gros de poisson et 11 marchés de nouvelle génération pour la vente au sein des ports tout en ayant recours à un système informatique de pointe. Le nombre d’usines de glace est passé de 10 en 2007 à 101, sans compter les unités gérées par le secteur privé». Au passage, le ministre rappelle à ses détracteurs qu’il a largement contribué à l’amélioration des conditions de travail des gens de mer en instaurant la couverture médicale et l’assurance contre les risques: «la couverture socio-médicale a été généralisée à tous les travailleurs du secteur, y compris ceux exerçant dans la pêche traditionnelle dans tous les ports et villages de pêcheurs. Ceci en plus de l’assurance contre les accidents du travail qui a été étendue à toutes les catégories de pêcheurs en 2018». Parmi les réalisations listées par Akhannouch, les 20 plans d’aménagement pour la gestion de pêcheries ainsi que le renforcement du contrôle des activités de pêche sur les plans juridique et technique grâce à l’adoption d’un plan de suivi des activités de pêche. Dans le secteur de l’aquaculture, le ministre avait reconnu qu’il y avait du retard «malgré le travail exceptionnel accompli», en affirmant son ambition d’arriver à une production moyenne de 200.000 tonnes en partant d’une production de… 500 tonnes. Dans une réponse du berger à la bergère, Aziz Akhannouch avait lancé un message sans ambages à ceux qui ont politisé ce dossier en dénigrant les réalisations du Plan Halieutis: «Je leur dis que les acteurs sur le terrain notent bien comment leur travail, leur potentiel productif et leurs investissements ont augmenté, et il est malhonnête de ne pas apprécier tout le travail fait par l’administration, les autorités portuaires et les investisseurs du secteur», sic.