Le cœur chimique du Maroc
Méconnue avant les années 80, la région de Jorf Lasfar a connu le début de son ascension dès l’arrivée de L’OCP. Elle est devenue aujourd’hui un hub industriel et chimique reconnu à l’international et deuxième grand pôle industriel au Royaume, après Casablanca. L’histoire d’un chantier titanesque.
Connue auparavant par sa petite auberge et son restaurant, la zone de Jorf Lasfar est devenue en quelques années le cœur battant de l’industrie marocaine, elle confirme de plus en plus sa place dans le développement de l’économie nationale. C’est l’histoire d’une région pendant très longtemps dans l’ombre et qui a entamé son ascension depuis l’arrivée de l’OCP en 1986.
Son développement ne s’est pas arrêté là puisqu’aujourd’hui, elle abrite en plus de l’industrie chimique, de nouvelles industries à forte valeur ajoutée, telles que le gaz, l’électricité entre autres. A date d’aujourd’hui, il y a 159 entreprises en activité dans la région.
A cela il faudra ajouter une vingtaine d’entreprises ayant acquis des lots industriels dans la nouvelle zone industrielle de Jorf Lasfar. Ces entreprises opèrent essentiellement dans les industries chimiques (fabrication d’engrais) et dans l’industrie du ciment.
L’émergence de Jorf Lasfar s’est accentuée avec l’intérêt particulier que le Roi Mohammed VI a donné à la région. En effet, le Souverain avait choisi Jorf Lasfar pour exprimer sa vision sur le développement du Royaume. Il s’agit «d’améliorer l’environnement de l’investissement, de l’encourager et de faire baisser les coûts de production».
Et c’est ainsi que la région est passée à la vitesse supérieure, avec la création du parc industriel de Jorf Lasfar, unique au Maroc avec 500 hectares et devenu la première destination des industries de première catégorie (les industries lourdes). En effet, cette importante infrastructure a séduit plusieurs groupes de renommée nationale et internationale qui ont décidé de s’implanter dans la région.
La région avant l’arrivée de l’OCP
Mais comment était la région avant l’arrivée de l’OCP? Elle était principalement caractérisée par une faible activité agricole et de pêche.
En effet, le secteur de la pêche a connu une nette amélioration avec la construction du port de Jorf Lasfar, puisque le site de Jorf Lasfar était prédestiné à abriter ce port, car l’histoire atteste que du temps du protectorat, cette zone avait été retenue initialement pour abriter un port et que finalement le choix s’est porté sur la ville de Casablanca.
Mais aujourd’hui le port de Jorf Lasfar, qui est le deuxième port minéralier d’Afrique et avec le développement du complexe industriel du groupe OCP, la région est devenue la zone industrielle la plus attractive au Maroc.
On ne peut parler du développement de la zone sans évoquer le développement de la région d’El Jadida.
En effet, la ville a dû avancer à très grands pas, pour accompagner le développement de hub chimique et permettre à la zone d’accueillir de grandes entreprises marocaines et internationales spécialisées dans l’industrie lourde.
Le directeur du CRI d’El Jadida, Mohamed Zouhair, assure dans ce sens que «cette renaissance moderne d’une ville centenaire devrait être accompagnée par une gestion anticipée des transformations futures en termes d’environnement, d’habitat et d’espace à urbaniser». La diversité du tissu industriel et le poids économique qu’il représente placent la province d’El Jadida en deuxième position du classement des grands pôles industriels du Royaume, juste après Casablanca.
Outre le secteur agricole très riche, le paysage industriel de la région se développe autour de trois pôles importants: la mécanique, la métallurgie et la chimie-parachimie.
C’est le complexe industriel de l’OCP qui a permis l’émergence de la région de Jorf Lasfar
Le port, un atout incontournable
L’émergence de la zone de Jorf Lasfar a donc débuté avec l’arrivée de l’OCP et la réalisation de son grand complexe industriel en 1986. D’ailleurs, Said Qabil, directeur chargé du développement durable de l’OCP au site de Jorf Lasfar, le confirme en disant que «c’est le projet de l’OCP qui a permis de développer économiquement la région».
Mais il convient de dire que le port a été l’une des principales raisons de l’implantation de l’OCP dans la région, vu l’existence d’un tirant d’eau important pouvant accueillir des navires de grand tonnage pour les opérations d’import et d’export.
La disponibilité de l’eau de mer et de l’eau douce à travers le bassin de l’Oum Errabiâ a également facilité l’implantation de l’OCP dans la région, mis à part la proximité des zones minières permettant l’alimentation du complexe industriel en phosphate à partir des mines de Khouribga, qui se trouvent à 180 km du site de Jorf Lasfar.
Mais il a fallu que le port se développe dans le sens où l’arrivée de l’OCP a poussé à la création de plusieurs entités qui étaient inexistantes auparavant, telles que les douanes, la marine marchande, la capitainerie, les services de ravitaillement…
Ouvert au commerce international depuis 1982, le port de Jorf Lasfar a constitué l’un des maillons de l’infrastructure industrielle. Situé à 17 km au sud de la ville d’El Jadida, il a donc eu pour vocation première le transit des produits phosphatiers provenant du gisement de Khouribga et valorisés dans le complexe chimique de l’OCP.
Mais une partie de ses activités touche également aujourd’hui le transit des produits énergétiques et conventionnels. Disposant de capacités nautiques qui lui permettent d’accueillir des navires de 12.000 tonnes, il a été conçu pour répondre à un trafic maritime de plus de 25 millions de tonnes, grâce à ses infrastructures, à son outillage et au développement phosphatier et thermique d’une zone industrielle de Jorf Lasfar.
Il est ainsi devenu le plus grand port minéralier du Royaume et du continent africain.
Jorf Océan, moteur du développement de la région
Afin de mettre en valeur l’émergence de la zone, la promouvoir et la protéger, un nouveau groupement d’intérêt économique «Jorf Ocean» a été récemment créé.
Un partenariat est établi entre la province d’El Jadida et cinq opérateurs dont l’OCP, l’Agence nationale des ports, Jorf Lasfar Energy Company (JLEC), la Société nationale de sidérurgie (Sonasid) et MedZ. L’objectif est d’unir les efforts pour, d’une part, améliorer les conditions de mise en œuvre des activités économiques liées à ce pôle industriel et, d’autre part, œuvrer au développement harmonieux et intégré de la région.
Ce partenariat prévoit la valorisation et la préservation du site de Jorf Lasfar et la protection de l’environnement du site. Pour ce qui est des participations financières, le groupement a été constitué sans capital. Toutefois, il faut préciser, comme on le souligne auprès du GIE, que «les droits des membres dépendent des apports correspondant à leurs contributions initiales».
Ces dernières se chiffrent à 11 millions de dirhams. L’OCP, qui détient 55% des droits, a injecté 6 millions de dirhams, suivi de JLEC avec 2,2 millions de dirhams (20%), Sonasid et MedZ Industrial Parks avec 1,1 million de dirhams comme apport de chaque membre (10% chacun) et l’ANP participe à hauteur de 550.000 dirhams (5%).
Les différents partenaires ont décidé d’élaborer des plans généraux de prévention et de maîtrise des risques, de définir des mesures de protection des activités industrielles au niveau du site et des voisinages, d’étudier des solutions optimales d’une desserte mutualisée de la plateforme et d’examiner les besoins en termes de formation professionnelle.
Le port de Jorf existe depuis 1978Le chantier est lancé en 1978. La configuration du terrain, en deux étages, détermine celle du port, le haut plateau, abritant les usines, le faisceau de voies ferrées et aires de stockage des minerais, le bas plateau étant dédié aux activités spécifiquement portuaires. Des convoyeurs pour les solides et des conduites pour les fluides sont conçus pour assurer la liaison entre deux niveaux. L’exploitation du port commence au mois de juin 1982, date à laquelle un navire espagnol vient amarrer pour un déchargement de 20.000 tonnes. Dès cette première année, le trafic atteint 118.609 tonnes. |