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pour mon enfant, rien n’est trop cher…

Entreprises août 2018

pour mon enfant, rien n’est trop cher…

Les centres de loisirs fleurissent, attirant des investisseurs à l’affût de marchés prometteurs. Dommage que le secteur reste peu réglementé.

Le Monde de Yabi, Jourigolo, Kidiclub, Gimbo… Depuis quelques années, parcs d’attractions, salles de jeux, aquaparks et espaces de loisirs fleurissement un peu partout, dans différentes régions du royaume, à commencer par Casablanca qui en compte aujourd’hui plus d’une vingtaine. «L’offre de clubs de loisirs pour enfants était très limitée avant 2013. Jourigolo et Le Monde de Yabi ont été les pionniers dans le secteur des aires de jeux indoor. Depuis 2014, plusieurs autres centres du même type ont vu le jour», soutient Youssef Belghiti, directeur général de Jourigolo. La croissance du marché est réelle, continue et supérieure à 5% par an, si l’on en croit différents opérateurs, mais l’activité n’a toujours pas d’organisme officiel représentatif. La raison? En l’espace de quelques années, l’offre a très rapidement trouvé preneur, dans un contexte où les ménages de la classe moyenne peinaient à trouver des espaces de loisirs adéquats pour leurs enfants. On assiste même à un vrai rush durant les périodes de vacances scolaires, véritable haute saison pour les clubs de loisirs, parce que dès que les classes ferment, les parents sont rapidement à court d’alternatives. Le marché s’est donc développé à vitesse grand V, sans véritable mise à jour de la réglementation ni organisation sectorielle, pourtant indispensables à un meilleur exercice de l’activité, mais également essentielles pour une plus grande sécurité et un meilleur épanouissement des enfants.

Cadre réglementaire?
La mise en place de ce type de clubs semble n’être soumise à aucune sinon peu d’autorisations spécifiques. Un directeur de club souhaitant garder l’anonymat l’assure: «Nous ne recevons d’autorisation ni de la part du ministère de l’Education nationale ni en provenance du ministère de la Jeunesse». Etonnant pour des centres qui accueillent des centaines d’enfants par semaine! «Pour exercer notre activité, nous devons avoir des autorisations de la part de la commune Dar Al Khadamat», assure toutefois Youssef Belghiti.
Selon nos informations, la procédure au niveau de la commune pour ce type d’activité est la même que pour un commerce rentrant dans la catégorie «Déclaration d’exercice d’activités non classées». En plus d’une documentation à fournir, les responsables de clubs de loisirs reçoivent les représentants de la commune pour vérifier la sécurité des installations et se faire délivrer l’autorisation d’exercer. Quant à l’assurance, elle dépend du degré d’engagement des investisseurs. Ainsi, un club de loisirs peut choisir l’une des trois couvertures suivantes: la Responsabilité civile Exploitation, l’assurance Accident de travail ou l’assurance Multirisque professionnelle, avec la possibilité de souscrire les trois types de contrats d’assurance. La première, la Responsabilité civile Exploitation, a pour objet de garantir le club contre les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile pouvant lui incomber en vertu des lois et règlements en vigueur. L’établissement a la possibilité d’y ajouter les garanties Responsabilité civile Intoxications alimentaires, Faute intentionnelle, Faute inexcusable, etc. La deuxième, la garantie Accident de travail, est une assurance de responsabilité souscrite au profit des employés du club pour les couvrir contre les risques qu’ils encourent dans l’exercice de leur activité professionnelle. La troisième garantie, l’assurance Multirisque professionnelle, qui peut également être un contrat sur mesure, permet de couvrir les biens mobiliers et immobiliers du club en cas d’incendie, explosion, dégâts des eaux, vol, etc. «Le Code des assurances n’oblige pas ce type d’établissement à souscrire des contrats d’assurance autres que l’accident de travail pour leurs salariés», assure-t-on du côté de Saham Assurance que nous avons contactée.
En l’absence d’un cadre légal contraignant, les centres de loisirs sont tenus de s’autoréguler. Leurs promoteurs ont conscience que le succès de leur démarche et la viabilité de leur business passent en l’état par le strict respect (en termes de sécurité ou d’hygiène) de la réglementation en vigueur dans d’autres types d’établissements, scolaires ou sportifs par exemple. En attendant qu’une réglementation beaucoup plus claire et précise vienne structurer cette activité qui connaît un vrai engouement et qui modifie le rapport aux loisirs dans les ménages marocains.

C’est la commune «Dar Al Khadamat» qui délivre les autorisations d’exercer pour les clubs de loisirs.

Changement de comportement
Le budget alloué par les familles marocaines aux loisirs pour enfants est de plus en plus important, compte tenu notamment de la place de l’enfant au sein de la famille et de la prise de conscience que l’épanouissement de ce dernier passe, entre autres, par le jeu. «Les parents ont de plus en plus de mal à faire garder leurs enfants les week-ends, les mercredis après-midi et durant les vacances scolaires», constate Youssef Belghiti. Soumis par ailleurs à la contrainte du manque de temps, les parents sont à la recherche de formules clé en main. Face à ce qui est un vrai besoin, les promoteurs de clubs de loisirs proposent aujourd’hui des espaces de jeux établis sur des surfaces réduites, entre 400 et 600 m², à proximité du centre-ville, à des prix adaptés au pouvoir d’achat des parents dans leur zone d’installation. Des prix qui varient selon les clubs de 60 à plus de 200 DH la journée. L’investissement pour la création d’un grand club, bien que la plupart des opérateurs sondés n’aient pas souhaité communiquer sur les budgets alloués à leur activité, pourrait atteindre selon nos sources jusqu’à 8 millions de dirhams. Un montant qui englobe le foncier, la formation du personnel, les frais de démarrage et de communication. Reste que cette activité, bien que mercantile, touche avant tout au bien-être et au développement des enfants; ce qui place la passion, la pédagogie, l’attachement et le respect des enfants et des parents au premier rang des facteurs de succès. Des critères de plus pour nourrir la réflexion avant une réglementation spécifique?