Comment lutter contre le jihadiste?
Vendredi 16 octobre 2020, il est un peu plus de 17h00, un professeur d’histoire-géographie, Samuel Paty, a été assassiné et décapité à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines en France. Cet enseignant du collège de la ville avait invité les élèves musulmans à sortir de la classe avant de montrer, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, un dessin du prophète Mohammed «nu». Le père d’un élève du collège s’était indigné dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et a exigé le renvoi de la victime auprès de la principale du collège. L’auteur du crime, Abdoullakh, est un Tchétchène de 18 ans né à Moscou 2002 et qui s’était réfugié en France depuis 2017.
Le terrorisme jihadiste ne s’active pas seulement en France mais partout dans le monde. Dans notre propre pays le Maroc, deux jeunes scandinaves ont été tuées et décapitées dans la nuit du 16 au 17 décembre 2018 à Imlil près du mont Toubkal. Pour lutter contre le fléau du terrorisme jihadiste, il y a lieu d’adopter une approche à quatre volets : sécuritaire, idéologique, éducationnel, et de développement économique et social.
Le volet sécuritaire est primordial qui nécessite une collaboration étroite entre les différents services de renseignement à la fois sur le plan national et international. C’est ainsi qu’en France a été constitué un fichier S qui permet de suivre tous les suspects de radicalisation. Il faut aussi que la société civile collabore davantage à la lutte contre le terrorisme en signalant immédiatement aux autorités concernées tout comportement suspect. L’objectif ultime est d’arrêter les terroristes avant qu’ils ne passent à l’acte. Un autre aspect est le contrôle rigoureux des mosquées, du financement des associations à caractère religieux, et des réseaux sociaux.
Le deuxième volet est idéologique. Certes, la grande majorité des musulmans pratique un islam modéré et tolérant. Cependant, une minorité agissante diffuse une position extrême issue du salafisme. Les salafistes ont une lecture littérale des textes sacrés, le Coran et la Sunna, et postulent que leur interprétation est la seule légitime. La mouvance la plus dangereuse du salafisme est jihadiste, qui prône l’action armée et utilise le salafisme comme une base pour prendre le pouvoir. Cette faction a même réussi à conquérir une partie du territoire de l’Irak et de la Syrie et a proclamé l’Etat islamique. Heureusement, il a été mis fin à cet Etat islamique, cependant l’extrémisme religieux continue à sévir grâce notamment à la propagande largement diffusée par les réseaux sociaux et les télévisions satellitaires. L’ensemble de la communauté musulmane comprenant les autorités religieuses, le pouvoir politique, et la société civile doit dénoncer les thèses extrémistes, condamner leurs actes de violence, et promouvoir le véritable islam prônant la paix et la tolérance.
Le troisième volet est éducationnel. Il convient de la part des parents et des enseignants d’inculquer aux jeunes une autonomie intellectuelle et un esprit critique qui leur permet de se défendre par rapport aux thèses extrémistes. Il y a lieu également de revoir le contenu des livres scolaires pour effacer tout ce qui peut mener à la radicalisation, et former les enseignants dans la voie de la paix et de la tolérance.
Le quatrième volet est le développement économique et social. Dans beaucoup de pays, une partie de la population musulmane est marginalisée et réside dans des quartiers périphériques parfois insalubres. Les gouvernements doivent assurer un minimum de confort matériel, aussi bien au niveau urbain que rural. La création d’emplois pour les jeunes est fondamentale afin de leur permettre de subvenir à leurs besoins et de vivre dans la dignité. Outre l’éducation, les pouvoirs publics doivent assurer des soins de santé de qualité et des logements décents.
En conclusion, la lutte contre le terrorisme jihadiste ne peut réussir que si elle est globale. Elle exige une contribution de tous les acteurs de la vie sociale: gouvernement, autorités religieuses, partis politiques, société civile. Elle exige également une coopération internationale pour augmenter son efficacité, car les résultats ne peuvent être obtenus qu’à moyen et long termes.
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