Rouler écolo, ce n’est pas pour bientôt
Plusieurs mesures sont prises pour réduire la pollution de l’air au Maroc, une des plus élevées au monde. Mais parallèlement, les Marocains ne semblent pas en être aussi préoccupés.
Alors que tous les professionnels mondiaux tablent sur une croissance importante des voitures écologiques, au Maroc on en est encore loin. Pourtant, adopter ce type de véhicule ne pourrait être que bénéfique pour l’air du royaume. L’OMS avait, en effet, sonné l’alarme sur les dégâts de la pollution de l’air dans le monde et le Maroc ne fait pas exception. Les données de 2018 révèlent que le niveau des particules nocives dépasse dans certaines villes marocaines jusqu’à 300% les recommandations de l’organisation mondiale. S’agissant des émissions de gaz à effet de serre, le secteur de transport représente 25% de ces émissions. Au final, le coût de la dégradation de l’air est évalué à 9,7 milliards de dirhams, équivalent à 1,05% du PIB. Compte tenu de ces niveaux élevés de coût tout comme de pollution, le gouvernement s’est inscrit dans une lignée de mesures pour réduire le niveau de pollution de l’air. L’une des mesures les plus ancrées dans les esprits est celle du rajeunissement du parc de voitures en circulation, en ciblant notamment les taxis et les transporteurs de marchandises. Plus récemment, il a été annoncé que le passage de la norme Euro 4 à Euro 6 sera effectif en 2022. Ainsi, dès la fin de ladite année, les véhicules particuliers neufs mis sur le marché marocain devront être conformes à la norme Euro 6. Notre confrère Aujourd’hui Le Maroc énumère par ailleurs une série de projets du ministère de l’Équipement et du Transport pour réduire la pollution de l’air. Il s’agit de l’introduction d’un système de bonus-malus qui sera appliqué sur les prix des véhicules particuliers neufs en fonction de leurs degrés des émissions polluantes ainsi que la révision du système des seuils en vigueur concernant la tenue en CO2 pour les voitures essence et l’opacité des fumées d’échappement pour les véhicules diesel. Mais s’agissant des voitures électriques, il y a lieu de rappeler que celles-ci profitent depuis 2017 de l’exonération des droits de douane et de la vignette annuelle. En 2018, le gouvernement met en place une commission intersectorielle pour avancer la création d’un cadre favorable à la mobilité électrique. En dépit de ces mesures, la voiture électrique pèche, comme un peu partout dans le monde, par son prix qui demeure élevé. De même l’expérience de recharge de la batterie peut parfois être décevante. La gamme est également importante puisque la motorisation électrique n’est pas disponible dans tous les modèles. A cela s’ajoute la société marocaine qui demeure moins sensible à la question écologique. Le recours à des alternatives à l’usage de la voiture, comme le transport en commun ou le covoiturage, a essentiellement pour soubassement un souci financier comme l’explique Hasna Sidmou, chercheuse-consultante en management des organisations, dont les travaux portent sur l’impact des technologies sur le secteur des voitures: «Le manque de conscience environnementale de la part de la société marocaine nous confirme que l’usage de transport en commun est forcément une affaire financière et donc en présence des moyens tout Marocain achèterait une voiture». De son côté, Saadeddine Igamane, professeur de sociologie et chercheur en sociologie économique à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Fès, estime qu’ «on recourt à la consommation collective d’abord parce qu’on n’a pas les moyens pour être propriétaire d’un bien donné ou d’un service donné et ensuite, mais c’est moins répandu au Maroc, on le fait pour des questions environnementales ou sociétales». Il faudra mettre probablement l’accélérateur sur la sensibilisation !