Réflexion propice
Trois mois. Voilà trois mois presque jour pour jour que le Maroc fait face à la plus dure crise sanitaire de son histoire moderne. Face à cette situation inédite, nous devions réfléchir pour la première fois sous un nouveau prisme et apporter des solutions pour la santé générale de la population, que ce soit à travers la gestion des soins médicaux, mais également à travers la gestion de notre sociabilité en organisant un rythme de vie complètement différent à ce à quoi on était habitué. À Economie Entreprises, nous nous étions également pris au jeu en vous proposant une pause pour réfléchir, un «Time to Think» afin de sortir de la spirale infernale imposée au monde et profiter du confinement pour faire le point sur ce qui marche et ce qui ne marche pas dans notre pays, de ce que devraient être nos choix et principales priorités. Avec le déconfinement, il est maintenant temps de reprendre les activités et de revenir sur les enseignements qu’on aura tirés de cette crise. Car, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, elle aura agi comme un révélateur, triant le bon grain de l’ivraie. Et le moins que l’on puisse dire est que l’exercice n’a pas été propice à tout le monde. Certains auront trop réfléchi, d’autres pas assez et très peu ceux sont qui ont vu juste.
La fermeture des frontières à temps, le contrôle des déplacements et le confinement à un moment anticipé font partie de ces bonnes idées qui ont économisé au Maroc bien des souffrances. Le déploiement rapide de solutions de digitalisation est également à saluer. Alors qu’il il ne se passait pas un jour sans l’annonce de stratégies ou l’organisation de conférences, il aurait fallu quelques semaines pour que tout cela passe à la trappe et que des solutions réelles soient apportées. C’est bien dommage toutefois que cela n’ait pas réellement profité à l’entreprise qui, à quelques rares exceptions, n’a pas du tout su s’adapter au télétravail, par manque de confiance réciproque essentiellement. A cela s’ajoute une fragilisation du dialogue social avec un État qui semble pencher du côté du patronat, ou en tout cas en donne tous les signaux. En voulant en profiter pour retarder des acquis sociaux et exiger plus de flexibilité tout en bénéficiant des injections publiques, le secteur privé n’aura pas assez bien réfléchi. Et puis il y a finalement ceux qui ont péché par excès de zèle. L’opération de mobilisation des capacités litières dans les différents hôpitaux mais également en mettant à contribution les cliniques a rapidement montré ses limites. Avec un taux d’occupation d’à peine 4% des lits de réanimation, les infrastructures sanitaires ont été bloquées alors que la situation est beaucoup plus pénible pour les patients souffrant de maladies chroniques qui ont finalement fait plus de victimes que ceux atteints de Covid.
De quoi remettre en perspective plusieurs choix opérés et attirer l’attention sur ceux qui restent à prendre, notamment pour des décisions autrement plus décisives comme le choix du modèle de développement.