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Où sera la 3ème usine Toyota d’Afrique?

Entreprises novembre 2014

Où sera la 3ème usine Toyota d’Afrique?

Toyota est en train de prospecter le marché africain pour y implanter un nouveau site de production. Entre le Maroc, l’Algérie et le Nigéria, qui sera le gagnant ?

Où sera implanté le nouveau site de production de Toyota en Afrique? C’est la question que se posent les observateurs du secteur. En effet, le constructeur nippon a annoncé récemment son intention de créer une nouvelle manufacture en Afrique. Aujourd’hui, à 270.000 véhicules vendus en Afrique en 2013, Toyota entend réaliser davantage de croissance au niveau du continent. Le constructeur a écoulé 70.000 véhicules au nord du continent, et 200.000 au sud du Sahara. L’Afrique du Sud est son premier marché avec près de 100.000 voitures vendues.
Le constructeur semble avoir jeté son dévolu sur trois pays, en l’occurrence le Nigéria, l’Algérie et le Maroc. A date d’aujourd’hui rien n’est encore décidé mais les spéculations vont bon train. Toyota, dont les activités sur le continent sont pilotées depuis son antenne sud-africaine avec à sa tête Johan Van Zyl, étudie plusieurs projets de construction d’usines pour compléter celles de l’Afrique du Sud et de l’Egypte. Ce dernier avait en effet précisé à la presse nigériane que «la décision de pays d’implantation ne revenait pas à Toyota Afrique du Sud, mais plutôt à Toyota Motors Corporation au Japon».
En effet, plusieurs critères devraient entrer en jeu pour que la maison-mère puisse départager et décider qui sera des trois pays l’heureux élu. Il y a en premier le poids du marché automobile de chaque pays. Mais aussi la présence de la marque dans ces derniers, les infrastructures existantes ainsi que les synergies qui peuvent être dégagées avec les pays voisins. «Nous évaluons toutes les possibilités et tous les pays sur leurs propres mérites pour savoir si c’est viable d’y produire ou pas», insiste dans ce sens Van Zyl.

L’Algérie restructure son secteur
Pour l’Algérie, le pays est considéré comme étant le deuxième marché automobile du continent après l’Afrique du Sud. Elle avait explicité de par le passé son intention de percer dans le secteur de l’automobile, après avoir accueilli une usine de production du constructeur français Renault et dont la sortie du premier véhicule est prévue pour novembre. Le pays pourrait être choisi pour réceptionner une usine de fabrication de voitures de marque Toyota. Il faut dire que l’Algérie dispose de l’un des marchés les plus prometteurs sur le continent. Son parc automobile s’élève actuellement à 7,3 millions de véhicules et devrait atteindre 21 millions d’ici 2025. Cette importante extension s’explique par le volume des importations qui reste très significatif. L’Algérie a importé 240.931 véhicules durant le premier semestre 2014 pour une valeur de 3,21 milliards de dollars. Toutefois, son économie reste encore embryonnaire, peu diversifiée, fortement dépendante des hydrocarbures et en proie à de la corruption à haut niveau. Et c’est là un talon d’Achille de taille. D’ailleurs, le gouvernement algérien est toujours en train de faire le ménage dans le secteur automobile qui n’aura que trop souffert d’anarchie et de fourberies lesquelles auront souvent lésé le consommateur. Particulièrement avec l’annonce récente d’un arrêté ministériel, qui vise essentiellement à fixer les conditions d’exercice de l’activité d’importation et de commercialisation de véhicules de tourisme ou utilitaires.

«Nous évaluons toutes les possibilités et tous les pays sur leurs propres mérites pour savoir si c’est viable d’y produire»

Une industrie établie pour le Maroc
Quant au Maroc, il semble présenter des atouts à même de faire la différence. Il s’agit en effet d’un marché automobile qui n’est pas négligeable avec en moyenne 100.000 voitures neuves de vendues chaque année. Mais il y a surtout le fait de disposer d’une stratégie sectorielle bien rodée. Afin d’exploiter ces potentialités, cette stratégie vise à renforcer l’attractivité du Royaume à travers la définition d’une Offre Maroc dédiée aux constructeurs. D’ailleurs, le pays a connu le plus grand saut industriel en Afrique avec l’implantation d’un site d’assemblage Renault de 400.000 véhicules par an. Le pays dispose surtout d’infrastructures portuaires assez développées pour assurer la logistique des constructeurs automobiles, en l’occurrence le port de Tanger Med. Ainsi, entre janvier et juillet 2014, les exportations issues de la construction automobile marocaine ont atteint 11,76 milliards de dirhams (1,05 milliard d’euros) contre 6,1 milliards de dirhams (546 millions d’euros) sur la même période l’an dernier. Si Toyota pense à s’implanter au Maroc, cela lui permettra comme Renault d’exporter vers d’autres pays, notamment vers l’Afrique du nord et l’Afrique centrale, voire l’Europe du Sud.

Le Nigéria aura tout à gagner
Avec 155.000 unités produites dans l’année, le site de production de Toyota en Afrique du Sud reste le plus grand site du constructeur en Afrique. Construire une nouvelle unité au Nigéria devrait sans doute compléter celle de l’Afrique du Sud. N’oublions pas que le Nigéria représente un marché automobile à fort potentiel. Ceci en partie grâce aux volumes importants que la marque écoule dans le pays (20.000 véhicules vendus en 2013). Mais Van Zyl avait déclaré que «le Nigeria n’est pas un gros marché pour les voitures neuves, mais c’est un grand pays avec une population énorme et une grande économie en Afrique». Ceci signifie que Toyota ne pouvait pas l’ignorer. D’un autre côté, celui de la politique de développement du pays, l’Afrique du Sud avait toujours montré son intention d’aider le Nigeria à faire du secteur automobile l’objectif industriel phare de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Mais, malgré ces promesses, le pays semble avoir du mal à développer ce secteur. Certains constructeurs ont déjà été disposés à installer des usines au Nigeria, tels que Nissan qui a déjà produit sa première voiture en avril 2014. D’autres sont plus prudents. Bodo Donauer, le directeur général de BMW Afrique du Sud, avait déclaré auparavant que «la production de son groupe suit le marché et il n’envisage pas actuellement l’installation d’une usine de BMW au Nigeria». Quoi qu’il en soit, Johan Van Zyl a confirmé que les exportations de Toyota au reste du continent cette année seraient d’environ 20% de moins que l’an dernier, principalement en raison des tarifs douaniers plus élevés introduits par le Nigeria et l’Algérie. Ceci pourrait éventuellement jouer en défaveur des deux pays en termes d’implantation du constructeur. Tout ceci pourrait en fin de compte jouer en Òfaveur du Maroc surtout que Toyota est en train d’observer de très près l’expérience de Renault.