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L’épineux dossier de l’emploi

Dossier mars 2017

L’épineux dossier de l’emploi

Plus la mise en place des chantiers d’infrastructures est pilotée par des entreprises étrangères, moins les créations d’emplois sont importantes.

Malgré la mise en place de chantiers structurants en termes d’infrastructures, la problématique de l’emploi persiste. Le développement de l’emploi dans notre pays nécessite une nouvelle approche pour réduire le taux de chômage, qui demeure élevé. Il a baissé de 10,1% à 9,6%, mais cette baisse «apparente» est sous l’effet d’un recul plus important de la population active (-1,1%). En effet, le Maroc a enregistré une perte nette de 73.000 emplois en 2016, résultat de la création de 30.000 postes d’emploi rémunérés, exclusivement en milieu rural, et la destruction de 103.000 postes non rémunérés. En tout cas, les infrastructures génèrent certainement de l’emploi en cours de leur réalisation. «Il n’y a pas assez de types d’infrastructures qui peuvent générer de l’emploi à long terme. Les infrastructures, lorsqu’elles sont réalisées par des entreprises nationales avec des ressources nationales, évidement elles génèrent de l’emploi local (indirect)», affirme  Mehdi Lahlou, professeur d’économie à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (Insea). Il se trouve qu’une partie des infrastructures de plus en plus importantes est réalisée par des entreprises étrangères. «Ce qui fait qu’une partie des intrants nécessaires pour réaliser ces infrastructures vient de l’étranger. Donc, une réduction de l’emploi indirect à l’échelle locale», explique ce dernier. C’est le cas de la réalisation du chantier du TGV, qui emploi plus de 600 ingénieurs et cadres supérieurs, 150 sont français, puisque le chantier est piloté par des entreprises étrangères, notamment la SNCF et Alstom aux côté de l’ONCF. Et, une fois l’infrastructure est réalisée, les emploies durables correspondent principalement à la maintenance et entretien de cette dernière. Ainsi, le nombre des salariés qui assurent cette tâche n’est pas conséquent; il est  sûrement réduit par rapport aux emplois initiaux directs et indirects. Par contre, ce qui est intéressant c’est le fait que des infrastructures solides durables, bien entretenues, et bien réparties à l’échelle du pays, ont des conséquences directes positives sur l’économie nationale. Dans ce sens, Laurent Garcia, directeur général d’Agadez Développement, assure que «grâce notamment aux autoroutes, de nouveaux secteurs se sont développés et d’autres se sont renforcés: le transport, les messageries, mais aussi le transport des personnes. Donc, des chauffeurs, des contrôleurs, sans compter des milliers de gens qui travaillent dans les espaces de stations services… L’autoroute nous a permis de changer nos mœurs en termes de voyage, et génère indirectement des retombées énormes sur l’emploi». En effet, la réalisation du réseau autoroutier au Maroc s’est accompagnée du développement de l’écosystème du BTP et de son internationalisation. Au total, 140.000 emplois ont ainsi été créés, dont plus de la moitié sont des emplois directs. «La qualité de nos professionnels s’est également accrue, les autoroutes exigeant un très haut niveau de technicité et d’équipements. Cette croissance des emplois sera encore soutenue car nous développons désormais l’écosystème lié au métier de l’exploitation», affirme Anouar Benazzouz, le directeur général d’Autoroutes du Maroc.