Balima, la belle endormie!
Balima risque-t-elle de se réveiller un jour? En effet, on se demande à quoi servirait encore sa cotation en bourse puisqu’elle ne communique que très peu, entretenant le mystère…
La société spécialisée dans la gestion locative, Balima, commence à sortir enfin de l’ombre. En effet, elle vient de diffuser son rapport annuel pour l’exercice 2011. Un événement qui suscite un grand intérêt, puisque l’entreprise n’a publié aucun document du genre depuis exactement dix ans. Oui, il s’agit bien d’une société cotée en bourse! Aux yeux des analystes de la place, «ce rapport reste encore incomplet pour nous permettre de réaliser des analyses sur la valeur Balima, plus encore sur son activité».
Il est clair que les dirigeants de Balima sont réticents à communiquer. C’est en fait un choix délibéré de vouloir rester dans l’ombre. Contacté, Louis-Bernard Lechartier, l’administrateur-directeur général délégué de Balima, a tout de même répondu à quelques-unes de nos questions.
Une entreprise au patrimoine valorisant
On reconnaît tous le groupe à son fameux Hôtel Balima, fondé en 1932 en face du Parlement à Rabat, qui jouit, certes, d’une situation stratégique, mais qui a perdu son prestige d’antan. Ce dernier, géré par la Société immobilière et hôtelière de l’Afrique du Nord, est devenu un hôtel «mal famé». Peut-être que le redressement de cette image devrait être l’un des grands changements que le groupe devrait opérer dans les mois à venir, pour sauver l’image de marque de son produit phare.
En plus de l’Hôtel Balima, le groupe est une société foncière fondée en 1928 et qui possède un patrimoine immobilier locatif diversifié. «Ces biens sont offerts à la location à un panel de clients allant de l’étudiant prenant une chambre pour la durée de ses études, aux sièges d’entreprises dont la surface se compte en milliers de mètres carrés», nous assure Lechartier, qui n’est autre que le petit-fils de Louis Mathias, le fondateur du groupe. L’histoire de Balima commence au beau milieu du protectorat français. Louis Mathias, un aventurier originaire de la Bourgogne en France et vivant au Maroc depuis 1909, décide de fonder avec quelques amis une société de promotion immobilière. Son nom est la contraction des deux premières lettres des patronymes des trois associés, en l’occurrence Lucien Bardy, André Liorel et Louis Mathias. Une année après sa création, alors que le monde est en pleine crise économique, la nouvelle société devient une référence en matière de transactions immobilières, mais aussi et surtout dans la construction d’immeubles.
Aujourd’hui, le patrimoine de Balima représente une surface construite cumulée d’environ 76.000 m2 dont la majorité est située au centre-ville de Rabat sur des axes majeurs, ce que les Américains appellent «prime locations». «Nos biens les plus emblématiques sont les immeubles de la partie noble de l’avenue Mohammed V à Rabat, autour de l’hôtel Balima, faisant face au Parlement. Ce patrimoine est géré par une équipe de 46 personnes secondées par un réseau de sous-traitants», explique Lechartier.
«Balima se retrouve à la tête d’un véritable empire immobilier couvrant l’ensemble du centre-ville de Rabat et bien au-delà»
Un fort potentiel à développer
Certes, le groupe Balima dispose d’un grand patrimoine, mais reste toujours méconnu vu le manque flagrant de communication. Un opérateur dans le mobilier nous assure que «c’est une entité forte financièrement mais qui n’arrive pas à dynamiser sa gestion courante, elle a un système de management moderne qui vise à améliorer son image et la faire mieux connaître». D’ailleurs, le groupe est aussi timide au niveau de la Bourse de Casablanca. Coté depuis 1946, la valeur vivote à peine.
Pour le directeur général délégué du groupe, «le comportement de la valeur est conforme à celui de la société: solide et discret. Notre objectif est la création de valeur sur le long terme avec une politique de risques maîtrisés qui vise à maintenir la qualité et à développer son patrimoine». Ce dernier évoque plus le rôle de l’entreprise dans la protection de l’épargne de ses actionnaires, pas son engagement dans des investissements spéculatifs potentiellement rentables à court terme, mais porteurs de dangers conséquents en cas de retournement de cycle économique. D’ailleurs, il argumente en assurant que «les évènements financiers de ces dernières années ont montré les limites de la course à la croissance à tout prix. Cela se traduit par une faible volatilité du titre qui a fait preuve d’une grande résistance aux mouvements baissiers de ces dernières années». Ce qui montre que le management de l’entreprise n’a pas pour objectif de booster les cours. L’évolution positive du titre sur la durée reflète cette croissance progressive des résultats. «La faible liquidité du titre traduit une évidente fidélité de l’actionnariat, preuve d’une confiance certaine dans cette politique», explique Lechartier. Pour l’instant, pour le management de Balima, la cotation en Bourse est un élément de valorisation intéressant surtout pour ses actionnaires minoritaires qui jouissent ainsi de la possibilité de pouvoir disposer de leurs actifs en cas de nécessité.
Ceci dit, il est fort probable que le groupe fasse appel au marché à l’avenir, dans le cadre de plans de développement en cours de réalisation. Des prémices de changement dans le système de management de Balima, qui permettrait éventuellement de rendre l’information plus accessible sur l’entreprise, mais qui permettrait également l’épanouissement d’une entreprise qui est aujourd’hui une entreprise familiale.
Des résultats en hausseSelon le dernier rapport de BMCE Capital Research, les analystes n’émettent aucune recommandation sur la valeur. Ceci est certainement dû à sa discrétion au niveau de la Bourse. D’ailleurs, presque toutes les sociétés de bourse ne suivent pas la valeur. Mais, il faut dire qu’au niveau des résultats financiers, la société a un potentiel. En effet, Balima a drainé à l’issue du premier semestre 2012 un chiffre d’affaires de 19 millions de dirhams, en appréciation de 9,1% par rapport à la même période en 2011. Partant et profitant notamment d’une meilleure maîtrise des charges de personnel (16,9% du chiffre d’affaires contre 19,5% au premier semestre 2011), le résultat d’exploitation s’est élargi de 17,5% à 10,8 millions de dirhams. La marge opérationnelle a gagné ainsi 4 points à 56,5%. Côté endettement, la société affiche un désendettement de -13,9 millions de dirhams au premier semestre 2012 contre -4,3 millions de dirhams suite à l’effet combiné de la baisse de 2,9% des dettes de financement à 6 millions de dirhams et de l’accroissement de 89,8% de la trésorerie active à 19,9 millions de dirhams. |