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Au Maroc, l’industrie automobile impactée ?

Economie avril 2020

Au Maroc, l’industrie automobile impactée ?

La crise par laquelle passe Renault et PSA inquiète de ce côté de la Méditérranée. Tributaire de ces constructeurs, tout un écosystème industriel menace de vaciller si jamais l’idée de relocalisation de leur usine est envisagée.

La crise du coronavirus pousse Renault et PSA à stopper leurs activités au Maroc. Ainsi dans ce contexte critique, le spectre de la relocalisation inquiète l’écosystème automobile. Renault Maroc a annoncé la suspension temporaire de ses activités industrielles sans préciser de date de reprise. Dans la même foulée, ce fut autour de PSA de déclarer la suspension de ses activités pour deux semaines. 11.000 collaborateurs répartis sur les deux usines de Renault et plus de 1.600 collaborateurs pour PSA sont concernés au Maroc. Soit plus de 17.000 employés pour les deux constructeurs. Ainsi, derrière la décision de ces deux locomotives de l’industrie automobile au Maroc, c’est tout un écosystème qui se retrouve quasiment à l’arrêt avec des dizaines de milliers d’employés au chômage technique. Selon une note de la Délégation de l’UE, «la suspension temporaire des deux constructeurs européens a un impact inéluctable sur tout le secteur».

Une ascension menacée ?

Le Maroc a un regard bienveillant sur son industrie automobile implantée sur son territoire, et en particulier la présence des deux constructeurs Renault et PSA. Les performances sont patentes, la montée en puissance également, sans oublier les emplois spécialisés, les exportations et les perspectives de développement de cet écosystème très dynamique. L’Etat marocain a d’ailleurs consenti d’énormes efforts pour séduire ces constructeurs : terrains industriels, voie ferrée, forte participation de la CDG au capital de Renault Tanger (48%), formation… Aujourd’hui, cette industrie semble menacée. Rappelons que Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, durant une de ses interventions, avait émis l’idée d’une probable relocalisation des usines françaises, qui selon lui, sont parties ailleurs. C’est-à-dire au Maroc, en Slovénie et en Turquie. Et avec la nouvelle crise sanitaire qui impacte sérieusement les deux constructeurs français, la décision de relocalisation revient sur la table, comme une épée de Damoclès. La concrétisation de cette éventualité pourrait chambouler tout l’écosystème automobile. «L’arrêt de l’activité pourrait se répercuter sur les 180.000 individus employés par l’industrie automobile, les 250 équipementiers automobiles opérant au Maroc autour de neuf écosystèmes (câblage, intérieur véhicules et sièges, métal emboutissage, batterie, PSA, moteurs, Renault, Delphi et Valeo)», pronostique l’institution européenne. En tant que premier secteur exportateur du pays (27% des exportations en 2019 avec un chiffre d’affaires à l’export de plus de 7 milliards d’euros), toute baisse de son activité aura un fort impact sur la balance commerciale. Et d’ajouter: «La crise actuelle risque également de compromettre les objectifs annoncés par le ministre de l’industrie d’atteindre une capacité de production annuelle de 1 million de véhicules d’ici 2022 et un chiffre d’affaires à l’export de milliards de dirhams». L’autre point négatif concerne les ventes nationales de véhicules qui devraient accuser une baisse compte tenu de la faible propension à la consommation en biens durables par la population marocaine et le report du salon Auto Expo initialement prévu pour juin 2020, ajoute l’étude.