La route du phosphate
L’arrivée de l’OCP dans la zone de Jorf Lasfar en 1986 a enclenché une dynamique économique indéniable dans la région. Depuis, plusieurs projets ont été réalisés par l’Office dans le cadre d’une stratégie de développement intégrée.
Le hub de Jorf Lasfar représente la clé de voûte de l’expansion stratégique de l’OCP, dans laquelle il investit plusieurs milliards de dollars. Le groupe a voulu faire de ce complexe industriel de pointe un hub qui repose sur le concept du «plug and play», permettant à de grandes sociétés internationales de produire un phosphate de qualité à des coûts compétitifs, tout en utilisant les infrastructures du Groupe, ses processus, son savoir-faire et ses matières premières, tout en bénéficiant de sa main-d’œuvre qualifiée. En effet, pour le champion mondial des phosphates, il ne suffit pas d’avoir la roche en abondance, mais surtout de savoir la valoriser. Une compétition que mène sans relâche l’OCP afin de se positionner sur un marché mondial aux exigences grandissantes, et répondre aux besoins alimentaires en perpétuelle évolution. «Comme il est compréhensible qu’un marché aussi florissant que celui des phosphates et dérivés attise forcément l’intérêt de la concurrence, il est tout naturel que le Groupe OCP prépare l’avenir», explique Said Qabil, directeur chargé du développement durable de l’OCP au site de Jorf Lasfar.
Le complexe industriel du Groupe OCP à Jorf compte actuellement cinq entités. La plus ancienne est Maroc Phosphore III-IV qui a démarré en 1986 pour la production de l’acide phosphorique et d’engrais de différentes formulations. Quelques années plus tard le groupe a inauguré une nouvelle ère; à travers l’élaboration de partenariats internationaux et la diversification de ses produits finis. Mohammed Zouhair, le responsable du CRI d’El Jadida, assure que «la politique de l’OCP de réaliser des investissements dans l’industrie des phosphates avec des groupes étrangers en joint-venture (Pakistanais, Brésiliens et autres) a dopé l’activité au niveau de Jorf Lasfar».
26 ans de développement de l’OCP
Ainsi, en 1998, l’Office a procédé à la construction de l’usine d’Emaphos, en partenariat avec Prayon (Belgique) et CFB (Allemagne) pour la production d’un acide à très haute valeur ajoutée: l’acide phosphorique purifié. La mise en service en 1999 d’Imacid, en partenariat avec le Groupe Birla (Inde), a permis d’accroître la capacité de production du site de Jorf Lasfar en acide phosphorique de 25%.
S’inscrivant dans cette même politique de partenariat, la mise en service en 2008 et 2009 respectivement de l’usine de PakMaroc (joint-venture entre le Groupe OCP et le Groupe pakistanais Fauji) et de l’usine de Bunge Maroc Phosphore (joint-venture entre la Groupe OCP et le Groupe Bunge Fertilisantes du Brésil) a permis l’augmentation de la capacité de production d’acide phosphorique de 33% au niveau du site de Jorf Lasfar. Actuellement, avec l’objectif de tripler la capacité de valorisation des phosphates, le programme 2001-2015 de développement industriel d’OCP est en bonne voie, avec un investissement de 120 milliards de dirhams réparti entre 48 milliards de dirhams pour la chimie et 72 milliards de dirhams pour doubler la capacité de la mine et assurer le transport du phosphate par Slurry pipeline depuis Khouribga à Jorf Lasfar.
Dans sa nouvelle stratégie à l’horizon 2020, l’Office compte tripler sa capacité de transformation des phosphates sur le site de Jorf Lasfar. Ainsi, plusieurs projets de grande envergure sont lancés ou programmés pour renforcer la production de l’OCP. A l’horizon 2020, le groupe compte investir plus de 100 milliards de dirhams dont la majeure partie est destinée à la chimie (acide sulfurique, acide phosphorique et engrais) et au projet Jorf Phosphate Hub. Grosses ambitions aussi, côté industrie. Il est prévu de construire dix plateformes de production d’engrais dont quatre sont déjà lancées. Les travaux de génie civil ont été entamés pour la réalisation de deux unités de production d’engrais DAP d’une capacité de 1 million de tonnes par an chacune. La mise en exploitation de la première unité est programmée fin 2013, et l’autre six mois après. Leur réalisation va nécessiter la mobilisation d’un investissement de 11 milliards de dirhams dont plus de la moitié a déjà été engagée en 2011. Le marché de construction de ces deux projets a été confié au groupe sud-coréen Daewoo. Par ailleurs, les études des deux autres unités sont achevées.
Lancés par l’OCP, le pipeline et l’extension du port de Jorf Lasfar sont deux projets structurants pour la région
Le pipeline pour réduire les coûts
Par ailleurs, c’est le projet du Slurry pipeline qui sera mis en service en avril 2013, mobilisant un investissement de l’ordre de 4,5 milliards de dirhams, il modifiera profondément l’approche transport du phosphate au Maroc et permettra au Groupe OCP d’augmenter ses capacités de production et d’exportation de ce minerai stratégique. «Il permettra notamment d’assurer l’approvisionnement de la plateforme de Jorf Lasfar qui accueillera 10 nouvelles unités de production d’acide phosphorique et d’engrais à l’horizon 2020», explique Said Qabil. Le pipeline contribuera de façon significative à l’amélioration de la compétitivité de l’OCP sur la production du minerai de phosphate et de réaliser ainsi deux objectifs : baisse des coûts de production et augmentation de la part de marché. Ainsi, le transport par pipeline permettra de baisser les coûts de production de 90 dirhams par tonne de phosphate transformée à Jorf Lasfar de 40 dirhams par tonne de phosphate exportée à partir du port de Jorf Lasfar, de 30 dirhams par tonne de phosphate séchée à la mine et le coût du transport. De plus, «Il permettra de réaliser d’importantes économies d’eau et d’énergie et d’éradiquer toutes les formes de pollution atmosphérique et poussiéreuse liés au transport de phosphates. Il limitera également les risques d’accidents liés à la voie ferrée», ajoute le directeur de développement durable de l’OCP. Le pipeline contribuera fortement à la création de richesse et d’emplois grâce au relèvement de la production de 21 millions à 44 millions de tonnes par an. Déjà en phase de réalisation, le projet permettra de créer quelque 375.000 jour/hommes et plus de 65 emplois permanents. Les gains liés à l’utilisation du pipeline sont aussi importants au niveau de la logistique du commerce extérieur national. Les exportations des phosphates se feront à partir de Jorf Lasfar, libérant ainsi quelque 47% de tonnage transitant au port de Casablanca, soit 16 à 18 passages de train par jour.
L’extension du port imminente
Pour répondre à cette augmentation de production de l’OCP, l’Office a engagé un projet d’extension du port de Jorf Lasfar, puisque sa production sera acheminée par ce dernier. Le port, qui comporte actuellement sept quais (phosphates, engrais, soufre solide, soufre liquide, acide phosphorique, ammoniac et camions), est aménagé pour accueillir des bateaux d’une capacité de 100.000 tonnes. L’investissement réalisé par l’OCP, qui s’élève à 3,3 milliards de dirhams, porte sur l’extension et le renforcement de six quais de chargement et de déchargement des matières premières et le nettoyage des fonds des quatre bassins pour assurer la profondeur adéquate à l’accostage des grands bateaux. Le projet d’extension du port de Jorf Lasfar est déployé en prévision de l’évolution des volumes annuels importés et exportés des phosphates (10 millions de tonnes), engrais (12 millions de tonnes), acide phosphorique (2,62 millions de tonnes), acide phosphorique purifié (1 million de tonnes), soufre solide (7,64 millions de tonnes) et ammoniac (2,49 millions de tonnes). «Le projet est réalisé en lots séparés pour permettre une forte participation des entreprises nationales à sa mise en œuvre», explique Qabil. Il sera réalisé dans le cadre de deux contrats clés en main pour les infrastructures et les superstructures. Côté infrastructures, plusieurs entreprises nationales peuvent réaliser les travaux demandés en totalité.