La rennaissance!
Après presque quatre ans de flou, le complexe portuaire de Nador West Med sortira de terre. Il constituera certainement une forte impulsion pour la stratégie portuaire nationale, mais surtout une bouffée d’oxygène pour la région.
Le Roi a lancé, début décembre dernier, les travaux de construction du port Nador West Med qui relance la stratégie portuaire du Maroc. Cette fois-ci, c’est pour de vrai, après plusieurs mois de flou, notamment autour des craintes qui ont entouré la réalisation de ce projet. A titre de rappel, pendant plusieurs mois, la réalisation même du port était remise en cause pour des raisons à la fois techniques et financières. Mehdi Tazi Riffi, membre du Directoire de l’Agence spéciale Tanger-Med (TMSA), s’explique: «Les projets d’infrastructures s’inscrivent dans des démarches long terme tant sur les cycles d’investissement que d’exploitation. Dès lors, il est usuel que la phase de genèse de tels projets nécessite une longue période d’études et de consultations».
Nador West Med, redimensionné
En septembre 2010, il fallait approfondir les études sur le projet de Nador West Med, parce que les premières avaient été jugées incomplètes du point de vue de l’impact sismique et environnemental. L’idée des actionnaires du projet portuaire, en l’occurrence l’Agence nationale des ports (ANP) et l’Agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA), était l’éventuel approvisionnement du Maroc en produits pétroliers raffinés. Ces derniers voulaient créer une plateforme ayant le statut de zone franche pour le transbordement des cargaisons en provenance de raffineries en Méditerranée et monter une raffinerie qui exporterait vers l’Europe et les Etats-Unis. Enfin, l’idée des ingénieurs marocains est de capitaliser sur le relatif isolement géographique et la construction d’un terminal pétrolier et chimique pour accueillir des industries du secteur. Aucune de ces ambitions n’a pu se réaliser. Aujourd’hui, le projet vient avec de nouvelles dimensions. Riffi assure que «les changements sont principalement liés à la configuration portuaire et aux trafics qui seront traités dans le cadre de la première phase du port énergétique avec un renforcement des capacités de traitement des trafics vraquiers». Ainsi, le projet a été redimensionné. Le terminal gazier a été transféré à Jorf Lasfar. A l’exception de l’activité gazière pour la consommation régionale qui sera implantée à Nador West. D’ailleurs, la première phase du projet prévoit un terminal pétrolier.
Complémentarité avec Tanger-Med
Nador West Med s’inscrit donc dans une approche de développement progressif sur le long terme prévoyant un phasage du déploiement des infrastructures en adéquation ave les besoins du marché et des orientations stratégiques retenues dans la stratégie nationale portuaire à l’horizon 2030 dans laquelle elle s’inscrit. D’ailleurs, selon les responsables du projet, le terminal à conteneurs n’est pas pour aujourd’hui, car Tanger-Med assure pleinement cette fonction. Au-delà, et par rapport à Tanger-Med qui offre de grandes capacités de traitement pour les trafics conteneurisés et rouliers, «Nador West Med permettra d’offrir des capacités de traitement principalement axées sur les trafics vraquiers, liquides et solides et plus particulièrement pour les trafics de produits dérivés d’hydrocarbures», explique Riffi. Ainsi, Nador West Med se concentrera sur les infrastructures logistiques pétrolières et cela, en vue de ne pas concurrencer Tanger-Med sur son segment. Donc, la première phase qui concerne le port énergétique nécessitera un montant d’investissement de 5,9 milliards de dirhams. Le projet sera porté par la société éponyme Nador West Med SA qui a été constituée. A ce titre, Riffi annonce que «les conventions signées en date du 4 décembre 2012 permettront de doter la société des prérogatives nécessaires pour la gestion du projet dans la phase construction et de lui conférer également le rôle d’autorité gestionnaire du port et de la zone franche de Betoya dans la phase d’exploitation». Erigé sur un foncier public de 850 hectares sur la baie de Betoya, située à l’ouest de Nador, le projet portuaire représentera sûrement une bouffée d’oxygène pour la région. Le projet devra s’articuler comme le maillon fort dans la dynamique de développement de la région, mais surtout dans l’attraction des investissements nationaux et étrangers et aussi de la création d’emploi, que ce soit au niveau de la création ou lors de la phase opérationnelle.