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Factoring Merci la crise!

Entreprises février 2014

Factoring Merci la crise!

C’est aujourd’hui une activité qui croît à presque 100%. Mieux, la crise ne fait que la doper. Elle gagnerait néanmoins à mieux s’organiser.

Contrairement à une activité crédit morose, l’activité du factoring cartonne au Maroc! En effet, les chiffres officiels du secteur démontrent que ce dernier a affiché une croissance de 81,1% entre 2012 et 2011, soit une remise de créances de 21.49 milliards de dirhams de remises de créances en 2012, comparé à 11.86 milliards en 2011. Ces chiffres, annoncés par l’Association professionnelles des sociétés de financement (APSF), ne concernent en fait que deux entités  du secteur, à savoir Attijari Factoring (filiale d’Attijariwafa bank) et Maroc Factoring (filiale de BMCE Bank), les seules affiliées à l’association. La première est leader du marché avec 15,845 milliards de dirhams de remise de créances en 2012, suivie de la filiale de BMCE Bank qui a réalisé 5,645 milliards de dirhams. Le marché compte trois autres entités évoluant en dehors de l’APSF, à savoir les structures factoring de Banque Populaire, de BMCI et de Société Générale. Pour la BP, son directeur Factoring, Hicham Benaddi, avait annoncé que «En deux exercices, notre chiffre d’affaires s’est établi à plus de 17 milliards de dirhams. En ce qui concerne nos objectifs, nous ambitionnons d’atteindre au moins 30% de part de marché».
Ce  seront les seuls chiffres disponibles car le secteur affiche un sérieux problème de communication financière. Ce qui biaise l’appréciation de l’importance et des positions des différents acteurs (voir encadré).

Un marché qui se nourrit de la crise
Quoi qu’il en soit le secteur semble profiter de la crise pour se développer. Le factoring séduit de plus en plus d’entreprises. «Le resserrement du crédit bancaire depuis deux ans pousse beaucoup d’entreprises à recourir au factoring. L’activité a été multipliée par 3 sur les quatre dernières années», assure un professionnel.  Ainsi, sur le plan international, elle a crû quatre fois plus vite que la croissance mondiale sur les 30 dernières années. Elle a enregistré une croissance palpable ces trois dernières années avec une évolution moyenne de 47%. Au Maroc, «au-delà du tassement du crédit bancaire, l’allongement des délais de paiement a favorisé les arbitrages en faveur de ce type de financement. C’est en période de crise que les entreprises vont vers cette forme de financement», assure Driss Cherif Houat, DG d’Attijari Factoring. De plus, les besoins des entreprises marocaines sont devenus plus importants. «Elles cherchent de plus en plus à sécuriser leur portefeuille, elles cherchent même à externaliser les suivi et recouvrement de leurs créances», fait remarquer un expert.
Un phénomène qui concerne les entreprises, toutes catégories confondues. Ainsi, les sociétés de factoring touchent aujourd’hui toutes les catégories de clientèle, que ce soit les PME, les TPE ou même les grands comptes. «Historiquement, c’est la PME qui est intéressée par le factoring, par la suite nous avons inclus dans nos bases les TPE, puisque ces dernières disposent de bonnes créances mais elles n’arrivaient pas à les mobiliser auprès de la banque», assure Cherif Houat. Les sociétés de factoring arrivent à réaliser une analyse fine de leurs portefeuilles, chose que la banque ne peut pas faire. Et la bonne surprise, c’est qu’aujourd’hui même les grandes entreprises commencent à utiliser le factoring car elles recherchent une déconsolidation de leurs bilans afin de sortir les créances de leurs bilans. Elles veulent également sécuriser leurs portefeuilles cherchant de plus en plus une prestation de service, notamment la sous-traitance de la fonction du recouvrement.
Vu ce potentiel extraordinaire, il n’y a pas lieu de parler de concurrence exaspérée entre opérateurs. Car il y a en a pour tout le monde, même pour de nouveaux arrivants.

«L’allongement des délais de paiement a favorisé les arbitrages en faveur du factoring»

De la place pour tout le monde
Donc si le marché du factoring grossit autant c’est parce que les opérateurs sont toujours en «Notre activité complète le financement bancaire classique, il n’a jamais grignoté dans ses parts. Il y a encore de la marge de développement pour le marché, mais aussi des risques dans le secteur qui augmentent», explique Cherif Houat. Comment expliquer ce risque ascendant? En fait, les professionnels du secteur observent une augmentation du risque des recouvrements, le taux de défaillance des entreprises augmente lui aussi et les délais de paiement s’allongent. Ce sont des facteurs qui favorisent la demande dans le secteur, mais qui peuvent également précipiter la chute du secteur. La meilleure façon de se prémunir est de «capitaliser sur l’expérience acquise par les établissements de factoring, mais aussi avoir de la finesse dans la reconnaissance du risque. Nous avons une base de données sur les entreprises qui s’agrandit. Cela nous permet d’avoir une meilleure connaissance des comportements de ces dernières et de savoir bien évaluer le risque y afférent», assure le DG d’Attijari Factoring.

Flou Artistique

L’accès à l’information sur le factoring est pour le moins difficile. Plusieurs opérateurs sont bien avares en matière d’informations chiffrées sur leur activité. «Cela est expliqué par le fait qu’on ne peut vraiment pas déterminer quelle est la part des opérations bancaires normales et quelle est la part exacte dédiée au factoring», estime un professionnel. Il y aurait donc une confusion indémêlable entre le bancaire et le factoring. Cela pourrait en effet provenir du caractère mouvant de la définition même d’une prestation factoring. Ainsi, il y a des établissements qui exercent du «full factoring» qui englobe l’assurance crédit, le recouvrement, et le financement, les trois composantes fondamentales du factoring et d’autres qui ne couvrent pas ces trois critères. L’assurance-crédit implique l’assurance contre le risque d’impayés, le suivi du recouvrement des créances représente le cœur du métier, sans lui une société de factoring n’apportera pas de la valeur ajoutée. «Il faut savoir faire la part des choses, sinon un établissement de factoring peut faire tout simplement de la facilité de caisse à ses clients, chose que peut faire une banque conventionnelle», explique Driss Cherif Houat, DG d’Attijari Factoring. Pour ce dernier, le factoring est basé sur la notion de l’évaluation et de la couverture du risque de la contrepartie et cette prise de position différencie une société de factoring de la banque conventionnelle.