fbpx

Saham Santé double Louardi

Entreprises février 2015

Saham Santé double Louardi

Même dans un climat marqué par un manque de visibilité réglementaire, le groupe marocain Saham lorgne les cliniques privées. Décryptage de la stratégie du groupe.

Un des groupes financiers les plus puissants du pays est en train de se positionner sur le secteur de la santé privée. Cela sans même attendre l’entrée en vigueur de la loi Louardi sur l’ouverture du capital des cliniques privées aux non-médecins. Il s’agit de Saham Groupe, appartenant au magnat des affaires Moulay Hafid Elalamy, également ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique. Il y a quelques mois, en effet, la holding acquérait, à travers son pôle santé, la clinique Ghandi, sise sur le boulevard du même nom à Casablanca. Une zone où le m2 est simplement hors de prix. Ce ne sera visiblement pas la dernière acquisition. «Nous sommes en négociation avec d’autres cliniques», confirme Saad Bendidi, directeur général de Saham Santé, tout en restant muet sur les détails. Cette acquisition sera suivie d’un projet d’extension de la clinique sur un terrain mitoyen acheté aussi par le groupe», précise davantage Saad Bendidi, directeur général de Saham Group. D’autres sources nous apprennent que Saham Santé est en négociation avancée avec les cliniques Badr, Zerktouni et l’Hermitage, toutes trois aussi bien situées que la fameuse clinique Ghandi. A lire ces différentes prises de participation, l’on serait tenté de conclure qu’il ne s’agirait pas plus de simples investissements immobiliers classiques, opérés par un assureur soucieux de pérenniser ses revenus. Mais, il semble que Saham, via son pôle santé, entend aller plus loin. «Nous voulons constituer un réseau d’unités sanitaires, d’un excellent niveau en termes d’équipements. Nous souhaitons y offrir des soins de qualité qui s’adressent à tout le monde. Nous sommes situés dans les centres urbains mais également dans les petites agglomérations, afin d’être accessible au plus grand nombre. Nous avons pour ambition de contribuer à l’amélioration du système de soins dans nos pays de présence», explique Chabene. Dans ce sens, le groupe a procédé à la construction de nouvelles unités, à Marrakech en particulier, qui ouvrent leurs portes cette année et d’un centre d’imagerie et de diagnostic médical à Rabat. C’est donc une ambition qui a de quoi faire plaisir au ministre de la Santé, qui prône une généralisation de l’accès aux soins médicaux à un maximum de citoyens.

Puisque la loi actuelle ne permet pas aux non-médecins d’acheter les cliniques, ce sera alors à un médecin de le faire

Dans la mise en œuvre de cette stratégie, les équipes Saham ont fait preuve d’un certain géni en matière de montage institutionnel en usant d’une gymnastique juridique qui risque de faire des émules. En effet, puisque la loi actuelle ne permet pas aux non-médecins d’acheter les cliniques, ce sera alors à un médecin de le faire. Saham jettera ainsi son dévolu sur Dr. Omar El Menzhi, ancien directeur régional de la Santé à Casablanca et ex-directeur central de l’épidémiologie. C’est ce dernier qui a acheté, via une société professionnelle, la clinique Ghandi pour le compte de Saham Santé. En effet, il occupe aujourd’hui le poste de conseiller au sein du groupe et sa société professionnelle est filiale de Saham Santé. «Nous avons acquis les murs et les équipements de la clinique Ghandi, à travers une société professionnelle filiale de notre pôle Santé», explique dans ce sens Bendidi. «La transaction est tout à fait plausible juridiquement. En acquérrant un local, un investisseur peut y installer l’activité qu’il veut», ajoute un expert comptable. L’offensive Saham Santé n’est cependant pas la première que va mener un détenteur de capital sur une clinique privée. «Beaucoup de cliniques au Maroc ont un capital qui n’appartient pas aux médecins mais à des investisseurs qui ne sont pas de la profession», martelait Louardi en début 2014. Pour Casablanca, le ministre est plus précis: «Plus de 80% des cliniques sont des SA ou Sarl, donc hors la loi». En conséquence, le cas Saham Santé ne serait pas nouveau mais semble présenter un montage institutionnel en conformité avec la législation actuelle.