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Immobilier: moteur économique d’un pays

Economie janvier 2020

Immobilier: moteur économique d’un pays

Longtemps considéré comme un placement stérile, l’immobilier occupe à présent une place de choix au sein de l’économie marocaine en devenant même un indicateur de sa bonne santé. Mais quel est réellement le poids de ce secteur dans un contexte conjoncturel morose?

Longtemps dévalorisé, le secteur de l’immobilier est aujourd’hui synonyme de croissance. L’immobilier est, d’abord et surtout, une activité non délocalisable et créatrice d’emplois. Actuellement, au Maroc, le secteur génère plus d’un million d’emplois annuellement. Confirmant ainsi l’adage courant dans la profession qui veut que «pour chaque logement construit, deux emplois sont créés dans le secteur du bâtiment». En outre, l’immobilier est étroitement lié à l’un des grands défis de l’économie actuelle qui est le contrôle des dépenses d’énergie. Or, ces dernières se font principalement dans les logements, les bureaux, les commerces, etc. Tout ce qui concerne l’investissement dans l’immobilier pour optimiser la consommation d’énergie est donc le premier défi économique. L’immobilier induit ainsi tout un travail d’innovation, de recherche de nouvelles techniques de construction, de nouveaux matériaux, de nouvelles façons de sourcer ou de gérer l’énergie qui sont au cœur des évolutions technologiques.

Consommateurs et investisseurs privilégient l’immobilier

Le logement occupe l’un des trois grands postes (non alimentaires) du budget des ménages au Maroc. Dans son enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages présentée fin 2016, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a indiqué que les dépenses consacrées à l’habitation ont augmenté de plus de 60% entre 2007 et 2014, passant de 2.278 dirhams à 3.659 dirhams. La part de ce poste dans le budget global est, quant à elle, passée de 20,3% à 23,0% au cours de la même période. L’immobilier reste, par ailleurs, la pierre angulaire de toute stratégie patrimoniale et tend à confirmer son statut de valeur refuge par excellence. Parallèlement, pour attirer la clientèle étrangère et les investisseurs, le Maroc a également lancé de grands projets immobiliers neufs. Sur l’emplacement d’étendues non exploitées émergent des résidences et stations balnéaires nouvelle génération conçues avec le souci de se conformer aux exigences environnementales et aux standards internationaux.

Focus sur le Maroc…

Intervenant lors d’une rencontre sur le thème «L’investissement au Maroc», organisée dans le cadre de l’édition 2019 du Festival de l’immobilier de Dubaï, la Secrétaire d’État chargée de l’Habitat, Fatna Lkhiyel, a donné quelques chiffres pour le secteur de l’immobilier et a indiqué que le secteur joue un rôle de taille dans l’économie marocaine avec une contribution directe à hauteur de 6,3% du PIB et 107,3 milliards de dirhams de valeur ajoutée. Ce dynamisme permet la production de près de 160.000 unités de logement par an et la réduction du déficit en logement qui est passé de 1,2 million d’unités en 2002 à 400.000 actuellement. En outre, selon le rapport annuel de Bank Al-Maghrib (BAM), le marché immobilier a été marqué en 2018 par un accroissement du nombre des transactions de 4,8%. Les ventes ont ainsi augmenté de 3,3% pour les actifs résidentiels, de 8,7% pour les terrains et de 9,6% pour les biens à usage professionnel. Enfin, depuis 2007, dans le cadre des programmes de logements sociaux, promoteurs et acquéreurs bénéficient d’exonérations fiscales. Ces programmes ont notamment participé à une dynamisation du secteur ainsi qu’à la réduction du déficit du logement. Néanmoins, même s’ils ont permis d’organiser et structurer le secteur de la promotion immobilière, ces programmes n’ont pas apporté de changement tangible pour les plus démunis ni réussi à réduire la mauvaise répartition territoriale. L’objectif à long terme serait d’aller vers un système d’aide directe car le problème principal est essentiellement lié au pouvoir d’achat. Le digital pourrait permettre de résoudre, en partie, cette problématique; que ce soit l’accompagnement de l’État avec des programmes d’aide ou d’organismes financiers avec des offres accessibles pour permettre à l’ensemble des citoyens l’accès à la propriété.

… et l’Afrique

Selon un récent rapport des Nations Unies, la population mondiale devrait atteindre les 10 milliards d’habitants en 2050 contre 7,7 milliards actuellement, avec un doublement des habitants de l’Afrique subsaharienne – dont 68% vivront dans des zones urbaines. Pour faire face à la demande et à cette population urbaine croissante, un nombre substantiel de bâtiments devra être construit. Ainsi, dans les 5 prochaines années, en Afrique subsaharienne, l’industrie de la construction connaîtra la croissance la plus rapide de toutes les régions du monde. GlobalData, société d’études et d’analyse, estime à 6,6% la croissance moyenne de 2018 à 2022. La production totale du secteur de la construction en Afrique subsaharienne devrait atteindre 12,9 milliards de dollars en 2022, contre 10,8 milliards de dollars en 2017. Les métiers de la construction des bâtiments et de la promotion immobilière vont donc connaître une croissance exponentielle revitalisant l’économie du continent. En conclusion, l’immobilier est l’une des clefs de voûte de l’économie marocaine et de l’investissement au Maroc mais également, à plus grande échelle, de l’économie africaine.

by Kevin Gormand, co-fondateur et CEO de Mubawab