S2M déchante
Neuf mois après son introduction en bourse, la société spécialisée en monétique S2M annonce un profit warning sur ses résultats. Visiblement, l’entreprise étant très optimiste dans son business plan, s’est retrouvée confrontée à une conjoncture nationale et internationale en berne.
Certains analystes de la place disent que la Société Maghrébine de Monétique (S2M) n’a pas pu tenir ses promesses en termes de réalisations financières, ce qui est certes vrai, mais ils restent assez confiants quant au renouement de la société avec les résultats positifs.
L’annonce d’un profit warning par l’entreprise vient ressusciter encore une fois la fragilité du secteur des NTIC au niveau de la Bourse de Casablanca. En effet, au terme du premier semestre 2012, S2M a annoncé un résultat net s’inscrivant à la baisse de 9,7% par rapport à la même période de l’année 2011 et ce, malgré une progression de son chiffre d’affaires, qui devrait être aligné aux objectifs du business plan de la société. Ces réalisations sont essentiellement dues à la conjonction de facteurs exogènes, tels que l’impact de la morosité économique internationale sur les ventes de solutions à l’export, la concurrence sur les ventes des moyens de paiement au niveau local exerçant une pression accrue sur les marges et le niveau de provisionnement des créances décidé par le management sur des pays connaissant des conditions économiques et/ou politiques particulières.
Un business plan très optimiste
Un analyste boursier explique ce profit warning par le fait que «les prévisions du business plan de l’entreprise ont été très optimistes quant à l’évolution du marché des NTIC, mais aussi quant à la conjoncture nationale et internationale!». Abdelaziz Daddane, le président du directoire de S2M ne le nie pas: «Nous étions probablement très optimistes au niveau de notre business plan. Nous ne sommes pas satisfaits du comportement du cours de S2M. Mais, on en devine un peu les raisons puisque nous pensons que le cours ne reflète pas les fondamentaux solides de S2M». En effet, la valeur S2M a perdu presque un tiers de sa valeur par rapport à son cours d’introduction (325 dirhams) en l’espace de 9 mois de cotation. Aujourd’hui, la valeur technologique frôle les 220 dirhams.
La raison de cette baisse, selon le management de la société, a été la distribution d’un dividende exceptionnel de 31,25 dirhams, qui vient tout de suite diminuer le cours de la valeur. Mais il est clair que d’autres facteurs agissent également sur la baisse, dans la mouvance générale de la morosité de la Bourse de Casablanca et le manque de confiance des boursicoteurs marocains en la Bourse. «Quand on observe cette baisse, on s’aperçoit que les volumes sont assez faibles, car se sont essentiellement des petits porteurs qui agissent sur la valeur et qui sont sur une logique cours-termiste», explique Daddane.
Ainsi, le problème qui se pose aujourd’hui est que, même le secteur des NTIC ne dispose d’aucune visibilité pour l’avenir. «Ce dernier n’a aucun horizon de reprise», annonce un analyste boursier. Car toutes les sociétés cotées appartenant au secteur se retrouvent dans le même panier que S2M; elles se sont retrouvées devant une crise, qui les a poussées à annuler la plupart de leur investissement, surtout que leur principale clientèle est constituée de banques qui pâtissent également de la crise et qui réduisent, de leur côtés, leurs investissements dans le secteur des NTIC.
«Le business plan annoncé lors de l’introduction en bourse de S2M a été très optimiste par rapport à la conjoncture nationale et internationale.»
Un manque de communication à corriger
De son côté, le président du directoire de S2M reste confiant quant à l’évolution de son entreprise, car pour lui, S2M a pu développer des activités récurrentes qui font que même par des temps de crise, elle arrive à générer de la valeur ajoutée. Ceci explique l’évolution du chiffre d’affaire de la société, car pour le premier semestre 2012, ce dernier a réalisé une croissance qui dépasse même le business plan. En ce qui concerne le reste de l’année, S2M table sur les nouveaux projets qu’elle compte réaliser. Par ailleurs le gros challenge pour le management de S2M reste celui de la communication, les investisseurs ne connaissent pas assez l’historique de l’entreprise, ni ses grands projets. Cette caractéristique s’avère être vraie pour toutes les entreprises du secteur NTIC, puisque les analystes accusent le secteur d’être «pas très transparent, opaque, et communique très mal». Daddane se rebiffe: «Nous essayons de bâtir une entreprise sur des bases saines et ainsi développer notre crédibilité. Cela nous aidera à être mieux connus par les investisseurs boursiers».
Des perspectives positives
C’est dans ce sens que S2M poursuit la mise en œuvre de sa stratégie de développement et ce, conformément aux orientations et objectifs annoncés dans son business plan. Pour le management de l’entreprise, cette stratégie commence à donner ses fruits à travers les nouvelles références acquises aussi bien localement qu’à l’étranger, l’avancement soutenu du développement de la version 8 de notre produit phare SelectSystem, la croissance de la nouvelle Business Unit Transactions (outsourcing monétique). «Pour les années à venir, nous comptons poursuivre cette stratégie par le développement de la part des activités récurrentes et semi-récurrentes dans le chiffre d’affaires pour réduire notre exposition aux aléas de la conjoncture internationale», annonce l’entreprise. En effet, S2M compte diversifier ses produits et ses débouchés, le management de l’entreprise est en passe de conclure deux implantations internationales imminentes, notamment en Allemagne et en Irak. Rappelons que S2M est présente aujourd’hui dans une trentaine de pays à travers le monde.
Avis d’analystesS2M a récemment publié un profit warning dans lequel elle table sur un repli de 9,7% de son résultat net au premier semestre 2012 et ce, en dépit de l’amélioration escomptée de ses revenus. |