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L’avalanche des profit warnings

Entreprises novembre 2012

L’avalanche des profit warnings

S2M, Stroc Industrie, Sonasid… sont quelques-unes des entreprises cotées à avoir publié des profit warnings sur leurs résultats au premier semestre 2012. Pour les analystes, la tendance de morosité se maintiendra pour le restant de l’année, même en 2013.

Ce ne sont pas moins de 8 entreprises cotées à la Bourse de Casablanca qui ont annoncé des profit warnings avertissant sur des résultats en baisse pour le premier semestre de l’année en cours. En 2011, ils étaient cinq seulement. Risma, S2M, Stroc Industrie, SNEP, Sonasid, Maghreb Oxygène, Colorado et Delta Holding, des entreprises opérant dans plusieurs secteurs certes, mais qui ont été toutes sanctionnées par la délicate conjoncture nationale et internationale. Il faut dire qu’il existe deux raisons de la montée en puissance des annonces de profit warnings, la première relève des fondamentaux de ces entreprises et la seconde concerne leur système de communication.

Pourquoi la montée des profit warnings
L’annonce des profit warnings est étroitement liée à l’activité des entreprises cotées à la Bourse de Casablanca, ces dernières ayant vécu une conjoncture difficile se sont trouvées obligées d’annoncer des résultats en dessous de leurs attentes. «On peut expliquer cette multitude de profit warnings par le fait que les entreprises marocaines ne pensaient pas que la conjoncture allait avoir un tel impact sur leur activité», explique Yassine Redouane, directeur général d’Advisory Finance Group. On peut penser que l’annonce de ces profit warnings revêt un caractère négatif et pourrait avoir un impact sur le développement de la Bourse de Casablanca. Ce cas de figure n’est pas partagé par tous les analystes. L’un de ces derniers assure que «le fait d’annoncer un profit warning montre le degré de transparence des entreprises cotées puisque, avant, bien qu’elles réalisaient des résultats non conformes à leur business plan, elles communiquaient très rarement sur ladite information». Une telle opération témoigne également de la maturité de la place boursière marocaine qui devient de plus en plus transparente.
Mais d’un autre coté, Haddi Gharib, expert financier et boursier précise qu’«en même temps, ces annonces démontrent le déficit manifeste en matière d’informations macro-économiques, chez quelques émetteurs de la place, conjuguée à la sous-estimation de l’influence des effets exogènes sur l’économie nationale en général et sur leurs propres prévisions en particulier».
Il faut dire, dans ce sens, que tout au long de ces dernières années, le CDVM a durci la réglementation autour de la communication financière des entreprises, qu’elle soit positive ou négative. «Les entreprises sont de plus en plus prudentes dans leurs communications, puisqu’elles risquent d’être pénalisées par le CDVM, mais aussi par les investisseurs qui ont fait confiance à leurs valeurs cotées», explique Redouane.

«Les entreprises annonçant des profit warnings n’avaient pas bien cerné le degré de morosité du marché national et international.»

Impact sur le marché et perspectives négatives
Mais au-delà du caractère fondamental de communiquer un profit Warning, quel est son impact sur un marché boursier déjà en berne? «L’impact serait de renforcer davantage la crainte des boursicoteurs, en plus de détériorer leur confiance en le marché boursier. Cela renforcera également leur méfiance quant à l’avenir de leurs participations boursières», répond Redouane. En effet, le marché boursier est déjà très impacté et les volumes des transactions sont de plus en plus faibles.
D’ailleurs, selon l’avis de plusieurs analystes, la Bourse n’a pas réagi de façon claire à la publication des résultats des sociétés cotées. De ces résultats, on peut certes dégager une tendance baissière de la capacité bénéficiaire globale de la cote. En effet, entre la multiplication des profit warnings et des résultats effectivement en retrait ou en stagnation, on peut en toute logique s’attendre à ce que la masse bénéficiaire des sociétés cotées soit en recul au titre de ce premier semestre.
Mais cela n’explique pas l’ampleur de la baisse actuelle des indices boursiers qui sont tous dans le rouge, car elle dure depuis le début de l’année, sachant que 2011 a également été une année baissière. Et il n’y a qu’à voir l’évolution des volumes enregistrés sur le marché central pour s’en convaincre, sachant que quand le marché est alimenté en information, il est censé en temps normal afficher une hausse des volumes.
Sur les six premiers mois de l’année, la moyenne quotidienne des transactions ressort à 121 millions de dirhams. Depuis le mois de juillet, elle est passée à 63,5 millions. En tout cas, il est difficile de voir plus clair côté perspectives de croissance du marché à la lumière des profit warnings et des résultats en baisse. Ce qui pourrait sauver la face, c’est d’espérer une année pluviométrique meilleure mais aussi un léger rebondissement des investissements étrangers au Maroc. Côté profit warnings, «il n’y aura certainement pas autant d’annonce pour les résultats à venir, puisque les entreprises ont déjà intégré la morosité de la conjoncture dans leurs business plans». Explique Yassine Redouane. Quoi qu’il en soit, la publication des résultats en baisse et les profit warnings annoncés n’ont pas arrangé la situation du marché boursier national. Un marché qui, bien qu’il perde de plus en plus de sa valeur, demeure chèrement valorisé par rapport à des places comparables telles que la Tunisie et l’Egypte.

Risma garde la forme

Amine Echerki, président du Directoire Risma, explique les raisons derrière le profit warning du fonds.

Quelles sont les raisons des décalages subis dans la mise en œuvre de vos projets, ainsi que la sous-performance de trois de vos établissements évoqués lors de votre rencontre avec la presse le 16 octobre?
Nous avons évoqué les retards dans la livraison des deux Sofitel qui ont ouvert en 2012, à savoir Sofitel Thalassa Agadir et Sofitel Casablanca Tour Blanche. Ce sont, en effet, des unités dont les travaux de construction ont commencé il y a près de trois ans. Pour Agadir, le décalage est surtout venu d’une redéfinition du programme initial car ce projet était au départ prévu pour une unité 4 étoiles. La volonté partagée par tous de doter cet emplacement du Founty II en front de mer d’un établissement de luxe plutôt qu’un hôtel 4 étoiles a conduit à la redéfinition du programme et à la constitution d’un nouveau dossier de financement. C’est un retard qui s’avère salutaire puisque ce nouveau positionnement «haut de gamme» rencontre un écho positif, tant des autorités que des clients. Sur la durée de vie d’un projet et compte tenu de l’importance du «positionnement produit» pour l’avenir d’un hôtel, ce type de décalage est acceptable, d’autant que les modifications apportées sont génératrices de valeur pour Risma et ses actionnaires. Pour le Sofitel de Casablanca Tour Blanche, ce projet en IGH (Immeuble de Grande Hauteur) et le niveau de complexité technique de sa réalisation ont imposé un délai complémentaire. Là encore, l’impact financier négatif de ce décalage sera résorbé d’ici fin 2012. Enfin, les trois unités critiques dont les sous-performances ont été évoquées, concernent des unités qui n’entrent pas complètement dans le business model actuel de Risma (les Clubs et les hôtels économiques à vocation «loisirs»).
Pour ceux-là, des décisions de repositionnements sont prises et qui seront mises en œuvre d’ici fin 2012.

Côté résultats financiers, qu’en est-il du reste de l’année 2012 ? Est-ce que la conjoncture aura son effet sur le reste de l’année?
Nous avons communiqué sur les chiffres à fin juin et montré que la tendance positive se confirmait sur le second semestre 2012. Ces derniers font ressortir pour Risma une performance commerciale supérieure aux réalisations sectorielles, avec un taux d’occupation moyen de 57% (60% à périmètre constant) contre 39% pour l’ensemble du marché et un chiffre d’affaires en progression de 4% par rapport au premier semestre 2011. 2012 est aussi une année qui voit la quasi-finalisation d’un plan d’investissement ambitieux de 4,8 milliards de dirhams (4,2 milliards à ce jour), faisant de Risma le premier investisseur touristique du Royaume.
Nous avons ainsi parachevé notre développement sur le segment haut de gamme et renforcé notre présence sur le segment économique.
Un business model qui a fait ses preuves et qui permettra d’asseoir une rentabilité pérenne dans un horizon proche. Ainsi, dès 2015, les huit hôtels ouverts cette année deviendront des hôtels contributeurs dans le résultat de Risma.

D’un autre côté, avez-vous de la visibilité sur Saemog? Quelles sont vos perspectives?
Risma est actionnaire à 40% dans Saemog. Comme les autres actionnaires, Risma est convaincu du bien-fondé des choix opérés en matière de positionnement pour cette station. La station actuelle avec son Sofitel, ses deux golfs et son premier quartier de villas a su conserver une intégrité et une cohérence en termes de positionnement. Les travaux importants de mise en valeur du site rendront les phases à venir de promotion des prochains programmes immobiliers plus aisées ! Reste qu’il faut, dans le contexte actuel, revoir la structuration financière de ce projet car le cycle de développement d’une station est beaucoup plus long que le cycle de développement hôtelier. Il faut également travailler à l’implication renforcée de nouveaux acteurs et des autorités. La station de Mogador est porteuse d’avenir et jouera un rôle clef dans l’économie touristique du pays. Nous y croyons tous et nous savons que les pouvoirs publics nous soutiennent dans ce projet!