Que retiendront les marchés de l’année 2012?
Nous entamons une nouvelle année avec l’espoir qu’elle soit meilleure que 2012. Les optimistes et les politiques diront qu’elle sera meilleure, les pragmatiques seront sceptiques quant au retour de la croissance et une reprise soutenue des marchés financiers et demanderont aux investisseurs financiers de baisser la sensibilité aux marchés des taux. Mais, si l’on se réfère aux événements vécus à la fin de cette année 2012, tout est possible et la subjectivité dominera tout exercice de prévision; actions, obligations, devises et matières premières doivent être jugés avec une grande aversion aux risques.
L’élément clef de 2012 a été clairement la décision de la BCE de mettre en place le programme OMT «Outright monetary transactions» permettant d’assurer de la liquidité, sous certaines conditions, sur les marchés obligataires. Cette décision de la BCE a permis un net recul du risque souverain et un resserrement des spreads entre les pays de la zone euro.
L’autre élément marquant est l’augmentation par l’agence de notation Standard & Poor’s de la note de la dette grecque de six crans. Elle est passée de la catégorie «défaut sélectif» (SD) à «B-», avec une perspective «stable» à long terme. Un événement ayant surpris la planète finance. Ce relèvement de six crans (de «défaut sélectif» à «B-») est expliqué par l’opération de rachat d’une partie de sa dette, au tiers de son prix.
Autrement dit, vu que les marchés valorisent la dette à un prix très faible, les Grecs ont profité des nouvelles aides de leurs partenaires pour acheter leur dette, une vraie opération d’arbitrage sur des produits de taux qu’aurait effectuée n’importe quelle banque d’investissement ou salle de marchés.
Cette démarche de la Grèce peut être utilisée par d’autres pays comme l’Espagne et l’Italie qui auront besoin de plus de fonds pour sortir de la crise des dettes souveraines. Le rachat par les pays de leurs dettes publiques pourra redynamiser les marchés des taux internationaux avec un resserrement des spreads et des taux. Cette situation sur les marchés obligataires a insufflé une dynamique aux marchés des actions.
«Le rachat par les pays de leurs dettes publiques pourra redynamiser les marchés des taux internationaux avec un resserrement des spreads et des taux.»
Pour 2013, les choses s’annoncent plus compliquées. Les investisseurs vont tenter de trouver un rendement réel des actifs sans prendre trop de risque. Les regards se concentreront aussi sur l’amélioration, ou non, de la conjoncture mondiale. Le risque souverain ne pourra réellement se dissiper que si l’Europe sort de la récession. Pour 2013 et selon les analystes, les marchés financiers auront deux moteurs: un recul de la perception du risque souverain en Europe et la recherche de rendements réels positifs. Malgré une situation difficile, la bourse devrait être la priorité. Les grandes entreprises multinationales ont parfois énormément de liquidités qu’elles pourraient utiliser dans le cadre de programmes de rachat d’actions ou d’opérations de fusion- acquisition. Les premiers acheteurs d’actions européennes seront les entreprises elles-mêmes, notamment dans les pays du Sud de l’Europe.
Les perspectives économiques favorables militent pour des opérations de fusion-acquisition sur les entreprises italiennes ou espagnoles décotées. Cependant, la conjoncture financière risque de bifurquer dans le mauvais sens en cas de survenance d’un certain nombre de risques, notamment les évolutions de la construction économique et politique de l’Europe qui, bien qu’elles semblent répondre aux enjeux, elles ne sont pas encore toutes mises en place. Une nouvelle crise pourrait se mettre en place si les hommes politiques, sous la pression de l’opinion publique, font marche arrière. Les incertitudes concernent la croissance chinoise qui peut être soumise à un rebond cyclique imminent et les incertitudes quant à l’évolution du prix du pétrole et les tensions au Moyen-Orient.