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Les banques marocaines face aux facteurs ESG

Point de vue décembre 2020

Les banques marocaines face aux facteurs ESG

L’épidémie et la propagation du Covid 19 ont démontré à quel point une situation de risque exogène peut se transformer en une crise mondiale avec ses douloureux effetshumains, économique, financier et géopolitique. La crise du Covid 19 a aussi montré que dans le monde d’aujourd’hui l’analyse des facteurs de risques ESG est impérative pour uneévaluation complète d’un pays, d’une banque ou une entreprise. Les facteurs ESG sont considérés comme essentiels pour définir le niveau de vulnérabilité et la capacité de résilience d’un pays, d’une banque ou d’une entreprise.Déjà avant que l’attention du monde entier ne soit attirée parles risques sanitaires du Covid19, l’analyse des risques commençaient à êtredominée par l’analyse ESGavec les préoccupations environnementales comme le changement climatique, la gestion de la rareté de l’eau et la qualité de traitement des déchets et des eaux usés.Cette prise de conscience est manifeste étant donné qu’aujourd’hui les agences de notation internationales en font référence dans leurs évaluations et peuvent entrainer pour les pays ou les banques les moins regardantes des dégradations de rating et par conséquence une augmentation de leurs primes de risques crédit. Dans ce sens, L’assureur-crédit Euler Hermes a décidé de modifier les critères pris en compte dans ses notations pays afin de tenir compte des risques environnementaux, sociétaux et de gouvernance (ESG). Le Maroc n’est pas épargné par cette tendance. Lors de la récente évaluation, l’agence Fitch a jugé le Maroc selon les métrics ESG-Gouvernance.L’agence a jugé le score de pertinence ESG du Maroc sur la base du poids des indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale (WBGI) qui tiennent compte de la stabilité politique, la qualité des lois de régulation et le contrôle de la corruption et des dispositifs de blanchiment d’argent. La stabilité politique est importante mais pas suffisante ce qui a valu une qualification moyenne pour les critères ESG-gouvernance. Les banques sont également sous la pression de l’appréciation des facteurs ESG avec de plus en plus de contraintes imposées par les régulateurs pour qu’elles prennent dans leurs modèles de fonds propres et de solvabilité les risques ESG. Dans son récent rapport de l’agence de notation S&P constate que les facteurs ESG passent au premier plan des stratégies des banques et devient la priorité des régulateurs. Ces derniers qui sont prêts à rendre plus flexible les règles prudentielles actuelles,renforceront d’un autre côté la surveillance des facteurs ESG dans leurs globalités : Environnement, sociale et gouvernance. Les Etats, les banques ou les entreprises avec de faible rating ESG paieront auront des difficultés à lever des fonds auprès des investisseurs institutionnels de long terme et paieront des primes de risque crédit plus élevé. Dans ce sens, les agences de notationintègrentdésormais ces facteurs dans leur méthodologie de notation du risque crédit. Les banquesfont face à des risques juridiques, opérationnels et de réputation auxquels elles sont intrinsèquement exposées et qui sont incorporé dans l’analyse des risques systémiques propres au pays dans lequel elles opèrent. Par conséquent, les risques ESG du pays deviendraient le point de départ de la notation d’une banque. Ce n’est pas par hasard que Fictch a argumenté son choix de dégrader certaines banques marocaines arguant que l’état n’a pas les moyens de les soutenir en cas de risque systémique.
Expert en Finance et Gestion des risques,
Effas ESG Analyst
Professeur Associé EM et IAE Normandie