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Plus qu’une trésorerie, une banque!

Economie septembre 2010

Plus qu’une trésorerie, une banque!

La TGR exerce une activité bancaire et de collecte de l’épargne, ouverte à tous et à des conditions nettement plus avantageuses que les banques classiques. Cela explique sans doute le fait qu’elle ne cherche pas à développer cette activité outre mesure, histoire de ne pas grignoter des parts de marché aux banques.

Une communication inexistante, des responsables discrets, la TGR ne souhaite pas s’étaler sur son activité bancaire et les directeurs joints par téléphone répètent tous qu’il ne s’agit que d’une activité secondaire par rapport aux autres missions dévolues à la Trésorerie générale. Pourtant, ce sont près de 60.000 comptes, représentant des dépôts de 40 milliards de dirhams, que gère actuellement la TGR. Elle propose à ses clients, particuliers et institutionnels, deux produits bancaires sous forme de compte de dépôt à vue et compte de dépôt à terme, assortis de toutes les prestations bancaires de base, à l’exception des crédits et des facilités de caisse. Face au manque de coopération de la TGR, EIE s’est présentée comme client à l’une de ses agences bancaires. Interrogé sur le sujet, le chef d’une agence bancaire de la TGR précise que «l’ouverture d’un compte de dépôt à vue à la TGR vous donne accès à tous les services classiques d’une banque, telles que les opérations de retrait et de paiement par chèque et carte guichet, la domiciliation des factures et du salaire, les opérations en devise, etc. Sans oublier bien sûr que ces dépôts sont rémunérés, ce qui n’est pas le cas chez les banques classiques.»

Un concurrent potentiel de taille
Effectivement, la grande différence entre les banques et la TGR est que celle-ci rémunère les dépôts de ses clients à un taux proche de 2,5% net! Sans oublier que la plupart des services bancaires cités plus haut sont soit gratuits, soit beaucoup moins chers que chez les banques classiques. A titre d’exemple, il n’existe pas de frais de tenue de compte à la TGR. On comprend ainsi pourquoi la TGR se fait discrète sur son activité bancaire. Il s’agit, comme l’avait expliqué Saïd Ibrahimi alors à la tête de la TGR, de ne pas concurrencer les banques. Il n’est effectivement pas difficile d’imaginer que si la TGR aurait un avantage concurrentiel si elle venait à communiquer massivement sur le sujet, en expliquant aux citoyens marocains qu’ils peuvent déposer leur argent dans une «banque d’Etat» (théoriquement plus sûre), avec des frais beaucoup plus abordables que sur le marché bancaire, tout en empochant une rémunération de 2,5% net sur leurs dépôts.
Il faut cependant rappeler que les services bancaires de la TGR souffrent d’une faible couverture du réseau, uniquement constitué d’agences régionales et provinciales de la TGR. Cela limite déjà les clients potentiels aux grandes agglomérations et implique, pour les clients qui ne veulent pas se déplacer aux guichets TGR peu nombreux, des frais de l’ordre de 6 dirhams pour les retraits aux guichets bancaires des autres banques, pour les clients qui ne veulent se pas déplacer aux guichets TGR, peu nombreux.

«Rémunérer les dépôts à 2,5 % revient en fait à se financer à 2,5%, un taux dont rêveraient beaucoup d’opérateurs économiques.»

Une source de financement additionnelle
Globalement, sur les 40 milliards de dépôts que gère la TGR, la grosse part est constituée de dépôts d’entreprises publiques, tandis que les entreprises privées et les particuliers, dont beaucoup de fonctionnaires, ne représentent qu’un faible pourcentage du montant global des dépôts. Ainsi, la TGR gère en tout 80.000 comptes, dont 20.000 reviennent aux entreprises publiques. La Trésorerie est la Caisse de l’Etat. Toutes les entreprises publiques sont obligées de déposer leur argent au sein de cette institution, où l’Etat puise son budget.Pour l’instant, la TGR ne cherche pas à développer son activité bancaire, pour ne pas concurrencer les banques. Mais, si elle ne distribue pas de crédit qui constituerait une source de revenus, quelle est donc la raison pour laquelle elle entretient cette activité? «C’est tout simplement une source additionnelle de financement pour la TGR», explique ce responsable interne, qui requiert l’anonymat. Il ajoute que «globalement, la TGR réussit à équilibrer ses dépenses et ses recettes sur l’année, mais des besoins ponctuels urgents peuvent apparaître de temps en temps et les 40 milliards de dépôts que l’on gère sont là pour nous aider à y faire face». Effectivement, le fait que la TGR offre ses services bancaires à des tarifs compétitifs, tout en rémunérant les dépôts, peut paraître comme une opération à fonds perdus. Mais, il ne faut pas oublier que l’Etat se finance sur le marché des bons du trésor à des taux allant jusqu’à 5%. Par conséquent, rémunérer les dépôts des particuliers et institutionnels à 2,5 %, revient en fait à se financer à 2,5%, un taux dont rêveraient beaucoup d’opérateurs économiques.