Les entreprises publiques écrasent le privé
Mais le plus grave est l’absence de données détaillées sur les plus grandes entreprises de l’Etat. C’est un peu le Maroc des années 80. Avec une bourse faite de quatre entreprises, l’Algérie bat un record mondial en termes de retard économique!
Qui fait l’économie algérienne? La réponse qui vient à l’esprit est que le fait économique est surtout l’œuvre du secteur public avec un peu de privé. Mais répondre dans le détail, l’entreprise est pour le moins audacieuse, pour ne pas dire prétentieuse. Car, côté chiffres et datas, c’est le blackout total. Dans cette perspective, faire avec les quelques données disponibles n’est pas un choix. Partant du nombre d’emplois, le classement des entreprises algériennes révèle que les entreprises qui viennent en tête de la liste sont naturellement toutes publiques: Sonatrach avec plus de 40.000 emplois, Sonelgaz (28.000), Algérie Télécom (21.182), Algérienne des Eaux avec 25.000, et Cosider, le plus grand groupe algérien en BTP, avec près de 15.000 employés. Viennent ensuite, avec un nombre d’employés entre 1.000 et 10.000, Air Algérie, GTP qui est filiale de Sonatrach, l’ONAB, entreprise publique opérant dans la production et commercialisation d’aliments du bétail, et ENTP. Par chiffre d’affaires, le classement est en revanche plus difficile, du fait du manque de données, particulièrement pour ce qui est entreprises publiques. En effet, le plus gros chiffre d’affaires est réalisé par les entreprises dont l’activité est liée aux hydrocarbures. En 2009, Sonatrach a fait un chiffre d’affaires de 77 milliards de dollars, ce qu’il lui permet de générer, à elle seule, plus de 30% du PIB. D’un autre côté, le fait que l’Etat soit le premier employeur et le premier donneur d’ordre, le secteur privé ne peut évoluer que dans l’ombre du secteur public. D’ailleurs, le secteur privé opère dans sa grande majorité dans l’activité import/export, ce qui le rend encore plus dépendant de l’Etat. Il en découle une discrétion déconcertante des hommes d’affaires algériens, aussi bien dans les cercles d’affaires locaux qu’à l’étranger. Cette discrétion émane, selon un observateur, de «la prudence vis-à-vis du pouvoir algérien, qui n’accepte pas la confrontation, et de peur de représailles via les impôts ou la délivrance des agréments inévitables pour exercer la moindre activité». Cette situation explique pourquoi il est quasi rare d’identifier des patrons algériens du secteur privé, en dehors des présidents d’organisations patronales, dont l’activité reste ponctuelle pour la plupart.
Une bourse avec 4 entreprisesTrès peu visible, la Bourse d’Alger, qui a été créée en 1997, est considérée comme l’une des plus petites places financières dans le monde, puisqu’en 2011 elle a brassé une capitalisation boursière de 133 millions d’euros, avec trois valeurs cotées. Aujourd’hui, ce sont quatre entreprises qui y sont cotées (EGH El Aurassi, Saidal, Alliance Assurance et NCA Rouiba), mais on annonce qu’en 2014, une ou deux entreprises publiques auront le feu vert pour s’introduire en bourse, en plus de l’opérateur de téléphonie mobile Nedjma-Ooredoo dont l’entrée en Bourse en 2014 a été annoncée par son PDG, Joseph Ged. Ce peu d’engouement vis-à-vis d’une ouverture de capital via la bourse illustre encore l’immaturité du marché financier algérien, mais aussi une crainte de la transparence financière, particulièrement pour les entreprises publiques. |
Niet pour les marocainesLes banques marocaines tentent leur chance pour s’implanter sur le marché financier algérien comme cela a été le cas pour d’autres pays africains depuis des années, sans aucun succès. C’est BMCE Bank qui a fait le premier pas en mars 2006 en déposant sa demande d’agrément auprès de la banque centrale algérienne. Une demande qui n’a jamais abouti. Il était question à l’époque que le groupe s’allie à son actionnaire francais Crédit industriel et commercial (CIC). Attijariwafa bank lui emboîte le pas quelques mois après lors de la privatisation de Crédit populaire Algérie , en juillet 2006. AWB a formulé sa demande d’agrément pour se présenter officiellement en tant que candidat. A ce jour, cette demande n’a pas abouti non plus. Depuis, la banque renouvelle chaque année sa candidature. Connue pour leur frilosité vis-à-vis des banques privées étrangères, les autorités monétaires algériennes ont décidé de réduire fortement les autorisations d’implantations de banques étrangères. D’autres banques, notamment arabes, attendent depuis quelques mois des réponses à leur demande d’agrément auprès de la Banque d’Algérie. |