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BMCE Bank pénalisée par le risque

Entreprises novembre 2012

BMCE Bank pénalisée par le risque

Les principaux indicateurs du Groupe BMCE Bank ont progressé au titre du premier semestre 2012. Toutefois, l’envolée du coût du risque a eu un impact négatif sur le profit qui a diminué de 30%. La banque compte sur sa nouvelle stratégie africaine pour se refaire une santé.

Par rapport à la santé de fer de la BCP et d’Attijariwafa bank, la BMCE fait grise mine. Comme à son habitude, la banque d’Othmane Benjelloun a annoncé des résultats semestriels positifs mais mitigés. Ainsi, le produit net bancaire consolidé est en hausse de 8%, à 4,380 milliards de dirhams, contre 4,056 milliards de dirhams en 2011. «Cette augmentation est le résultat de l’amélioration des activités de nos filiales en Afrique subsaharienne», a expliqué Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur-directeur général délégué auprès de la présidence en charge de la coordination du Groupe BMCE Bank lors de la présentation des résultats. En effet, le management de la banque compte capitaliser sur ses réalisations internationales pour accélérer son programme de développement aux deux niveaux national et international.
Pour cela, «le Conseil d’administration de la banque a approuvé le Plan Stratégique de Développement Triennal 2012-2015 du Groupe BMCE Bank et décidé de doter la banque de moyens suffisants pour le mettre en œuvre», a souligné Brahim Benjelloun-Touimi. Ces moyens seront concrétisés par une injection de pas moins de quatre milliards de dirhams sous forme de fonds propres et de quasi-fonds propres sur la période 2012-2015 via une augmentation de capital en numéraire d’un montant de deux milliards de dirhams et d’une émission de dette subordonnée d’un montant identique. En plus de ces nouveaux apports, «l’assise financière du Groupe BMCE Bank sera aussi renforcée durant cette période (2012-2015) par les réalisations financières probantes du Groupe au terme de l’exécution du Plan Stratégique couplées à une politique de distribution raisonnable de dividendes», a souligné Benjelloun-Touimi.

«A travers sa nouvelle augmentation de capital, BMCE Bank pourra redynamiser sa valeur et la rendre liquide.»

Le risque fait chuter les profits
En effet, BMCE Bank a pu réaliser pour le premier semestre de l’année des chiffres positifs. La banque a amélioré ses indicateurs financiers. Le produit net bancaire a dépassé 2,4 milliards de dirhams, en hausse de 12,8%. Elle a pu recruter 97.434 nouveaux clients au premier semestre. A fin juin, les dépôts de la clientèle ont baissé de 3,1%, à 88 milliards de dirhams. La plus forte baisse a été enregistrée au niveau des dépôts à terme (DAT). Le management explique cette contre-performance par un arbitrage au profit des certificats de dépôts qui étaient plus attractifs. Une autre explication à la baisse des DAT est la suppression des bons de caisses anonymes et la crainte des ATD. «La suppression des bons de caisses anonymes a causé une petite évasion des dépôts bancaires», indique le management de la banque. Mais, «l’impact reste marginal», atténue Benjelloun-Touimi. Autre point concernant les résultats, on ressort la morosité de la conjoncture qui s’est nettement reflétée sur le coût du risque de la banque au Maroc. Il s’est établi à 487 millions de dirhams, en hausse de 142%. D’un autre côté, les filiales européennes et africaines renforcent leur contribution au résultat net part du groupe (RNPG) de 21 points, à 35% à fin juin. Les activités au Maroc, elles, ont ramené leur contribution au RNPG de 86 à 65%.

Un comportement boursier mitigé
Si au niveau financier BMCE Bank semble avoir réussi son redressement, au niveau boursier la valeur n’est pas à envier. Puisque après la grosse opération de BMCE Bank et la CDG, à travers leurs deux filiales respectives RMA Watanya et CGI, le comportement de la valeur de BMCE Bank n’a cessé de se dégrader. En tout cas, c’est ce qu’affirme un analyste boursier préférant garder l’anonymat, ce dernier explique que «depuis cette opération, la valeur de BMCE Bank a beaucoup perdu en termes de liquidité, les boursicoteurs ont commencé à fur et à mesure à se désengager de la valeur». En effet, le cours de la valeur affiche une variation annuelle de -17,59 % avec un volume d’échanges presque quasi nul sur les derniers six mois. Un autre analyste assure de son côté que «l’annonce de l’augmentation de capital que BMCE Bank est en train de réaliser s’avère être une bonne opération pour remonter la liquidité de la valeur». En attendant de voir les répercussions de cette opération sur la valeur et ses fondamentaux, BMCE Bank s’est renforcée dans le tour de table du groupe Bank of Africa. Elle détient désormais 65% du capital. Les bénéfices de BOA ont bondi de 77%, à 32,2 millions d’euros, l’équivalent de 357 millions de dirhams au premier semestre. Sur les six premiers mois de l’année, BOA a élargi sa présence au Ghana et Djibouti. Des demandes d’agréments ont été introduites dans d’autres pays. Le développement sur le continent sera l’un des principaux axes du plan stratégique du groupe BMCE Bank entre 2012 et 2015.

La banque Euro-Africaine

Après avoir fait le ménage dans ses filiales internationales, la BMCE reprend des couleurs. Voici les premiers éléments de la nouvelle stratégie expliqués par Mohammed Agoumi, le directeur général des activités internationales de BMCE Bank.

Pour la première fois depuis sa création, BMCE International réalise un Résultat net positif de 7 millions de dirhams. Comment cela s’est réalisé?
BMCE Bank International avait engagé depuis deux ans un programme de réduction de dépenses. Ce programme, conjugué à une redynamisation de l’activité et à certaines actions de restructuration des actifs, a fini par produire un effet positif ce semestre. Désormais, la porte d’un futur meilleur est ouverte.

Qu’en est-il des actions de restructuration des filiales Européennes?
Le Groupe vise à réunir sous une même bannière toutes ses implantations en Europe. C’est le schéma qui produit le plus de synergies et qui permet la meilleure utilisation de nos fonds propres. Nous avons en Espagne une filiale qui est d’une grande efficacité. A Paris, nous avons décidé de redonner à cette succursale son lustre d’antan. BMCE Paris a toujours été le fer de lance du financement du commerce extérieur. Les stratèges disent souvent qu’il convient toujours de se recentrer sur ses fondamentaux. C’est exactement le sens de la restructuration de Paris. Quant à Londres, nous poursuivons sans relâche la baisse de nos dépenses. C’est seulement après la stabilisation d’un résultat d’exploitation positif que la restructuration sera aboutie avant de reprendre le développement. En regroupant l’ensemble européen, devenu profitable, le Groupe se dotera d’une machine efficace qui accentuera la création de valeur.

Quelle est la philosophie de la nouvelle stratégie internationale de BMCE bank?
L’Europe va devenir la plateforme du Groupe de financement Corporate de l’Afrique. Si les relations commerciales entre la France et l’Afrique restent importantes et justifient notre présence à Paris, Londres reste durablement le centre international de financement Corporate. Le Groupe compte capitaliser sur ses licences bancaires en Europe et sur sa présence à Paris et à Londres pour couvrir toute la palette des besoins de financement des grandes entreprises et des grands projets en Afrique.

Quelle est la place de BOA dans un marché africain en mutation?
BOA est davantage une banque de détail africaine pour les Africains. Sa présence dans 16 pays aujourd’hui et dans plusieurs autres demain fait d’elle un acteur incontournable de ce marché. La plupart des marchés africains ne dépassent pas 10% de taux de bancarisation. BOA a donc un avenir prometteur en alliant la force de BMCE Bank et la force africaine de BOA. Notre objectif est d’avoir une présence significative dans un grand nombre de pays. Cela sert la marque et diversifie les risques d’implantation.